Dans le sillage de la visite d'État du Président chinois Xi Jinping en Tanzanie, en Afrique du Sud et en République du Congo il y a plus d'un an, le Premier ministre Li Keqiang a effectué, du 4 au 11 mai 2014, sa première tournée en Afrique depuis sa prise de fonction en mars 2013, qui l'a conduit en Éthiopie, au siège de l'Union africaine (UA) à Addis Abeba, au Nigeria, en Angola et au Kenya.
Lors de sa visite en Afrique, M. Li a appelé à renforcer la collaboration Chine-Afrique dans six domaines, à savoir l'industrie, la finance, la réduction de la pauvreté, la protection écologique, les échanges humains ainsi que la paix et la sécurité, de manière à actualiser leur coopération globale.
La conduite de deux tournées africaines en un an à peine suffit à affirmer l'attachement de la nouvelle équipe dirigeante chinoise au développement des relations Chine-Afrique et à la coopération Sud-Sud.
Concrétiser une juste conception de la justice et des intérêts
Lors de sa visite en Afrique en mars 2013, le Président Xi avait avancé la sincérité, le pragmatisme, l'amitié et la franchise comme points essentiels de la politique de la Chine envers l'Afrique. L'idée avait été réaffirmée par le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, lors de sa tournée africaine en janvier 2014, en soulignant que la juste conception de la justice et des intérêts était l'étendard de la diplomatie chinoise dans la nouvelle époque.
Conformément à cette conception basée sur le bénéfice mutuel, au lieu de suivre l'ancienne voie du pillage des colonisateurs en Afrique, qui travaillaient uniquement pour leurs propres intérêts, la Chine est prête à contribuer au développement et la prospérité partagés avec ses frères africains. Comme en témoignent le chemin de fer Tanzanie-Zambie d'autrefois et le récent Centre de conférences de l'UA à Addis Abeba.
Dans cet esprit, M. Li a déclaré, lors de son discours au siège de l'UA, que la Chine avait décidé d'accorder plus de la moitié de son aide étrangère à l'Afrique sans condition préalable, de débloquer 10 milliards de dollars supplémentaires afin de porter à 30 milliards de dollars les prêts octroyés aux pays africains, et d'apporter deux milliards de dollars supplémentaires pour le Fonds de développement Chine-Afrique pour passer à cinq milliards de dollars.
Bien que la Chine reste un pays en voie de développement en termes de PIB par habitant, elle s'avère capable de contribuer au développement africain grâce à sa croissance économique fulgurante. M. Li s'est ainsi fixé l'objectif de doubler le montant des échanges commerciaux sino-africains pour atteindre 400 milliards de dollars d'ici 2020 et de faire passer le volume des investissements directs chinois en Afrique de 25 milliards de dollars à quelque 100 milliards de dollars à l'horizon 2020. En parallèle, il a fait savoir que la Chine était prête à fournir de l'aide à l'Afrique pour le développement de ses réseaux de chemin de fer à grande vitesse, ses autoroutes et son aviation régionale, de sorte à soutenir les démarches d'interconnexion et d'intégration sur le continent.
Toutes ces initiatives avancées par M. Li répondent incontestablement aux besoins du continent noir. Elles ont par conséquent été favorablement accueillies par les habitants. L'accomplissement de ces projets sera une concrétisation de la juste conception chinoise de la justice et des intérêts.
Savoir assumersa responsabilité
En plus de contribuer au développement africain, la Chine devrait veiller à assumer sa responsabilité en tant que grand pays émergent.
Ces dix dernières années, les problèmes et les défis se sont multipliés au fur et à mesure de l'approfondissement et de la diversification de la coopération Chine-Afrique. Compte tenu de cette situation, lors de sa visite en Angola, M. Li a participé à un séminaire qui a réuni les représentants du milieu des affaires chinois en Angola. Tout en soulignant la nécessité de mieux protéger les droits légitimes de ses compatriotes à l'étranger, il a demandé à plusieurs reprises à ses entreprises et ressortissants de respecter les lois locales, de garantir la qualité de leurs travaux et de leurs produits, et de faire de leur mieux pour adapter leur mode de vie à l'environnement local.
Lors de sa visite d'un site kenyan à l'intérieur du Parc national de Nairobi où avaient été brûlées 25 tonnes d'ivoire en 1989, M. Li a fait savoir que la Chine était fermement engagée dans la protection de la faune et n'épargnerait aucun effort pour lutter contre le braconnage et le trafic d'ivoire. Il a par ailleurs déclaré que le gouvernement chinois avait décidé de fournir une aide de l'ordre de 10 millions de dollars à l'Afrique dans sa protection de la faune, de la diversité biologique et du développement durable, de manière à ce qu'« une Afrique verte » aille de pair avec « une belle Chine ».
Réaliser un développement commun
La Chine et l'Afrique, qui nourrissent toutes deux le rêve du renouveau de la nation, constituent incontestablement une communauté au destin commun et à la recherche d'un développement commun.
Cette tournée africaine coïncide d'ailleurs avec le cinquantenaire de la première visite en Afrique de l'ancien Premier ministre chinois, Zhou Enlai. Au cours d'un demi-siècle, la Chine et l'Afrique ont résisté à l'usure du temps pour nouer un lien économique et commercial de plus en plus étroit. D'ailleurs, la Chine est le premier partenaire commercial de l'Afrique depuis cinq années consécutives, ainsi que l'une des principales sources de nouveaux investissements. Le montant des échanges commerciaux sino-africains s'est élevé à 210,2 milliards de dollars en 2013, soit 2 000 fois plus qu'en 1960. Le volume des investissements directs chinois en Afrique a atteint 25 milliards de dollars fin 2013, et plus de 2 500 entreprises chinoises sont implantées en Afrique.
En parallèle, les échanges entre les peuples se sont également multipliés. Jusqu'à fin 2013, la Chine a formé 54 000 Africains dans divers secteurs, et l'envoi de techniciens, de jeunes bénévoles et d'experts agronomes en Afrique a pris de l'ampleur, atteignant 360 000 personnes. 37 instituts et 10 classes Confucius ont vu le jour dans 31 pays africains. En outre, on compte dans 42 pays africains 43 équipes médicales chinoises en activité, qui réunissent un millier de professionnels de la santé. Selon des estimations prudentes, plus d'un million d'Africains font actuellement leurs études ou du commerce en Chine, dont 200 000 personnes vivant à Guangzhou, et ce dernier chiffre augmente de 30 % à 40 % par an.
Si la Chine et l'Afrique, après avoir connu bien des épreuves, restent encore intimement liées, c'est que les deux parties voient en leur interlocuteur d'importantes opportunités de développement, et un soutien irremplaçable en matière de stratégie extérieure.
Somme toute, à travers la tournée africaine menée par le Premier ministre, nous avons aperçu la version actualisée du développement futur des relations sino-africaines et la détermination de la Chine à agir main dans la main avec ses frères africains. Comme le dit un proverbe africain, « tout seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin », seule une relation sino-africaine au destin commun, aux opportunités réciproques, mutuellement compréhensible et soutenue peut persister.
(L'auteure de cet article est membre de l'Institut Charhar et directrice à l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie chinoise des sciences sociales.) |