Les investissements chinois en Afrique ont fait l'objet de nombreux débats ces dernières années. Ces investissements sont-ils bénéfiques pour le continent ? Quelle est la tendance prévue pour les investissements chinois en Afrique ? Félix Dox, consultant pour les entreprises S.J. Grand et Daxue Conseil, estime que la Chine entend maintenir des relations mutuelles à long terme avec ses partenaires africains, et explique qu'il existe des avantages pour les deux parties. Voici des extraits de son opinion :
Les importations et exportation chinoises vers l'Afrique sont en hausse. Il y a de cela 20 ans, l'Afrique ne bénéficiait d'aucun investissement chinois. En l'espace de sept ans et à la suite de la création du Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund), les investissements chinois vers l'Afrique ont quadruplé, atteignant 13 milliards de dollars en 2013 selon diverses sources fiables.
Le CAD Fund
Créé en 2007, le CAD Fund a pour objectif d'aider les entreprises chinoises à s'implanter en Afrique, afin de promouvoir les flux commerciaux. Depuis son lancement, le Fonds a été un réel succès. En date d'aujourd'hui, il y a plus de 2 000 entreprises établies et effectuant des affaires en Afrique, selon le ministère du Commerce chinois (MOFCOM).
Au-delà des nombres, il y a deux points importants qui démarquent les investissements chinois effectués en Afrique des investissements occidentaux.
Tout d'abord, les entreprises chinoises opérant en Afrique sont moins averses au risque et par conséquent investissent dans des régions et pays où leurs homologues ne le font pas pour des raisons politiques, sociales, de sécurité mais aussi morales.
Deuxièmement, la plupart des investissements chinois sont effectués par des entreprises d'État, alors que ceux effectués par les pays occidentaux viennent en général d'entreprises privées.
Finalement, faire des affaires en Chine, c'est plus ou moins la même chose qu'en faire en Afrique. Le gouvernement joue un rôle décisoire et l'importance des relations d'affaires prime.
Investissements et Infrastructures
La tendance a toujours été la même, de même que les cibles. Les investissements chinois sont principalement orientés vers le rachat et l'investissement d'entreprises africaines au sein de zones géographiques bénéficiant de matières premières.
La Chine a un fort intérêt dans le rachat de sites pétroliers, minéraux ou énergétiques.
À présent, un tiers de l'import de pétrole chinois provient d'Afrique, dont du Nigeria et de l'Angola en grande partie.
Par ailleurs, la Chine est le premier partenaire du secteur pétrolier soudanais. À titre exemple, SINOPEC y opère le plus vaste site pétrolier et a aussi investi plus de 2,4 milliards de dollars en projets d'exploitation sur 3 sites. CNBC (China National Petroleum Corporation), est quant à elle fortement implantée en Libye.
Au Gabon, les entreprises chinoises ont des droits annuels sur plus de 30 millions de tonnes de fer. L'Angola, le Nigeria et le Soudan sont les trois principaux pays cibles pour les investissements en matières premières.
Il n'est donc pas surprenant que les exportations africaines vers la Chine soient essentiellement tournées vers les produits précédemment mentionnés. En 2013, selon le rapport annuel du Fonds de développement Chine-Afrique, les exportations africaines vers la Chine venaient en large partie d'Angola (32 %), d'Afrique du Sud (20 %), et du Soudan (11 %).
Il y a une forte hausse de l'investissement chinois dans le secteur des télécommunications et de la finance.
Huawei, une entreprise privée chinoise implantée en Afrique, a effectué de nombreux investissements depuis les années 2000 et est devenue depuis un des principaux fournisseurs en télécommunications.
En 2007, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC) a racheté 20 % de la South Africa's Standard Bank, pour 5,5 milliards de dollars, et offre depuis des crédits à taux préférentiels aux entreprises chinoises et locales.
Depuis 2007, la Chine a effectué de nombreux investissements en infrastructures. Les gouvernements africains disposant de ressources limitées accueillent bien souvent les investissements chinois. Certains diront que la Chine exploite les ressources minérales africaines, tandis que d'autres diront que les investissements chinois sont bénéfiques tant à l'Afrique qu'à la Chine.
Ceci étant, la Chine investit non seulement dans les matières premières mais aussi dans le secteur de la construction et des transports. En effet, le pays possède une forte expertise dans le secteur de la construction. Au Gabon, 430 km de ligne ferroviaire ont été construits grâce à des entreprises chinoises.
Cependant, les investissements chinois sont inéquitables en termes de localisation géographique et de qualité. La plupart des investissements d'infrastructure sont liés à la création de routes et voies ferroviaires afin d'acheminer les matières premières vers la côte maritime, puis ensuite vers la Chine. Peu d'investissements bénéficient à la population locale directement.
Entre 2007 et 2013, la Chine a continuellement importé davantage qu'elle n'a exporté vers l'Afrique. Alors que la Chine à une balance commerciale stable avec l'Afrique du Sud, elle a un fort surplus avec l'Angola, le Soudan et le Congo. En d'autres termes, la Chine importe massivement des matières premières de ces pays alors que ses investissements en infrastructures y restent faibles.
Tendance à venir
La tendance devrait persister. La Chine continuera à investir dans des sites pétroliers afin de subvenir à ses besoins locaux. Elle continuera aussi à investir dans les infrastructures qui sont vues comme un moyen d'internationaliser ses entreprises rapidement. Chose à noter, les investissements devraient être plus abondants dans les pays sous-développés sur le long terme. La Chine a en effet pour ambition de développer le secteur de la télécommunication et des transports en Afrique afin de solidifier sa présence et son statut dans cette partie du monde encore souvent oubliée par ses homologues occidentaux.
Il en va de soi que la plupart des pays africains font fasses à une forte instabilité politique et sanitaires. Cependant, la Chine a l'intention de maintenir des relations commerciales à long terme et possède de solides arguments pour y arriver. |