Le concept d'une communauté de destinée mise en avant par la Chine a une portée considérable pour le continent africain. Bob Wekesa, chercheur associé à l'Université du Witwatersrand, en Afrique du Sud et doctorant à l'Université de Communication de Chine, s'interroge sur la manière dont ce concept, concrétisé notamment par l'initiative chinoise « une Ceinture et une Route », pourra influencer la destinée de l'Afrique et de la Chine. Voici son point de vue.
Le président chinois Xi Jinping appelle depuis longtemps à la construction d'une communauté internationale à la destinée commune. En mars, M. Xi a prononcé un discours lors de la conférence annuelle du Forum asiatique de Bo'ao, affirmant : « Nous avons seulement une planète, et les pays se partagent un monde unique. »
Dans un monde plein de conflits et de différends entre les nations, le message de M. Xi apporte une bouffée d'air frais bienvenue. Il est rassurant de constater que le dirigeant d'une nouvelle puissance mondiale peut envoyer des messages d'amitié et de solidarité à l'échelle mondiale.
Selon les sondages d'opinion, le message de M. Xi a rencontré un écho important en Afrique, qui est probablement le continent du monde le plus optimiste vis-à-vis de la Chine. Bien entendu, quand deux grandes régions se rencontrent, comme c'est le cas entre l'Afrique et la Chine, des divergences apparaissent naturellement. Mais le plus important, comme l'indique le message de M. Xi, est que ces défis puissent être relevés amicalement, avec la certitude que les nations ont plus à gagner d'une coopération pacifique que de désaccords.
Le concept de M. Xi comprend aussi une dimension économique. Le message de destinée commune se concrétise dans l'initiative chinoise « une Ceinture et une Route ». Cette dernière tire son inspiration de l'ancienne Route de la Soie reliant la Chine, l'Eurasie et des parties de l'Afrique. D'après les modèles cartographiques de la nouvelle Route de la Soie, les côtes est et nord de l'Afrique constituent les têtes de pont de la Route maritime de la Soie.
Selon les historiens, les relations sino-africaines datent du 9e siècle, notamment avec l'actuelle Afrique du Nord. Or il est frappant de constater que les contacts chinois avec l'Afrique durant l'antiquité furent toujours marqués par les bénéfices mutuels que M. Xi préconise aujourd'hui. Les peuples de ces deux régions avaient établi des échanges commerciaux et il n'existe aucune preuve documentaire de violence ni de guerre entre eux.
Lorsque la dimension africaine de l'initiative chinoise « une Ceinture et une Route » prendra corps, elle poursuivra essentiellement le chemin que l'Afrique et la Chine ont déjà emprunté. Depuis 2000, le commerce entre la Chine et l'Afrique a été multiplié par huit et a contribué énormément à l'actuelle « émergence africaine ». Dans le respect de cette initiative, la Chine s'est déjà engagée dans le développement des infrastructures de transport africaines.
Il est à noter que lors de la visite de M. Xi en Tanzanie en 2013, l'un de ses engagements était de confirmer la construction d'un nouveau port à Bagamoyo, au nord de Dar es Salaam, qui serait desservi par un réseau ferroviaire. Lors de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang en Afrique l'année dernière, il a proposé la construction de réseaux routiers et ferroviaires interafricains en faveur du commerce intérieur et extérieur de l'Afrique.
Les travaux de construction d'un chemin de fer à écartement normal reliant le port kenyan de Mombasa aux pays enclavés tels que l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi, le Soudan ont déjà commencé. À une plus large échelle, l'Afrique et la Chine pourraient coopérer pour construire la grande route reliant le Cap en Afrique du Sud à Alexandria en Égypte. Un réseau routier et ferroviaire pourrait également être établi entre le port kenyan de Lamu et le Cameroun.
Après tous ces grands projets, il ne reste plus qu'à réaliser la mise en œuvre adéquate de la dimension africaine de l'initiative chinoise « une Route et une Soie ». |