
La sûreté alimentaire est devenue, ces dernières années, une préoccupation majeure du public chinois. Les scandales de contamination de produits alimentaires ou d'utilisation illégale d'additifs interdits se sont multipliés, tels que celui de la mélamine ajoutée dans le lait en poudre ou du clenbutérol utilisé dans l'alimentation des porcs.
Pour résoudre ce problème menaçant la santé des consommateurs, le Comité permanent de l'Assemblée populaire nationale (APN, c'est-à-dire le parlement chinois) a adopté le 25 février 2011 un amendement au Code pénal, introduisant la peine de mort à l'encontre des personnes se rendant coupables de crimes liés à l'alimentation. Selon cette nouvelle disposition, les criminels qui utiliseront des substances interdites dans la production de biens alimentaires ou qui vendront de tels produits seront condamnés à mort, dans le cas où l'ingestion de ces produits entraînerait de graves complications médicales ou le décès de consommateurs.
La modification du Code pénal permettra-t-elle, à l'avenir, d'assurer la sécurité alimentaire ? Cette question suscite un vif débat au sein de la société chinoise. Selon les partisans de la nouvelle loi, il s'agit d'un moyen efficace de dissuasion pour les contrevenants potentiels, montrant la détermination du gouvernement à éliminer les crimes liés à l'alimentation. En revanche, pour les détracteurs de cette décision, le souci de crédibilité des entreprises ainsi qu'une supervision efficace du gouvernement sont les seules véritables solutions de ce problème et devraient être préférés à la peine capitale.
POUR
Dou Xumin
Procureur
Cette nouvelle loi a très largement été plébiscitée par le public, car elle montre la détermination du gouvernement à assurer la sécurité des biens alimentaires.
La nourriture est la première nécessité de l'homme. De la sûreté alimentaire dépend la santé et parfois la vie des citoyens. Si l'on ne punit pas les commerçants malhonnêtes, leurs actes illégaux ne cesseront jamais. C'est pourquoi la décision prise par le Comité permanent de l'APN de punir les crimes liés à la sécurité alimentaire par la peine de mort est pleinement justifiée.
S'il est normal de vouloir réaliser des profits dans le cadre d'une économie de marché, cela ne doit pas se faire au détriment des intérêts des consommateurs. Les commerçants et entrepreneurs doivent être pleinement conscients que leurs intérêts sont étroitement liés à la consommation du public. Si celui-ci n'a plus confiance, les entreprises en pâtiront.Malgré cette évidence, il existe encore des commerçants peu scrupuleux ne se souciant pas de la santé publique. Dans leur cas, les sanctions ordinaires sont inutiles, seule la peine de mort pourra les dissuader.
Du Ming
Sanjiang City News
Je ne suis généralement pas favorable à l'application de la peine de mort. Mais en ce qui concerne les crimes liés à l'alimentation, je pense que des punitions sévères, y compris la peine de mort, sont nécessaires. Tous les crimes ne sont pas de la même gravité. Les conséquences des crimes liés à l'alimentation sont beaucoup plus graves que les autres, car le nombre de victimes est toujours important. Ainsi, en présence de fabricants malhonnêtes qui agissent au détriment de la santé publique tout en ayant pertinemment conscience de la gravité de leurs actes, la peine de mort est la seule solution.
Je ne pense pas que la peine de mort puisse éradiquer le crime, mais il s'agit d'un moyen de punition efficace, surtout à une époque où l'on constate que la crédibilité et l'image de marque, cruciales pour le succès de toute entreprise, ne semblent plus être une priorité.
Wang Lijun
Député de l'APN
Les risques potentiels liés à l'insécurité des produits alimentaires et des médicaments constituent la plus grande menace à laquelle la nation doive faire face. Les scandales successifs qui ont fait surface ces dernières années en matière de sécurité alimentaire ont entamé la confiance des consommateurs et représentent un grand défi lancé au gouvernement. Permettre au peuple de se sentir en sécurité notamment en termes de santé publique est le fondement de l'amélioration de sa qualité de vie. L'adoption de la peine de mort dans ce domaine est donc nécessaire. En plus de lourdes amendes, la peine capitale doit être utilisée comme moyen de dissuasion.
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