Le VIH est encore un sujet sensible en Chine, comme le démontre le cas d'un jeune désirant devenir enseignant qui a intenté en septembre un procès contre les autorités locales de la province du Guizhou pour discrimination à l'embauche.
Ce candidat, qui porte le pseudonyme de Xiao Hai, a été testé positif au VIH pendant l'examen médical que doivent passer tous les candidats pour obtenir un poste dans une école primaire publique.
Arguant que les critères de l'examen médical pour le recrutement des agents de la fonction publique stipulent que les personnes atteintes du VIH/SIDA ne peuvent être employées, le bureau local de l'éducation a refusé d'embaucher Xiao Hai, malgré ses excellents résultats au test écrit et pendant l'entretien.
Xiao Hai n'est pas la seule personne à faire l'objet de discrimination. En 2010, deux candidats de la province l'Anhui (Est de la Chine) et de la province du Sichuan (Sud-Ouest) s'étaient vues également refuser des postes d'enseignants pour la même raison.
À la sixième Conférence des programmes de coopération internationale sur le VIH/SIDA qui s'est tenue à Beijing, Chen Zhu, ministre de la Santé, a déclaré qu'il y avait 429 000 personnes vivant avec le VIH / SIDA en Chine fin septembre 2011. La médecine a prouvé que le VIH ne peut se transmettre par un simple contact de personne à personne. Le cas de Xiao Hai a rouvert le débat quant à savoir si les personnes vivant avec le VIH/SIDA peuvent être des enseignants. Ceux qui pensent que oui maintiennent qu'il n'existe aucune menace pour les autres et que chacun devrait avoir les mêmes chances d'être embauché. Cependant, d'autres estiment que ces candidats peuvent être source d'inquiétude et de découragement pour les élèves et leurs parents.
Oui
Chen Wensheng
Avocat de Xiao Hai
Refuser d'embaucher Xiao Hai en tant qu'enseignant va à l'encontre de la loi. Xiao Hai a le droit de devenir professeur. La Loi sur la promotion de l'emploi, qui est entrée en vigueur en 2008, stipule que les employeurs ne peuvent pas rejeter des candidats à un emploi au seul motif qu'ils sont porteurs du virus d'une maladie infectieuse.
De plus, les Règlements sur la prévention et le traitement du SIDA indiquent que les employeurs n'ont pas le droit de discriminer des personnes atteintes du VIH ou leurs proches. Ces règlements affirment aussi que les personnes séropositives ont le droit de se marier, d'être embauchés, de recevoir des soins médicaux et une éducation.
Donc, du point de vue juridique, ce refus relève de la discrimination à l'embauche.
Zhang Ke
Expert de la prévention et du traitement du SIDA
Il est normal pour une personne séropositive d'être un professeur. Ce virus se transmet généralement de trois manières: relation sexuelle non protégée, transmission de la mère au fœtus, et transfusion sanguine. Aucune de ces trois manières n'est susceptible d'arriver dans une salle de classe. Les gens ne peuvent être contaminés par un simple contact comme une poignée de main ou un repas partagé.
Pour que ces personnes puissent vivre et travailler normalement et être considéré comme tout le monde, il faut cesser la discrimination. D'après une enquête internationale faisant autorité, grâce aux traitement médical existant à l'heure actuelle, les personnes séropositives ayant une vingtaine d'années peuvent vivre juqu'à plus de 60 ans, et les personnes contaminées dans la quarantaine peuvent vivre jusqu'à 70 ans. Pour autant qu'elles continuent à se médicamenter, elles peuvent vivre des vies normales. La société devrait aimer et se préoccuper de ce groupe vulnérable de personnes et leur offrir les mêmes chances puisqu'elles ne menacent personne dans la vie quotidienne.
Jing Ping
Étudiant à l'université
Je pense que la société devrait être plus tolérante à l'égard des personnes séropositives et leur donner la chance de vivre et de travailler comme des personnes ordinaires.
Les parents peuvent s'inquiéter que les enfants soit contaminés si leur sang entre en contact avec le sang d'un professeur qui serait séropositif, mais quelles sont les chances pour qu'un professeur se blesse et saigne au même endroit et au même moment qu'un enfant. À mon avis, la probabilité est faible.
En classe, un professeur parle et écrit avec de la craie, et cela ne représente pas une possibilité de transmettre le virus du VIH. Il n'y a donc pas de crainte à avoir que des enfants puissent être infectés dans une salle de classe.
Concernant la discrimination à l'encontre des personnes vivant avec le VIH/SIDA, il devrait y avoir plus de campagne pour améliorer la connaissance des citoyens sur la maladie, de manière à ce qu'ils puissent comprendre et se préoccuper de ce groupe.
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