Argent et religion ne font pas toujours bon ménage, et lorsque plusieurs célèbres temples bouddhiques ont récemment cherché à entrer en bourse, la ligne de démarcation entre la religion et la richesse s'est une fois de plus effacée. Le mont Putuo, une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme en Chine, a particulièrement attiré l'attention lorsque ses administrateurs ont annoncé leur intention de la coter en bourse.

Certaines personnes se sont alors demandé s'il restait encore des endroits à l'abri du pouvoir corruptif de l'argent. Car les sites religieux sont des ressources publiques, et les bénéfices économiques engrangés ne devraient pas représenter le seul critère d'appréciation de la qualité de la gestion d'une montagne sacrée. Il convient de prendre en compte l'impact sur les visiteurs et sur la communauté religieuse qu'entraînerait l'entrée en bourse de ces montagnes, ainsi que les effets d'une commercialisation sur le caractère sacré des lieux.

D'autres trouvent acceptables qu'un lieu sacré entre en bourse, arguant que ce n'est pas la montagne sacrée qui est commercialisée, mais plutôt les entreprises de tourismes qui y opèrent.

POUR:

Chen Jie

Beijing Business Today

Il est acceptable que ces lieux sacrés soient cotés, tant qu'on respecte un équilibre entre protection culturelle et réalisation de profits. Dans le contexte d'économie de marché, ces lieux pittoresques sont en fait déjà contrôlés par des entreprises. Le Mont Putuo est maintenant géré par la société Putuo Mountain Tourism Development, qui, comme toute entreprise, doit faire face à des dépenses. En tant que destinations touristiques privilégiées, ces célèbres lieux religieux et culturels nécessitent des ressources financières pour leur publicité et l'amélioration de leur environnement. Mis à part la petite aide gouvernementale dont ils bénéficient, ces derniers doivent lever des fonds par des opérations sur les marchés. Avec l'augmentation des coûts de gestion, le besoin de mettre en place une activité lucrative devient une évidence. Plus important encore, ces entreprises doivent pouvoir entretenir et améliorer les vestiges historiques et le paysage autour.  

Liu Simin

The Beijing News

S'il est mal venu d'introduire en bourse les ressources religieuses, leurs ressources touristiques environnantes devraient par contre avoir la possibilité de le faire. En Chine et dans le monde entier, les lieux sacrés de-viennent des destinations touristiques majeures et l'atmosphère commerciale qui y règne n'est pas particulièrement liée à leur cotation en bourse ou non. Je pense qu'il faudrait laisser les ressources religieuses servir indirectement les ressources touristiques.

Les inquiétudes du public ne sont pas infondées. Au vu des effets déplorables de la commercialisation de certains lieux touristiques, il convient de faire le nécessaire pour préparer au mieux l'entrée en bourse de ces montagnes. Si cela est réalisé avec précaution et de manière organisée, les ressources religieuses seront peut être même mieux protégées à l'avenir.

Wang Qingyong

www.cnhubei.com

Une entrée en bourse n'entachera pas forcément la pureté du Bouddhisme. Si cela peut aider à promouvoir la religion, l'impact sur le développement de cette tradition dans la société moderne peut être très positif.

Certaines personnes s'inquiètent de savoir que ces lieux boud-dhiques sacrés serviront à engranger de fortes sommes d'argent. Ces inquiétudes ne sont pas sans fondements, mais ce problème ne concerne pas uniquement les célèbres destinations touristiques cotées en bourse. Presque tous les sites historiques augmentent sans cesse leur prix d'entrée, et les sites religieux n'y font pas exception.

Dans notre société moderne, chaque secteur lutte pour subsister. Si le bouddhisme enseigne aux gens de réfréner leurs désirs, l'entrée en bourse des sites peut toutefois servir la promotion de cette ancienne philosophie.

Les autorités religieuses et touristiques devraient mettre leurs efforts en commun pour contrôler les opérations commerciales des célèbres montagnes bouddhistes et garantir que leur entrée en bourse les aidera à protéger et à développer la religion et la culture.