L'Université de Pékin prévoit de lancer en septembre 2015 l'Académie Yenching, une école affiliée qui offrira un programme de master en études chinoises à 100 étudiants internationaux sélectionnés au préalable dans leur pays natal ou à l'étranger. Les cours, donnés par des spécialistes issus de l'Université de Pékin et d'établissement d'enseignement étrangers, porteront notamment sur la philosophie, la religion, la littérature, la culture, les politiques publiques et l'économie. Les études dureront un à trois ans pour les étudiants internationaux, et deux ans pour les étudiants chinois.
Ce plan a suscité un grand débat. Si certains sont convaincus de sa contribution potentielle à la promotion de la culture chinoise dans le monde, d'autres s'interrogent sur sa légitimité, craignant qu'il serve en priorité l'élite et les privilégiés.
Pour
Cheng Fangping
China Education Daily
Les administrateurs de l'Université de Pékin n'ont pas suffisamment pris en compte les opinions des enseignants et étudiants dans leur prise de décision du lancement de ce programme. La localisation de l'école sur un site du patrimoine culturel, l'apprentissage des cours de sinologie en seulement un an, et l'enseignement de la culture chinoise en anglais sont des sujets faisant débat. Heureusement, les responsables de ce programme ont activement répondu à l'opposition des étudiants et leur ont permis de s'exprimer sur ce programme. À travers des discussions approfondies, l'Université a modifié le programme en changeant l'emplacement de l'école, en adoptant un calendrier d'études plus flexible pour les étudiants étrangers et en décidant d'employer l'anglais et le chinois lors de l'enseignement.
Cela me fait plaisir de voir ces modifications. Le débat concernant l'Université a attiré l'attention publique sur la gestion et le système de prise de décision au sein des universités. Avant de prendre des décisions importantes, les administrateurs universitaires doivent prendre en considération les opinions des professeurs et des étudiants. Il faut se rendre compte que ces derniers constituent le moteur majeur du succès d'une université.
Au moment où la réforme et le développement restent les missions les plus importantes pour les universités chinoises, un processus de prise de décision rationnel et démocratique est crucial. Cela témoigne d'un respect pour les professeurs et les étudiants, et démontre l'érudition en milieu universitaire contemporain.
Pour
Tang Xiaofeng
China Youth Daily
L'Académie Yenching projette de recruter 65 étudiants étrangers au premier semestre et d'accueillir 20 professeurs de renommée internationale l'année prochaine. Cela entraînera l'intégration de professeurs étrangers dans le monde académique chinois, contribuant au développement intellectuel du pays.
L'histoire moderne chinoise est émaillée de savants étrangers venus en Chine et ayant laissé de grandes contributions derrière eux. À titre d'exemple, le géologue germano-américain Amadeus William Grabau (1870-1946), enterré au sein du campus de l'Université de Pékin, a favorisé la formation d'un groupe de géologues et a largement contribué au développement de la géologie chinoise à travers une vingtaine d'années de travail dans le pays.
En revanche, aujourd'hui, quelques professeurs étrangers donnent des cours peu liés aux études universitaires chinoises. Par conséquent, afin de promouvoir la recherche universitaire, il serait souhaitable que ces derniers aient plus d'interactions avec des professeurs chinois et se dotent de nouveaux sujets de recherche ou idées. L'Université de Pékin devrait veiller à ce que les professeurs qu'elle recrute soient assez compétents pour représenter le milieu universitaire chinois. Il ne faudrait pas que les professeurs médiocres profitent de leur affiliation avec l'Université seulement pour redorer leur image.
Pour
Baima Caotian
Xinjiang Daily
Comme nous le constatons, les étudiants étrangers sont les plus visés par ce programme. Pourquoi ? L'influence exercée par l'élite sociale sur toute la société est indéniable. Grâce à l'Académie Yenching, les étudiants éminents des quatre coins du monde se regrouperont à l'Université de Pékin et enrichiront leurs connaissances sur la culture ainsi que le système chinois avant de les expliquer au reste du monde.
Les six cours sont tous étroitement liés à l'environnement national de la Chine, y compris sa culture, son histoire ainsi que ses politiques actuelles. La Chine a besoin de la reconnaissance du reste du monde pour réaliser son futur développement. Les cours de sinologie permettront au monde de mieux la comprendre, et le programme d'un an peut être interprété comme un moyen pour diffuser sa culture, ce qui répond aussi aux besoins des autres pays. Seule la coopération peut générer un résultat gagnant-gagnant, et la compréhension est la condition préalable et la base de la coopération. En tant qu'établissement chinois le plus prestigieux en matière d'éducation humanitaire, l'Université de Pékin doit assumer la responsabilité de répandre la culture chinoise et de promouvoir la communication sino-occidentale.
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