La malaria, l'anémie et la malnutrition sont des problèmes de santé publique qui affectent l'Afrique depuis longtemps. Ces trois maux qui appauvrissent les enfants pourraient être étroitement imbriqués entre eux, d'après de nouveaux travaux de recherches effectués en Tanzanie. Les données publiées dans le numéro de novembre de PLoS Medicine montrent les enfants ferriprives qui prennent des suppléments en fer voient leur taux de malaria exploser de 41 %. Inversement, les enfants sains qui ingèrent des tablettes alimentaires n'ont aucun changement dans leur sensibilité au parasite.
« C'est une arme à double tranchant », explique le docteur Hans Verhoef, dont l'équipe a supervisé l'étude pendant un an dans quatre villages tanzaniens. « Les enfants qui sont le plus susceptible de profiter du fer [pour atténuer des problèmes comme l'anémie] sont également ceux ont le plus de risque d'attraper la malaria à cause du fer. Cela remet en cause l'idée selon laquelle ont peut faire passer des tests de dépistage et combler les carences avec le fer, comme c'est actuellement recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). »
Verhoef travaille sur la malaria depuis 1988, et sur l'impact de la nutrition depuis 1994. « En Afrique, il est impossible de séparer ces deux aspects », dit-il à propos du lien entre la malnutrition et la maladie transmise par les moustiques. La malnutrition ralentit le système immunitaire et accroît le risque d'infection. Plus les enfants sont jeunes, moins ils ont de temps pour développer une immunité contre une maladie comme la malaria.
Les micronutriments aident à renforcer le système immunitaire de plusieurs manières. Le zinc, par exemple, renforce une enzyme qui a un rôle fondamental dans la réplication de l'ADN et la division cellulaire. « Si vos cellules immunitaires doivent se diviser rapidement pour répondre à une certaine infection, le manque de zinc peut poser problème », explique Verhoef. Le fer joue un rôle crucial pour la régulation et le transport de l'oxygène dans le corps. Sans fer, l'anémie s'installe.
Quand il est question de donner des suppléments ferriques aux enfants ferriprives, le problème principal est la quantité. « La dose que vous fournissez en suppléments est plus élevée que plus facilement assimilable si elle se trouve dans la nourriture », confie Verhoef. Il estime que les enfants peuvent absorber 30 à 40 % d'un supplément en fer, mais moins de 5 % des micronutriments par simple voie alimentaire. « La quantité absorbée est énorme en comparaison des aliments naturels. »
Cette quantité de fer prise en une seule fois peut diminuer la capacité de l'organisme à le lier aux protéines. « Cela signifie que quelques heures après l'absorbation, le fer est librement disponible », explique Verhoef. « Les parasites peuvent l'utiliser pour leur propre croissance. »
La carence en fer réduit également la production de globules rouges. Le fer en excès en augmente rapidement la production. Les parasites se nourrissent également de ces jeunes globules pour se propager.
« Si vous donnez du fer à de plus faibles doses et à intervalles plus espacés dans une journée, on voit le risque diminuer », explique notre médecin. Ce genre d'exposition imite la manière dont le fer est absorbé dans un régime. « C'est sur la base de ce constat que l'OMS considère qu'il est bon de renforcer l'alimentation par du fer. »
Verhoef espère que les décideurs politiques africains se concentreront sur l'enrichissement des aliments. « Les études que nous faisons sur les suppléments donnent une idée de ce qu'on peut faire théoriquement avec des interventions à base de nourriture », explique-t-il. Les suppléments utilisés sur le continent contiennent certaines doses de micronutriments trop élévées, un fait largement méconnu. « C'est un des exemples où il existe un fossé entre ce qui est connu par les études scientifiques et les mesures prises ». Réduire ou au moins faire des tablettes avec des doses appropriées pourrait atténuer un grand problème.
Brèves scientifiques
➲ Les internautes chinois sont passés au-delà de la barre des 500 millions en 2011, d'après un rapport publié par le Centre chinois du réseau Internet. A partir du mois de novembre 2011, 505 millions d'internautes chinois surfaient sur la toile, un chiffre qui dépasse les populations de nombreux pays. Malgré ce chiffre renversant, la pénétration de l'Internet est encore inférieure à 37,7 % de la population. Cette statistique devrait grimper, étant donné qu'on compte 70 millions d'internautes en plus chaque année depuis 2008. |