Un jeune groupe prometteur que vous verrez peut-être à Beijing
Il est bien connu des esprits curieux, des touristes ou de n'importe qui s'intéresse de près ou de loin à la Chine qu'en matière d'arts plastiques et visuels, ce pays est un grand foyer de création. La calligraphie, la peinture populaire ou savante, les arts décoratifs et désormais l'art contemporain sont inscrits dans le patrimoine génétique de ce pays.
En revanche, il n'échappe à personne que la Chine n'est pas un grand continent de musique. Faisant preuve d'une discrétion compréhensible quant à son héritage musical, la civilisation chinoise ne nous a légué presque aucun nom de compositeur, et depuis une trentaine d'année, aucun grande figure musicale chinoise n'a défrayé la scène internationale (je parle ici des créateurs, pas des interprètes, dont la Chine fourmille).
On s'étonnera alors à bon droit qu'on ait choisi d'écrire une chronique du monde musical pékinois. Pourtant il existe un quartier de Beijing qui rassemble sur un petit périmètre une intéressante concentration de salles de concerts où fermente la création musicale. Ce centre d'expérimentation sociale et musicale est circonscrit dans un quadrilatère s'étendant du temple des lamas à Zhangzizhonglu à l'est et de Gulou à la porte nord de Beihai à l'ouest.
Pour peu que vous vous soyez fourvoyé à vous promenez un samedi soir à Houhai, où on assassine la musique à coups de haut-parleurs hurlant une musique pop inconsistante, prenez la tangent et réfugiez-vous au East Shore Café, de l'autre côté du lac, où vos oreilles pourront panser leurs blessures en écoutant un bon bœuf de jazz old school. Si vous êtes plus à l'affût de sonorités étranges, d'innovations et de curiosités rock, foncez au XP, à deux pas de là, dans une petite allée au coin de Gulou dajie et de Di'anmen nei. Cette salle récemment ouverte est le temple de la musique rock expérimentale à Beijing et présente l'avantage d'être encore suffisamment confidentielle pour qu'on n'y souffre pas de surpopulation.
Ouvert par un plasticien chinois et son épouse italienne dans un ancien temple taoïste reconverti en usine de doufu pendant la révolution culturelle, et fort d'un réseau unique de connaissances, le Zajia est probablement le seul endroit de la ville où on peut assister la même semaine au concert d'un quatuor de musique sérielle venu de New York, à la projection de documentaires indépendants et à un spectacle mêlant improvisations scéniques et musicales. C'est probablement un des lieux artistiques les plus audacieux du moment dans la capitale chinoise.
Non loin de là, sur la jolie place située entre la tour de la cloche et la tour du tambour se trouve un lieu connu de tous les amateurs de musique folk : le Jiangjinjiu. De par les origines de ses propriétaires, venus de la province du Xinjiang, ce lieu se consacre avec un beau succès à la promotion de chanteurs à textes et de groupes de musiques ethniques. Si vous flânez sur la place un soir de semaine ou en week-end, laissez-vous happer par l'atmosphère chaleureuse du lieu. Dépaysement garanti.
À Zhangzizhonglu, à côté de l'ancien siège du gouvernement de Duan Qirui, se trouve le Yugongyishan, qu'on ne présente plus tant cette salle de concert est devenue une institution. Fort d'un espace suffisant pour accueillir 200 spectateurs, et d'une programmation originale faisant la part belle à la scène indé chinoise tout autant qu'à des groupes étrangers.
Le Mao, de par ses dimensions et sa notoriété au sein de la scène musicale pékinoise, est comparable au Yugongyishan, mais privilégie le répertoire heavy metal et punk. C'est le rendez-vous privilégié des amateurs de sonorités lourdes et brutales.
Il existe encore bien des cafés et salles de concerts dans ce centre culturel de la ville. Pour peu que vous soyez un peu à l'affut et fassiez preuve de curiosité, vous ne manquerez pas de trouver votre bonheur dans les petites venelles du quartier de Gulou. |