Pour ceux qui aiment se lever tôt, une promenade matinale dans un des nombreux parcs de Beijing offre un spectacle fascinant. Alors que les jardins publics en occident sont généralement vides aux premières heures de la journée, ils sont en Chine pris d'assaut par une majorité de retraités qui viennent y faire leur gymnastique quotidienne, dès l'aube.

Les exercices sont très variés et l'on croise des personnes âgées qui marchent à reculons, jouent à des jeux de raquettes, chantent ou effectuent les enchaînements de mouvements lents et harmonieux du tai chi chuan. Cet art martial et de santé millénaire, tout comme le qi gong et les autres pratiques affiliées, est réputé en Chine et dans le monde entier pour les bienfaits qu'il procure au corps et à l'esprit.

Cette réputation n'est pas usurpée, et il n'y a qu'à observer la vitalité dont font preuve les retraités en Chine, étonnante pour un occidental habitué à voir chez lui des personnes âgées souvent mal en point. Cela n'est pas étonnant si l'on compare les modes de vie de cette tranche d'âge en Asie et en occident.

En occident, ces derniers pratiquent rarement une activité physique régulière et s'ennuient souvent devant des programmes télévisés de mauvaise qualité, alors qu'en Chine on peut les voir s'entraîner dehors tous les jours, ou travailler leurs capacités cérébrales aux échecs, en calligraphiant sur le sol à l'aide d'un pinceau mouillé, etc.

Les exercices de santé ont une histoire millénaire en Chine et sont une des nombreuses facettes de la médecine chinoise, dont le mot d'ordre est « mieux vaut prévenir que guérir ». Il en existe une pléthore, qui témoigne de l'ancienneté de ces pratiques.

Un des exercices de base est appelé zhanzhuang, qui a été traduit par « posture de l'arbre » en français. Le pratiquant est debout, immobile, les genoux légèrement fléchis et les bras levés devant soi en cercle comme pour tenir un ballon contre sa poitrine.  Cet exercice peut être déconcertant pour le néophyte qui l'observe de l'extérieur, car le pratiquant peut parfois rester ainsi durant une heure, sans bouger.

Cette immobilité n'est en fait qu'apparente, car à l'intérieur du corps du pratiquant de nombreux mouvements, imperceptibles de l'extérieur et dirigés par la pensée, stimulent le mouvement cellulaire, le système nerveux et la fonction de tous les organes.

La posture obéit à des règles très précises de positionnement, afin de pouvoir la tenir sur une longue durée. Chaque angle articulaire est important. Ainsi il est possible de se détendre totalement tout en maintenant la position. L'activité cérébrale et les visualisations permettent de trouver la posture juste, en imaginant par exemple embrasser un arbre pour s'aider à se tenir bien droit.

Une fois que les visualisations se concrétisent par une sensation réelle, comme sous l'emprise d'une hypnose, le pratiquant ressent vraiment qu'il enserre un objet, et peut jouer avec en imaginant vouloir le tirer, le pousser, l'enfoncer etc., stimulant ainsi l'activité de l'ensemble du corps.

Les trois règles de base de cet exercice sont ; concentration, détente, respiration naturelle. La concentration se traduit par l'absence de pensée parasite et les visualisations. En se concentrant sur les visualisations et des images agréables le pratiquant chasse toute autre pensée parasite, jusqu'à arriver à un état de détente psychologique avancée, permettant au corps de bien se détendre en profondeur. La détente globale du corps recherchée doit permettre de maintenir la posture, en utilisant le moins de force possible. Enfin, la respiration doit être la plus naturelle possible, jamais forcée, pour permettre au pratiquant de retrouver un état de calme.