Yang Yan, peintre chinois spécialiste du paysage « à l'encre éclaboussée », s'est rendu dans la plupart des provinces chinoises et dans plus de 40 pays. Au mois d'avril, il a voyagé en Sierra Leone où il a épousé sa femme Neneh Ada Yang. Le couple est de retour en Chine, et Yang a accepté de parler à CHINAFRIQUE de ses liens avec l'Afrique.

Comment définiriez-vous le style de peinture « à l'encre éclaboussée » ?

Ce procédé est semblable à une éruption volcanique. Je commence généralement par créer des lavis à l'encre par éclaboussure, qui forment les montagnes, les collines, et les autres éléments du paysage, puis j'ajoute les détails plus fins comme les temples, les bateaux, les arbres et les personnages avec une encre plus sombre et en utilisant des traits plus rapides. Il est important de développer la sagesse pour acquérir une maîtrise d'ensemble et la capacité à contrôler la densité, l'écoulement, les différences de profondeur de l'encre. Cela va au-delà de la simple technique. 

Pourquoi voyager est si important pour l'artiste que vous êtes ?

Jusqu'à présent, j'ai été dans la plupart des provinces chinoises et dans plus de 40 pays. Voyager est une bonne occasion pour se rapprocher de la nature. C'est tout particulièrement important pour un peintre paysager. À l'échelle macro, cela me sert à comprendre la topographie du globe. Qu'ils s'agissent de glaciers ou de prairies alpines, des plateaux du loess ou des déserts, des forêts ou du bord de mer, j'adore les paysages. Au niveau micro, j'observe comment les racines et les pousses se forment, je regarde des fourmis transporter de la nourriture. Tout m'inspire, du cosmos aux êtres vivants.

Quel a été l'impact spécifique de votre voyage en Afrique ?

Ma tournée en Afrique m'a fait réfléchir à l'état de l'humanité, aux régions moins développées et à la protection de la planète. En Afrique, les gens sont plus proche de la nature que nous [les Chinois]. Après avoir observé leur mode de vie, je suis devenu moins obsédé par le style de vie citadin. Beaucoup de choses semblent nous séparer de la nature. À certains égards, c'est la conséquence négative de la culture. [Mais] si nous ne parvenons pas à apprécier la beauté de l'art et de la culture d'un point de vue esthétique, nous nous sentons déprimés au sein de la société.  

D'après vous, qu'est-ce qui guide la pratique artistique en Afrique ?

Pour moi, l'Afrique est plus proche du soleil, et tout y est plus coloré et plus lumineux. Il y a de nombreuses cascades, une végétation luxuriante, une vraie vitalité. Les africains n'ont pas tant de bagage culturel, il ne se posent pas de questions excessives sur le sujet ou la manière de peindre. Prenez ma femme par exemple : quand Ada peint, elle donne libre cours à ses sentiments et à ses émotions sur la toile. Une œuvre d'art véhicule deux forces : l'une est la force culturelle, l'autre est la force vitale originelle. Si quelqu'un exprime une plus grande force vitale, son travail sera puissant.

Comment avez-vous rencontré votre épouse, Ada ?

En avril, je me suis rendu en Sierra Leone pour assister à la célébration du 50ème anniversaire de l'indépendance, en compagnie de mon amie Mariatu Karbo, Miss Sierra Leone 2009. C'est elle qui nous a présentés. J'ai rencontré Ada et nous sommes rapidement tombés amoureux l'un de l'autre. Nous nous sommes donc mariés et elle est venue en Chine avec moi.

Diriez-vous d'Ada qu'elle est votre muse ?

C'est une oeuvre d'art créée par Dieu, et c'est ma muse absolue. Je peux sentir la vérité, la vertu et sa beauté intérieure. Son corps, sa figure et chacun de ses mouvements sont une expérience esthétique pour moi. Elle me donne l'énergie et la vitalité pour créer. Elle a développé un amour pour la peinture en Chine, elle a même commencé à peindre elle-même. Quand je peins, il m'arrive de danser et de chanter et elle danse avec moi. J'aime la peinture et elle aime la danse, nous nous complétons donc très bien.