
Charlotte Jefferay
Charlotte Jefferay, Sud-Africaine, a enseigné l'anglais depuis mars 2003 jusqu'en juillet 2011 dans un lycée du district Tongren dans le Qinghai (nord-ouest de Chine). Après huit ans passés à Tongren (Rebgong en tibétain), elle est rentrée en août dernier dans son pays natal. Avant le départ, Charlotte a accepté de partager avec CHINAFRIQUE ses expériences dans cette région tibétaine de la Chine.
Qu'est ce qui vous a incité à venir en Chine?
En fait, j'étais déjà venue en Chine en 1999 pour travailler dans le district de Yushu au Qinghai en tant que professeur bénévole de l'association humanitaire internationale de Rokpa (ONG). Cette expérience m'a beaucoup impressionnée et m'a incité à chercher d'autres opportunités pour revenir au Qinghai et y rester plus longtemps. En 2003, je suis enfin revenue en tant que professeur bénévole du Voluntary Service Overseas (VSO, Grande-Bretagne) pour enseigner l'anglais dans un lycée du district Tongren dans le Qinghai. J'ai travaillé pour le VSO pendant trois ans, après quoi le programme d'enseignement d'anglais que j'ai créé dans ce lycée a obtenu le soutien du Bridge Fund (États-Unis).
Parlez-nous de vos élèves. Êtes-vous satisfaite de leurs études ?
Ils ont entre 15 à 22 ans. Beaucoup de mes élèves viennent des régions nomades où les écoles sont loin de leurs maisons, alors en général, ils vont à l'école relativement tard et sont souvent plus âgés que les lycéens ordinaires. Ces élèves tibétains font preuve d'un grand sens de l'humour, de gentillesse, de générosité et d'intelligence. Je suis convaincue que c'est le reflet de leur croyance bouddhiste.
Ils travaillent assidûment et certains ont fait des progrès extraordinaires. Un élève a obtenu une bourse pour poursuivre ses études aux États-Unis.

Quelles sont les conditions d'enseignement du lycée où vous travaillez ?
Les conditions d'enseignement de ce lycée sont très modestes, il n'y a que le tableau noir et la craie dans les salles de classe. Heureusement, notre programme d'enseignement d'anglais a obtenu des soutiens financiers des NGO internationales, ce qui nous permet de mettre en place une petite bibliothèque et de nous procurer des outils d'enseignement intéressants : une collection de DVD, un photocopieur, un téléviseur et une salle informatique dotée de 45 ordinateurs. Très fier de notre programme, le lycée a assigné spécialement une salle pour servir de bibliothèque-salle d'études et a fait tout son possible pour nous soutenir.
Avez-vous pensé à travailler dans une grande ville chinoise, comme Beijing ou Shanghai ?
Ça ne m'intéresse pas de travailler dans les grandes villes, je préfère l'environnement rural de Tongren où les montagnes, vallées et prairies sont très belles, même si en hiver, tout devient brun, sombre et qu'il y fait très froid. Les plateaux ne sont pas très loin d'ici, qui offrent des paysages encore plus dramatiques. C'est un véritable privilège de pouvoir rester si longtemps dans un endroit ayant une culture tibétaine tellement riche. Le district compte de nombreux monastères de différentes sectes que les pèlerins envahissent à l'occasion des grandes fêtes. Leur dévotion est un spectacle particulièrement touchant.
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