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Bigo représente son oeuvre photographique "Temple du Ciel". |
Esther Tissot Bigo
La princesse Esther Tissot Bigo, photographe béninoise, jouit d'une très grande faveur dans les pays francophones d'Afrique. Son travail exceptionnel lui a valu de participer à une exposition photographique à Shanghai en mai 2010, puis à la Biennale de Jinan en septembre de la même année, où elle était la seule représentante de l'Afrique sub-saharienne. Ici, elle partage ses impressions sur la Chine avec CHINAFRIQUE.
Vous êtes venue en Chine pour la première fois en 2010, mais depuis quand vous intéressiez-vous à ce pays ?
L'histoire de ma première prestation en Chine est due à la sensibilité d'une Chinoise du nom de Sun Yacong qui m'a remarquée lors de son séjour au Bénin dans le cadre d'une exposition de photo impressionniste au Centre culturel chinois (CCC) de Cotonou en 2008. Encouragée par l'ancien directeur et l'ancien ambassadeur de Chine au Bénin, j'ai voyagé au pays du dragon en mai et en novembre 2010, et ce coup d'essai fut un coup de foudre. C'était mon premier voyage en Asie.
Lorsque l'ancien directeur et l'ancien ambassadeur ont quitté le Bénin, je pensais que c'était la fin de mes prestations au CCC de Cotonou, mais les nouvelles autorités, soit le directeur Bai Guangming du CCC et l'ambassadeur Tao Weiguang, m'ont démontré leur détermination à promouvoir la qualité. Ils ont fait preuve d'un véritable encouragement en organisant en septembre 2011 une exposition inédite de mes œuvres de Jinan, Beijing et Shanghai.
En tant que femme et photographe, quelles sont vos impressions sur la Chine ?
Les organisateurs du 10e Salon international d'art photographique de Shanghai, organisé dans le cadre de l'Expo universelle 2010, de même que les organisateurs de la Biennale de Jinan, m'ont beaucoup encouragée, mais le public aussi et les photographes m'ont accordé leur profonde admiration en tous lieux : à l'aéroport, dans le métro, en bus, en taxi, au marché, dans les temples bouddhiques, dans les parcs d'amusement. Partout où je passais, j'étais la photographe photographiée ; ou encore les gens voulaient se faire photographier avec moi.
Aussi, j'ai été éblouie par les temples bouddhiques avec leurs hauts murs d'enceinte, et j'ai constaté que les bouddhistes vont au temple sans crainte des préjugés.
À travers vos œuvres, on a une image de votre regard sur la culture chinoise. Quelle est votre opinion sur la culture chinoise ?
J'ai constaté que les Chinois possèdent une diversité culturelle ethnique ancestrale comme l'art culinaire, l'art vestimentaire, l'architecture, les danses, les langues, les sports, les travaux champêtres, etc. Néanmoins, ils parlent une seule langue officielle, sont libres d'adorer le dieu qu'ils veulent, et possèdent en commun le dragon comme identité. Cette harmonie dans l'unité résume la force de la Chine contemporaine et m'a poussée à immortaliser tout ce que j'avais vu à travers l'objectif de mon appareil. La Chine est exigeante, désireuse de surprendre et soucieuse de qualité. Elle a refusé de dormir et le monde s'en émerveille.
Pourquoi la culture chinoise du dra-gon? Y a-t-il une histoire derrière cela ?
Mon admiration pour le dragon découle d'une histoire familiale. Dans la résidence familiale Bigo à Abomey se trouve une divinité appelée « serpent-mère de jumeaux », qui est le dieu de mon arrière grand-père. Selon la légende orale, c'est ce double serpent qui a permis au prince Bigo de réaliser tout ce qu'il a pu laisser à sa descendance depuis trois siècles. Ces arrière-petits-enfants malgré leurs différentes croyances organisent des rituels chaque année pour la divinité double serpent. Alors j'ai eu la preuve tangible en Chine que le serpent que craint l'homme est amour, richesse et prospérité. Le non respect d'un peuple de ses coutumes, de sa culture est le refus de son identité qui le conduit à la perdition totale. Bien que le Bénin soit un petit pays, je me sens confirmée à mes racines traditionnelles au Bénin, précisément à Abomey. |