Professor Wang Jian
» Le professeur Wang Jian, directeur adjoint du département de médecine traditionnelle chinoise (MTC) du Centre de prévention et de traitement du sida, de l'Académie chinoise des sciences médicales chinoises, travaille sur le traitement du VIH/SIDA depuis 22 ans. Il a passé trois ans dans les années 1990 à Dar es-Salaam, en Tanzanie dans le cadre du projet de coopération Chine-Tanzanie pour le traitement du sida à l'aide de la MTC. Il fait part de ses découvertes dans cet entretien avec CHINAFRIQUE.
MTC contre le sida
En quoi consiste le projet de coopération MTC.
Au milieu des années 1980, la Tanzanie a été l'une des zones les plus durement frappées par le sida. Le Président de la Tanzanie en visite en Chine en 1987 avait souhaité obtenir une aide de la médecine traditionnelle chinoise, et un accord avait été signé entre les deux administrations compétentes. Des experts chinois et des professionnels de santé s'étaient déplacés pour offrir des soins traditionnels aux personnes atteintes du sida. Une équipe de recherche composée d'experts des deux pays fut chargée d'analyser et de traiter les patients atteints du sida à l'aide de la MTC. Au cours des 26 dernières années, plus de 60 médecins ont participé à ce projet.
Comment la MTC est-elle perçue en Tanzanie ? Est-elle efficace chez les patients ?
La plupart des patients africains réagissent positivement à la MTC et les traitements utilisant de faibles doses de médicament fonctionnent efficacement. Beaucoup de patients africains savent maintenant comment faire bouillir les herbes médicinales, et connaissent bien la posologie des médicaments. Certains enfants atteints du sida qualifient souvent les médecins chinois de « dawatamu », ce qui signifie « bonne médecine traditionnelle chinoise » en swahili.
Quelle est la valeur de la MTC par rapport à la médecine occidentale ?
La médecine occidentale traite seulement la maladie, alors que la médecine chinoise traite la personne et la maladie. La MTC stimule l'énergie du patient, qui empêche les invasions de pathogènes externes, tandis que l'objectif de la médecine occidentale est de tuer les bactéries ou les virus à l'aide de produits chimiques. La MTC combine de nombreuses sortes d'herbes et régule l'environnement interne du corps pour l'aider à retrouver son équilibre dans une approche holistique.
Sur le traitement du SIDA, en quoi l'approche de la MTC diffère-elle de celle de la médecine occidentale ?
La thérapie antirétrovirale occidentale met l'accent sur la suppression du VIH alors que la MTC cherche principalement à protéger le système immunitaire des patients. Le traitement en MTC peut améliorer la qualité de vie du malade en allégeant considérablement les symptômes du sida, dont la fièvre, la toux, l'asthénie et la diarrhée, avec très peu d'effets secondaires, réduisant ainsi le taux de mortalité. La MTC est un complément efficace à la thérapie occidentale.
Échangez-vous avec les médecins tanzaniens ?
Beaucoup de médecins en Tanzanie pratiquent une médecine traditionnelle. Mais contrairement à la MTC, il n'existe aucun système théorique formel. La coopération entre les médecins locaux et les médecins chinois a été renforcée pour développer l'utilisation des herbes traditionnelles. Beaucoup d'étudiants africains ont étudié la MTC dans les universités chinoises au cours des dernières années.
Que tirez-vous de cette expérience en Afrique ?
Je travaille sur le traitement du sida par la MTC depuis 22 ans. Mes travaux en Tanzanie dans les années 1990 m'ont fourni une expérience clinique qui m'a été d'une grande aide dans mes recherches, malgré les épreuves et les difficultés que j'ai rencontrées. En outre, l'optimiste de la population africaine a eu une certaine influence sur moi. J'ai remarqué que même les malades du sida ne se plaignent pas beaucoup. Ils se font beaucoup moins de soucis que certains patients chinois.
Quelles sont vos attentes pour l'avenir de la recherche et des échanges entre la Chine et les pays africains dans ce domaine ?
Tout d'abord, je pense qu'un soutien financier plus important devrait être accordé au projet de coopération sino-tanzanien en MTC, pour la bonne marche du projet et sa durabilité. D'autre part, sur la base des besoins du côté tanzanien, nous pouvons offrir plus de formation et les aider à développer leurs équipements de médecine traditionnelle et leurs technologies. Troisièmement, plus d'échanges en matière de MTC peuvent être menés dans d'autres pays africains, car nous savons que la MTC met l'accent sur la prévention des maladies. |