Une fermière du village de Donghexia, dans le Hebei, récolte des chrysanthèmes, qui se sont révélés être un moyen efficace de contrer la pauvreté dans la région.

Li Naluo se souvient encore du petit village isolé et pauvre dans lequel elle est née. Quelques chaumières, sans route ni électricité, perdues dans les montagnes du sud de la province chinoise du Yunnan. Qui aurait pu croire que ce vieux village allait, quelques années plus tard, renaître et se retrouver une nouvelle vitalité tel un phénix ?

« Après le XVIII Congrès du Parti communiste chinois (PCC), l'élimination ciblée de la pauvreté a transformé notre village. Nous avons construit de nouvelles maisons et une route, installé des lampadaires et des panneaux solaires. Le monde est devenu si grand et si beau ! » dit Mme Li.

Les villageois, qui appartiennent principalement à l'ethnie Lahu, ont même réussi à créer leur propre troupe artistique. « Chanter, danser et jouer de la musique font partie des traditions du peuple Lahu. Plusieurs gens du village et moi-même avons créé une troupe pour présenter cette culture traditionnelle », dit celle qui est maintenant vice-présidente de la troupe.

Depuis sa création en septembre 2013, la troupe a accueilli plus de 114 200 touristes et organisé 895 spectacles, générant des revenus touristiques totalisant 8 millions de yuans (1,15 million de dollars). Sur cette somme, 2,26 millions de yuans (320 000 dollars) ont été versés aux villageois sous forme de dividendes, permettant à 383 personnes de se sortir de la pauvreté.

Depuis le XVIII Congrès du PCC, qui a incité l'ensemble du pays à faire des efforts sans précédent pour lutter contre la pauvreté, plus de 60 millions de personnes ont été sorties de la pauvreté. Or, cette grande lutte a débuté dès 1978, avec la réforme et l'ouverture.

« La réforme et l'ouverture ont ouvert le plus grand processus de réduction de la pauvreté dans l'histoire de l'humanité, réalisant des résultats remarquables : le nombre de personnes démunies en milieu rural en Chine a diminué de 740 millions, soit une diminution de 94,4 %, ce qui représente plus de 70 % de la réduction de la pauvreté au niveau mondial », a dit Huang Kunming, responsable du Département de l'information du Comité central du PCC, lors de l'inauguration du Forum international sur la réforme et l'ouverture et la réduction de la pauvreté, qui s'est tenu à Beijing le 1 novembre.

De plus, selon les données de la Banque mondiale, la part de l'économie chinoise dans l'économie mondiale est passée de 1,5 % en 1978 à environ 15 % en 2017, tandis que le revenu par habitant est passé de 300 dollars en 1978 à 7 300 dollars en 2017. « Il est donc indispensable d'examiner le processus de réforme et d'ouverture de la Chine. Comprendre l'expérience réussie de la Chine pourra aider d'autres pays à mieux tirer parti de son expérience », a indiqué Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale.

Des mesures ciblées

Au début de la réforme et de l'ouverture, les zones rurales de la Chine étaient pauvres : il fallait adopter des politiques et des mesures en faveur de la plupart des régions. « La situation a progressivement changé. Il est nécessaire de s'adapter aux conditions locales pour mener une assistance précise », explique Liu Yongfu, chef du Bureau du groupe dirigeant du Conseil des affaires d'État pour la lutte contre la pauvreté et le développement.

Il a noté les mesures prises dans ce cadre. « Nous avons tout d'abord organisé un recensement et une vérification des ménages pauvres dans chaque village. Nous avons ensuite envoyé des fonctionnaires sur place, pour prendre des mesures ciblées visant à les sortir de la pauvreté. De plus, nous avons renforcé la construction d'infrastructures et de services publics de manière à améliorer progressivement les conditions de production et de vie dans les zones rurales. Enfin, nous entreprenons une inspection et une évaluation rigoureuses », dit-il.

Entre autres, une approche combinant finance et industrie incarne parfaitement l'esprit de la réduction de la pauvreté précise. À cette fin, des mécanismes appropriés ont été mis en place pour inciter les institutions financières à accorder des prêts aux entreprises et coopératives dans les zones défavorisées.Selon Zhu Hexin, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, actuellement, le solde de ces prêts a dépassé les 950 milliards de yuans (136,6 milliards de dollars), incitant près de 10 millions de personnes à intégrer le marché du travail.

En 2017, le canton de Wanglejing, dans la région autonome hui du Ningxia, a négocié une entente avec des institutions financières pour faciliter l'accès à des prêts favorables, prévoyant notamment des exemptions de garantie et d'hypothèque. En tout, 903 ménages ont reçu des prêts totalisant 99,68 millions de yuans (14,33 millions de dollars), soit une moyenne de 110 000 yuans (15 820 dollars) par ménage. Plusieurs villageois ont utilisé ces emprunts pour développer l'élevage de moutons Tan (une espèce de mouton élevé dans le nord-ouest de la Chine) et augmenter leurs revenus.

La coopération internationale

À l'heure actuelle, plus de 30 millions de Chinois vivent sous le seuil de pauvreté national et plus de 700 millions de personnes dans le monde vivent toujours dans l'extrême pauvreté. L'élimination de la pauvreté demeure donc le plus grand défi auquel sont confrontés la Chine et le monde.

« Tout en s'efforçant d'éliminer sa propre pauvreté, la Chine soutiendra et aidera les pays en développement et moins avancés à se sortir de la pauvreté et participera aux efforts des organisations internationales telles que la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement », indique M. Huang Kunming.

Cela s'incarne dans des projets concrets de coopération, notamment en Afrique. « Nous avons plusieurs partenariats avec la Chine visant à mieux appuyer les petits producteurs dans les domaines de la production et de la transformation. Nous avons accueilli une délégation chinoise en juillet et en décembre, et un autre groupe viendra sous peu », a dit à CHINAFRIQUE Dr Mbene Dieye Faye, coordinatrice du projet d'appui aux politiques agricoles du ministère de l'Agriculture et de l'Équipement rural du Sénégal.

Par ailleurs, la Chine attache également une grande importance à ses relations avec les organisations internationales œuvrant dans le domaine. « On peut dire que l'expérience réussie de la Chine repose sur l'équilibre entre autonomie et coopération internationale », explique Jin Liqun, président de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (AIIB).

« Le but de la création de l'AIIB par la Chine était d'aider d'autres pays à se développer. Or, nous aidons aussi la Chine, principalement à des fins de démonstration. L'année dernière, nous avons lancé un projet visant à remplacer le charbon par le gaz en banlieue rurale de Beijing, ce qui correspond à la mise en œuvre de l'Accord de Paris », précise-t-il.

* Pour vos commentaires : glj@chinafrica.cn