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  2018-12-24
 

Le Cameroun retrousse ses manches

par François Essomba  ·   2018-12-24
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Nouvellement réélu, le Président Biya devra répondre aux attentes élevées de la population camerounaise.

 

Le 6 novembre dernier, Paul Biya a été réélu pour 7 ans à la tête de la République du Cameroun. À 85 ans, dont 36 au pouvoir, Paul Biya se retrouve une fois de plus à la tête d'un pays dont 30 % de la population est au chômage avec une croissance à moins de 4 %. Il devra donc relancer la machine économique pour rassurer les Camerounais et œuvrer pour la lutte contre le chômage tout en maintenant la croissance. En rappel, un quart de la population camerounaise vit avec moins d'un dollar par jour.

Longtemps résiliente aux chocs, l'économie camerounaise, « la plus forte et la plus diversifiée » de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), qui regroupe la République du Congo, le Gabon, le Tchad, la Guinée équatoriale, la Centrafrique et le Cameroun, « montre ses premiers signes de ralentissement », a indiqué dans son rapport annuel la Banque africaine de développement.

Certes, le pays dispose de nombreuses ressources naturelles, telles que le pétrole, le coton, le cacao ainsi que des minerais importants, et résiste à la chute des prix de celles qu'il exporte. Mais les troubles sécuritaires commencent à peser sur l'organisation des productions. Le nombre de pauvres augmente (+12 % de 2007 à 2014) et le pays a perdu en attractivité en raison des problèmes de gouvernance : le Cameroun est classé 153 sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption 2017 établi par Transparency International, et 163 sur 190 économies dans le dernier rapport Doing Business 2018 sur la réglementation du milieu des affaires.

D'ailleurs, malgré les performances économiques relativement satisfaisantes du pays, la pauvreté continue de toucher près de 40 % de la population, soit 8 millions d'habitants. De ce fait, la lutte contre la pauvreté va constituer l'une des priorités de Paul Biya dont le pays vise à redevenir une « économie forte et diversifiée » au sein de la CEMAC.

Le défi de la croissance

Durant l'intervalle 2010-2015, la croissance du PIB au Cameroun a été constante avec une moyenne de 5,8 %, et ce, malgré la conjoncture internationale qui n'était pas particulièrement favorable. Mais depuis 2016, la dynamique s'est cassée, et le taux de croissance ne cesse de chuter.

En 2011, le candidat Biya promettait à ses compatriotes une croissance économique de 8 % à partir de 2012, afin d'amorcer l'émergence dont l'échéance était fixée à 2035. Mais ce chiffre reste encore très loin d'être atteint. Pour ce nouveau mandat, Biya devra se pencher véritablement sur le chômage vertigineux d'une jeunesse presque désespérée. Biya devra aussi s'attaquer à l'insécurité aggravée par Boko Haram ainsi que la crise dans les régions anglophones. Tels sont les préalables qui sont de nature à redonner confiance aux nombreux investisseurs locaux et externes qui sont restés méfiants du fait des crises sécuritaires. Dans son allocution le 6 novembre dernier, lors de la cérémonie de son investiture, le Président Biya a fait savoir qu'« une économie moderne ne saurait se concevoir sans l'existence d'un secteur industriel performant. Nous disposons d'un Plan directeur d'industrialisation qui définit les contours et le contenu d'un projet d'envergure dans ce domaine. Sa réalisation sera l'une des tâches prioritaires du septennat. »

La coopération sino-camerounaise

La réélection de Paul Biya va œuvrer indubitablement à renforcer les relations Chine-Cameroun. Notons que la Chine est depuis longtemps le premier créancier des projets de développement du Cameroun notamment des infrastructures énergétiques, autoroutières, portuaires, sportives, sanitaires, etc. Pour tout dire, la coopération entre le Cameroun et la Chine est diversifiée et l'amitié sino-camerounaise va demeurer solide.

Les autorités chinoises sont d'ailleurs totalement disposées à accompagner le Cameroun vers son émergence. Cet engagement a été réitéré au Chef de l'État camerounais par le vice-ministre des Affaires étrangères, Zhang Ming, lors de sa rencontre avec le Président Biya en mars dernier à Yaoundé. Ainsi, le Cameroun entend réduire son déficit infrastructurel en faisant de la Chine un partenaire privilégié, sans oublier les échanges commerciaux entre les deux pays qui ont atteint plus de 3 milliards de dollars en 2015. Les relations entre les deux pays sont donc promues à un bel avenir.

 

Les partisans de Paul Biya lors d’un meeting quelques jours avant l’investiture, le 6 novembre dernier.

 

À cet effet, l'initiative « la Ceinture et la Route » devra jouer un rôle de catalyseur. De ce fait, les ministres des Affaires étrangères de la Chine (Wang Yi) et du Cameroun (Lejeune Mbella Mbella) ont procédé à la signature d'un mémorandum d'entente sur l'initiative chinoise. Par cet accord, le Cameroun entend s'associer à cet ambitieux programme initié par la Chine pour construire des infrastructures routières, maritimes, ferroviaires, portuaires et des parcs industriels dans l'optique de relier la Chine par la mer et par la terre à plus de 60 pays majoritairement en développement.

À noter que plus de la moitié des investissements prévus par la Chine dans le cadre de ce projet iront en Afrique. Annoncé en été 2014, par le Président Xi Jinping, ce nouveau modèle de co-développement est aussi appelé les « Nouvelles Routes de la soie ». Le Cameroun n'entend donc pas rester en retrait de cette nouvelle locomotive de développement.

De ce fait, la Chine va élaborer un trajet ferroviaire reliant Port-Soudan sur la mer Rouge à Douala au Cameroun, pour un montant prévu de 11 milliards de dollars, la jonction s'établira depuis une route terrestre reliant la Tunisie à N'Djamena au Tchad en passant par le territoire libyen. Cette route, encore à l'état de projet, constitue un tronçon de la route Tripoli-Le Cap s'étendant sur 10 808 km. Ce projet vise à connecter l'Afrique de l'Est, plus précisément l'Éthiopie, au Nigeria et à l'Afrique de l'Ouest.

En phase avec l'Agenda 2063

Biya devra enfin poser les jalons pour conduire le Cameroun vers la domestication de l'Agenda 2030 des Nations unies et de l'Agenda 2063 de l'Union africaine. En rappel, le Cameroun figure parmi les nombreux pays d'Afrique qui bénéficient de la mise en œuvre de l'initiative dans l'optique d'aider les gouvernements à domestiquer et à intégrer efficacement les deux agendas de développement à leurs processus de planification et de mise en œuvre à l'échelon national.

« Nous saluons cette grande initiative de la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies, qui vise à nous aider à assurer la mise en adéquation de notre planification de développement avec l'Agenda 2030 et l'Agenda 2063, surtout la conception du logiciel de simulation qui nous assistera dans l'élaboration des cadres conceptuels et de planification », a déclaré M. Tanang Patrice de la Division du suivi du ministère des Finances du Cameroun.

* Reportage du Cameroun

* Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn

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