2019-02-15 |
Le grand déménagement |
par Problem Masau · 2019-02-15 |
Mots-clés: Parlement; Zimbabwe; Chine |
Vue d’artiste du nouveau Parlement zimbabwéen au mont Hampden, nord-ouest de Harare.
Pendant des années, les législateurs zimbabwéens ont dû composer avec un parlement exigu, se plaignant souvent de l'espace insuffisant et suffoquant.
L'édifice est un ancien hôtel datant des années 20 qui a été élargi plusieurs fois afin de répondre au nombre croissant de parlementaires. Le bâtiment dispose de 150 sièges. Toutefois, le nombre de parlementaires est monté jusqu'à 370.
« C'est une situation inextricable, le bâtiment est tout simplement devenu [trop] petit », a déclaré le greffier du Parlement, Kennedy Chokuda.
S'ajoute à cela quelque 17 000 dollars versés par le gouvernement à chaque séance du parlement, pour répondre aux frais de voyage, de nourriture et d'hébergement des parlementaires.
« Le gouvernement a dû gérer les réservations de chambres d'hôtel pour les membres du Parlement. Cela coûte cher, mais il faut le faire », a encore déclaré M. Chokuda.
Grâce à l'implication de la Chine dans la construction du nouveau Parlement, les problèmes de sièges et d'hébergement feront, d'ici trois ans, partie du passé.
Le soutien de la Chine
Le nouveau bâtiment, qui se situera sur les terres agricoles, à l'ouest de la capitale Harare, dans la région du Mont Hampden, aura une superficie totale de 33 000 mètres carrés. La construction devrait prendre environ 32 mois et a été officiellement lancée, lorsque le Président Zimbabwéen Emmerich Mnangagwa a posé la première pierre, le 30 novembre dernier.
« Le nouveau bâtiment du Parlement zimbabwéen est le plus grand projet de ces dernières années, porté par le gouvernement chinois dans un seul pays en Afrique », a déclaré Zhao Baogang, chargé d'affaires à l'ambassade de Chine au Zimbabwe, ajoutant que le bâtiment comprendrait des bureaux sur six étages, deux salles de congrès et d'autres installations.
Le projet de 98,97 millions de dollars sera dirigé par Shanghai Construction Group (SCG).
« Pendant dix années consécutives, SCG a été listé comme l'une des 30 premières entreprises chinoises de construction en Chine », a expliqué M. Zhao, qui pense que le nouveau bâtiment facilitera le travail parlementaire au Zimbabwe.
En outre, M. Zhao a exprimé que le nouveau bâtiment parlementaire renforcera davantage les liens entre les deux pays : « La construction du nouveau Parlement représente la profonde amitié qui existe entre les deux pays. Elle remonte aux jours de la lutte pour la libération et à [dorénavant] atteint de nouveaux sommets. »
Le Président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa (au centre) inaugure la cérémonie de modernisation de l’aéroport international Robert Gabriel Mugabe.
Nouveau Parlement, ville nouvelle
Le nouveau bâtiment marque également le début de la construction d'une ville nouvelle où se construiront des espaces de loisirs, des banques, un quartier résidentiel, des centres commerciaux ultramodernes, des hôtels et des édifices gouvernementaux.
« En quelques années, un nouveau Harare prendra forme. Il attirera plus de visiteurs et d'investisseurs dans ce pays », a déclaré M. Zhao.
L'expert en urbanisme de la ville, Percy Toriro, a expliqué que la construction du Parlement et de la ville nouvelle contribueront à décongestionner Harare.
« Harare s'est développé de façon organique depuis les premiers plans, et beaucoup de choses n'ont pas été anticipées, surtout en termes de croissance démographique. »
« Par conséquent, la ville nouvelle offre une occasion de planification durable. Le nouvel emplacement, qui se trouve au Mont Hampden, à 20 kilomètres à l'extérieur de Harare, permettra de mieux penser la cité », a-t-il ajouté.
Lors de la cérémonie de pose de pierre qui s'est tenue en novembre dernier, le Président Mnangagwa a remercié le gouvernement chinois pour le soutien continu accordé à son pays.
M. Mnangagwa a signifié que la Chine avait fourni une « subvention, pas un prêt, pour construire le nouveau Parlement. »
« D'autres installations, comme des banques et des hôtels, seront construites », a déclaré le Président, ajoutant qu'une « ville moderne et intelligente » a été programmée.
« Nous aimerions remercier le gouvernement chinois pour son soutien infaillible à nos différents programmes de développement. Nous saluons l'initiative chinoise 'la Ceinture et la Route' grâce à laquelle des projets de développement d'infrastructures comme celui-ci sont entrepris dans les marchés émergents », a déclaré M. Mnangagwa. « Le déménagement du Parlement au Mont Hampden sera un catalyseur pour les développements ultérieurs dans cette région », a-t-il dit.
L'analyste politique Pardon Taodzera a affirmé que de la participation de la Chine au développement des infrastructures du Zimbabwe démontre qu'il existe de solides relations entre les deux pays.
« Pendant des années, la Chine a continué de soutenir le Zimbabwe malgré les sanctions imposées par les pays occidentaux », a-t-il ajouté.
Focus sur l'infrastructure
La Chine a financé divers programmes d'infrastructures à travers le pays, y compris l'expansion de la centrale thermique de Hwange, ainsi que l'agrandissement et la modernisation de l'aéroport international Robert Gabriel Mugabe. Au début de l'année dernière, M. Mnangagwa a lancé le projet d'extension du barrage hydro-électrique de Kariba Sud pour 533 millions de dollars, entreprise par la société chinoise Sinohydro Corp. En 2016, le gouvernement a commandé l'aéroport international de Victoria Falls au groupe China Jiangsu International Economic Technical Cooperation, pour la somme de 153 millions de dollars.
Selon M. Zhao, la Chine a débloqué 1,2 milliard de dollars pour le Zimbabwe pendant la visite officielle du Président Mnangagwa en Chine l'année dernière.
« Au cours de la visite, pour montrer notre bonne volonté envers le Président Mnangagwa, sous les conseils du Président chinois Xi Jinping, le gouvernement chinois a décidé de prendre des dispositions spéciales pour accorder un prêt de plus de 1,2 milliard de dollars pour financer des projets tels que l'aéroport international Robert Mugabe, l'extension de la centrale thermique de Hwange et le développement de l'opérateur mobile NetOne », a-t-il précisé.
Toutefois, le Zimbabwe n'est pas le premier pays d'Afrique à avoir vu son Parlement financé par la Chine.
En juin 2007, le gouvernement chinois a accepté de financer la construction d'un nouveau Parlement à Maseru, capitale du Lesotho. Le contrat de 51,44 millions de dollars a été octroyé à Shandong Yantai Construction Co.
Reportage du Zimbabwe
Pour vos commentaires : liuwei@chinafrica.cn
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