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  2019-03-19
 

« Vous pouvez répéter la question ? »

par Hudson Kuteesa  ·   2019-03-19
Mots-clés: vivre en Chine


(ISTOCK)

« Vos crocs vont bien », ai-je lu sur l'écran du smartphone de mon dentiste. Il venait d'examiner une radiographie de ma mâchoire supérieure avec mon appareil dentaire, et voulait me dire comment allaient mes dents. Il avait pris son smartphone, ouvert une application de traduction, tapé son message en chinois, puis m'avait montré l'écran.

« Des crocs ?! », pensai-je. Je n'ai pas dit un mot. Je savais que les crocs faisaient partie de la gueule d'un animal.

Je lui avais demandé de regarder si mes canines étaient bien droites, alors j'ai vite compris ce qu'il voulait me dire : mes dents allaient bien. Nous avons utilisé une application de traduction. Il semblait donc que le mot chinois pour crocs était le même pour canine. Je devais alors le replacer dans son contexte pour comprendre.

Cela faisait environ une semaine depuis ma dernière visite à cette clinique dentaire de Beijing, où je faisais les six mois restant de mon traitement pour mon appareil. Je l'avais fait poser chez moi, au Rwanda.

Lors de ma première visite, le dentiste m'a regardé, m'a souri et m'a demandé de m'étendre sur la couchette. Parlant en anglais, il a prononcé le mot « ouvrir », l'accompagnant d'un geste de la bouche pour me montrer ce qu'il voulait dire au cas où je ne comprenais pas son anglais. À ce stade, je pensais qu'il parlait la langue de Shakespeare et devenait plus détendu. Plus tard, j'ai découvert que « ouvrir » était peut-être toute l'étendue de ses compétences en anglais. La plupart de mes interactions avec lui au cours des six mois suivants ont été limitées à une application de traduction.

Je n'étais pas seul dans cette situation. Je savais que d'autres étrangers utilisaient également des traducteurs dans les hôpitaux. Dépendre d'une application n'est certainement pas la meilleure façon de communiquer, en particulier dans un lieu aussi important qu'un hôpital, mais avec le temps, on s'y fait.

Parfois, je disais à mon dentiste : « Hé, regarde, je pense que cette dent est un peu inclinée. » Il attrapait alors son téléphone et y tapait quelque chose comme « Que veux-tu dire? » « Est-ce que ça fait mal ? ». J'utilisais donc le mien pour lui préciser ce que je voulais lui signifier, tout en me méfiant de l'exactitude de la traduction. Cependant, au regard des résultats de son travail, j'ai le sentiment qu'il s'est également adapté pour recontextualiser les choses.

Enfin, le jour est venu où j'ai dû retirer mon appareil dentaire et me faire poser un appareil de rétention. Toujours en utilisant son téléphone, le dentiste m'a dit qu'il devrait être porté pendant un an.

« Un an ? », ai-je demandé.

« Oui, un an », a-t-il répondu en anglais.

J'étais stupéfait. Peut-être avait-il essayé d'apprendre l'anglais à la suite de nos interactions. Moi aussi, j'avais appris le mandarin.

Je me rends compte que j'apprécie de plus en plus mon dentiste et son équipe, grâce notamment aux efforts qu'ils ont faits pour me comprendre. J'ai pris le temps d'écrire un message à l'infirmière, qui avait assisté mon dentiste, lui disant que j'étais satisfait de son travail et le félicitant lui d'être « quelqu'un à l'écoute ».

Elle a répondu qu'ils étaient heureux de m'avoir eu dans leur clinique et seraient ravis de me revoir.

Se faire comprendre n'est pas un obstacle en Chine, c'est plutôt une sorte d'aventure. Cela vous aide à sortir de votre zone de confort et à essayer d'apprendre une nouvelle langue tout en aidant les autres à apprendre la vôtre.

Environ 10 millions de Chinois parlent couramment l'anglais. Cela représente moins d' 1 % de la population. Cela ne les empêche pas d'être de bons hôtes pour les étrangers. Ils s'efforcent de communiquer, si ce n'est verbalement, au moins avec le sourire.

De même, beaucoup d'étrangers qui viennent en Chine sans en parler la langue finissent par l'apprendre, et au final, tout le monde est gagnant.

L'auteur est un Rwandais étudiant à Beijing.

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