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  2019-07-05
 

La culture de l'autre

par Li Xiaoyu  ·   2019-07-05
Mots-clés: Art Afrik

Une jeune spectatrice saisie par l’oeuvre du photographe sénégalais Alun Be à l’exposition Art Afrik. (LI XIAOYU ET KENTE)

 
L'art contemporain africain progresse à Beijing. À l'initiative d'un groupe de jeunes Africains qui étudient en Chine, la deuxième édition d'Art Afrik s'est remise en scène sous un aspect plus formel. Entre le 17 et le 26 mai au Musée des beaux-arts A.C. (A.C. Art Museum), l'exposition a mis en lumière les œuvres de 14 artistes contemporains issus de 10 pays d'Afrique. L'événement s'inscrit dans le cadre d'Africa Week. Il s'agit d'une série d'activités culturelles déployées dans la capitale pendant la même période et ayant la même aspiration : permettre au public chinois de mieux appréhender le continent.
 

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En pénétrant dans la galerie d'art, face à l'intitulé de l'exposition Monsieur, où se trouve cet endroit ?, le public peut être un peu perplexe. Mais en admirant ces toiles, un sourire finit souvent par s'afficher. C'est le cas de Ma Yuejun, professeur au département des beaux-arts à l'Institut du cinéma de Beijing (ICB).

Comme la plupart des Chinois de sa génération, M. Ma, âgé de 46 ans, ne connaissait pas grand-chose du continent africain pendant sa jeunesse. Il l'identifiait d'ailleurs comme un seul pays, le Kenya. C'est à travers des artistes français et américains, qu'en grandissant, il a pu s'instruire à propos de l'Afrique. Mais cela ne suffisait pas pour s'en imprégner véritablement.

Voilà pourquoi il considère cette exposition comme extrêmement précieuse. « L'art contemporain, qui s'exprime notamment par la photographie et les vidéos, est l'un des moyens les plus efficaces pour le public chinois d'en apprendre plus sur le continent africain », assure-t-il. « L'observateur peut, en effet, découvrir les régions d'origine des artistes à travers leurs œuvres et en percevoir les points communs avec sa propre culture. Cela permet de se rapprocher les uns des autres. »

M. Ma s'intéresse beaucoup à une photo en particulier et partage son interprétation : il y voit un corps vieilli, affublé d'un masque traditionnel africain, au côté d'un enfant portant un casque de réalité virtuelle. Selon lui, que nous soyons asiatiques, américains ou africains, nos corps ne comportent aucune différence, biologiquement parlant. Mais nous faisons partie aujourd'hui d'un monde connecté, d'un monde de technologies avec un mode de vie commun. Ainsi, des personnes de cultures différentes sont exposées à des problèmes similaires sur lesquels elles peuvent échanger.

Il relève sur une autre photo le style Bauhaus, qui se retrouve généralement dans l'architecture allemande. Il y remarque également un cimetière, avec les signes de croix, qui apparaissent traditionnellement dans la culture chrétienne. Pour lui, la mondialisation s'enracine depuis longtemps dans la culture africaine.

À cet égard, il repense au titre de l'exposition qui envoie un message édifiant : l'Afrique, toute mystérieuse soit-elle, nous est familière. « Tout se ressemble. C'est comme chez toi ou chez moi. »

 

Cette année, Art Afrik se dévoile sous forme d’exposition. (LI XIAOYU ET KENTE)

 

Petite graine, grand espoir

Parmi les spectateurs de l'exposition, nous retrouvons Li Yixuan, 25 ans, gestionnaire d'événements dans une structure de média. Elle se souvient de la première édition d'Art Afrik, au cours de laquelle elle a noué un foulard à l'africaine autour de sa tête et fabriqué elle-même un bracelet traditionnel avec l'aide d'une artiste. Par rapport à l'année dernière, elle trouve l'événement de cette année plus formel mais surtout plus hardi. « Cette exposition est une manière formidable de célébrer l'Afrique en Chine. Art Afrik dévoile une superbe collection d'œuvres d'artistes provenant de différentes contrées du continent », s'exclame-t-elle. « Les photographes dépeignent des problèmes sociaux dans leurs œuvres, il nous est ainsi plus facile de comprendre la société africaine d'aujourd'hui. »

C'est exactement dans cet esprit qu'a été conçue l'exposition, d'après son conservateur, James Sserwadda. Tout en suivant sa formation de master en cinéma à l'ICB, il s'est spécialisé en art et design à l'université. L'idée lui est donc venue de communiquer avec le public chinois à travers l'art, un outil qui lui permet d'exprimer ses sentiments personnels en plus de rapprocher les cultures africaine et chinoise. « Je voudrais devenir un ambassadeur entre nous et cultiver des graines d'espoir qui s'épanouiront un jour », avoue-t-il à CHINAFRIQUE. À cet effet, en collaboration avec Megan Mace, une artiste sud-africaine et conservatrice indépendante, il a mis en place cette plateforme. Une opportunité tant pour les spectateurs chinois que pour les artistes africains.

Pour Miatta Momoh, organisatrice de l'événement Africa Week, il est indispensable d'inclure Art Afrik dans son programme culturel qui introduit danse et musique, en passant aussi par la gastronomie. « L'art s'affranchit de la barrière des langues. C'est formidable d'ouvrir le dialogue de cette manière », affirme-t-elle.

Selon elle, bien que la Chine constitue le premier partenaire commercial de l'Afrique, il existe pourtant un gap en matière de connaissance mutuelle. Ainsi est-il urgent d'instaurer un mécanisme qui favorise les échanges culturels et humains, en dehors de la sphère politique. Africa Week, en général, et Art Afrik, en particulier, font partie des projets qui vont dans ce sens.

À l'avenir, M. Sserwadda affirme ne pas vouloir se contenter de célébrer l'art africain uniquement à Beijing. Il envisage d'organiser prochainement l'exposition à Guangzhou (chef-lieu de la province du Guangdong dans le sud du pays) et espère voir davantage de formes d'art africain faire leur apparition en Chine.

 

Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn

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