La principale source d’énergie hydroélectrique du pays - le barrage de Kariba - ne dispose plus que de 24 % de ses réserves d’eau utilisable pour produire de l’électricité. La sécheresse dans la région signifie que le débit du fleuve Zambèze, qui alimente les réserves de Kariba, est maintenant bien en deçà de ce qui est nécessaire. Lorsque le niveau de l’eau baisse, la capacité des centrales hydroélectriques à produire de l’électricité diminue également. 

Le niveau d’eau à Kariba a baissé de 10 cm au cours du mois de juillet, avant de s’établir à 478,88 m le 29 juillet 2019. L’année dernière à la même date, le niveau des réserves d’eau était de 486,76 m selon l’Autorité des eaux du Zambèze, un organisme qui supervise le barrage.  

Changement climatique 

« C’est une question de changement climatique », a affirmé Priscah Mugabe, spécialiste du climat à l’Institut des études environnementales de l’Université du Zimbabwe. « Le changement climatique est visible dans les tendances des précipitations au Zimbabwe de 1901 à nos jours. » 

Les sécheresses persistantes dans le pays dues au changement climatique ont miné la fiabilité de l’énergie hydroélectrique, ce qui a incité le gouvernement à se tourner vers les énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire. 

« L’énergie solaire peut réduire la dépendance du pays à l’égard de l’énergie hydroélectrique et des combustibles fossiles non renouvelables, et elle peut réduire considérablement nos importations d’énergie, économisant ainsi des devises étrangères. Celles-ci pourront être redirigées vers d’autres programmes de développement », a expliqué Fortune Chasi, ministre de l’Énergie et du Développement énergétique du Zimbabwe. 

Selon M. Chasi, la Chine est devenue l’un des principaux partenaires du Zimbabwe dans ses efforts visant à pallier les pénuries d’électricité par l’installation de panneaux et de systèmes solaires chez les habitants. 

« Plus de 10 000 systèmes à énergie solaire ont été installés dans les maisons à travers le pays », a déclaré M. Chasi, ajoutant que 400 mini-systèmes à énergie solaire avaient également été installés dans des écoles et cliniques rurales. 

Pour encourager la transition vers l’énergie solaire, le gouvernement a supprimé les droits d’importation sur les technologies d’énergie solaire et a rendu l’utilisation obligatoire de l’énergie solaire pour tous les nouveaux projets de construction. 

« Pour remédier aux problèmes liés à l’approvisionnement en électricité, le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un programme à grande échelle pour promouvoir l’importation et la production locale d’équipements à énergie solaire », a déclaré Monica Mutsvangwa, ministre de l’Information, de la Publicité et de la Diffusion du Zimbabwe, lors d’une conférence de presse.   

Aide de la Chine 

Afin de mettre en place des systèmes à énergie solaire, le gouvernement du Zimbabwe a lancé la construction de la Centrale à énergie solaire de Gwanda. Le géant chinois de l’ingénierie électrique CHINT Electric Co. Ltd. a réaffirmé son engagement envers la mise en oeuvre de ce projet d’énergie solaire de 100 mégawatts dans les plus brefs délais. 

Dans une lettre que le vice-président de la société, Lin Bosheng, a adressée au gouvernement zimbabwéen en avril de cette année, M. Lin a déclaré que le Zimbabwe disposait d’excellentes conditions en matière de rayonnement solaire ainsi que d’un bon système de transmission d’électricité. 

Il a également souligné que la mise en place d’une capacité de production d’électricité excédentaire sur la base de sources d’énergie propres et renouvelables, telles que l’énergie solaire, offrirait au Zimbabwe la possibilité de gagner des devises étrangères dont le pays a tant besoin. En effet, le pays serait en mesure d’exporter l’électricité excédentaire vers d’autres pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe. 

« Le Zimbabwe et la Chine entretiennent des relations dans divers domaines tels que la culture et la coopération économique, qui remontent à plus de 60 ans ; nous pouvons donc compter sur le soutien et la bonne volonté de nos deux gouvernements pour mener à bien ce projet », a déclaré M. Lin. 

CHINT Electric est la quatrième plus grande entreprise privée d’énergie en Chine. Elle a piloté l’installation de centrales solaires totalisant une capacité d’environ 5 000 mégawatts à travers le monde, y compris des systèmes électriques pour la Société de transmission et de distribution d’électricité du Zimbabwe.   

Saisir les opportunités 

En dehors de CHINT Electric, la société chinoise Yaowei Technology, spécialisée dans l’énergie solaire, a annoncé qu’elle installera une usine de production de panneaux solaires d’une valeur de 15 millions de dollars au Zimbabwe. Celle-ci produira jusqu’à 500 panneaux solaires par jour. 

Une fois lancé, le projet permettra de remédier de manière significative aux pénuries d’électricité causées par les bas niveaux d’eau du barrage de Kariba et les équipements obsolètes de la Centrale thermique de Hwange. 

« L’usine devra produire au moins 500 panneaux solaires par jour pour augmenter l’approvisionnement en électricité dans le pays et contribuera également à créer des emplois », a expliqué Cheng Hangjian, directeur technologique chez Yaowei. « Actuellement, nous faisons des études de faisabilité pour identifier d’autres projets dans lesquels investir. » 

M. Cheng a déclaré que le Zimbabwe devait investir dans la recherche pour tirer parti des opportunités qui s’offrent à lui, notamment dans les secteurs minier, agricole, manufacturier et touristique. Il a incité le secteur privé à jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’énergie durable afin que le pays puisse réaliser son plein potentiel. 

« Le Zimbabwe recèle de vastes possibilités qui ne sont pas pleinement exploitées. Il est donc nécessaire d’utiliser les ressources locales pour atténuer les pénuries d’électricité, comme c’est le cas avec l’utilisation de l’énergie solaire », a déclaré M. Cheng, qui a ajouté que les pannes d’électricité actuelles exigent que le secteur public et le secteur privé jouent un rôle dans la résolution de ces problèmes. 

D’autres projets énergétiques sont également en cours pour mettre fin aux problèmes électriques du pays. 

Au fil des ans, la Chine a collaboré avec le Zimbabwe pour relever de nombreux défis énergétiques. En 2015, la société chinoise Sinohydro Corp. a conclu un accord avec le gouvernement zimbabwéen pour agrandir la Centrale électrique de Kariba South au coût de 533 millions de dollars. Le projet a maintenant été mis en service. 

« Un autre grand projet, le projet d’expansion de la Centrale thermique de Hwange, est en cours et sera achevé d’ici à trois ans. D’ici la fin des travaux, 3 000 emplois auront été créés pour les Zimbabwéens et 600 mégawatts auront été ajoutés au réseau électrique du pays. Cela aidera le Zimbabwe à réaliser l’autosuffisance énergétique », a déclaré l’ambassadeur de Chine au Zimbabwe, Guo Shaochun. 

En outre, la société chinoise Power Construction Corp. et le géant américain des systèmes électriques General Electric ont récemment été choisis par le Zimbabwe et la Zambie pour entreprendre la construction de la Centrale hydroélectrique de la gorge de Batoka. La centrale produira 2 800 mégawatts qui seront répartis entre les deux pays.   

Reportage du Zimbabwe 

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