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  2019-09-05
 

La Chine apprend à trier ses déchets

par Li Nan  ·   2019-09-05
Mots-clés: tri des déchets; Chine
Des élèves apprennent à trier les déchets dans une école primaire de Hefei, dans la province de l’Anhui, le 11 juillet. (XINHUA)

Grâce aux nouvelles poubelles intelligentes installées dans plusieurs arrondissements de Beijing, les résidents de la capitale chinoise peuvent maintenant obtenir des récompenses simplement en jetant leurs déchets ménagers.

Pour ce faire, les habitants doivent d'abord balayer un code situé sur le couvercle du bac à ordures. Des superviseurs sur place vérifient ensuite que les ordures ont été correctement triées. Les déchets sont enfin déposés dans le bac correspondant à leur catégorie, et des points sont ajoutés au compte personnel des résidents. Les points peuvent être accumulés et échangés plus tard contre différents articles.

« C'est une bonne façon d'encourager les gens à trier leurs ordures correctement », a expliqué M. Li Ping, un volontaire participant au triage des ordures, à CHINAFRIQUE. De plus, les poubelles intelligentes se ferment automatiquement, gardant les odeurs désagréables à l'intérieur. « L'environnement et l'air de notre quartier sont beaucoup plus propres maintenant », s'est-il réjoui.

En 2016, de telles poubelles intelligentes ont été introduites dans plusieurs quartiers résidentiels de Beijing dans le cadre d'un projet pilote visant à encourager le tri des déchets. À la fin 2018, le programme touchait plus de 30 % des arrondissements de la ville. Ce nombre devrait tripler d'ici la fin de 2020.

La carotte et le bâton

Beijing a été l'une des huit premières villes chinoises à introduire le tri des déchets en 2000. Douze ans plus tard, un règlement a été mis en place dans la capitale pour gérer le tri des déchets dans les bureaux gouvernementaux, les sociétés de gestion immobilière et les unités de traitement des déchets.

Cependant, les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes. Le tri des ordures n'était pas obligatoire et les incitations n'étaient pas assez fortes pour changer les comportements, selon Wu Xiangyang, chercheur associé à l'Académie des Sciences sociales de Beijing.

Par conséquent, la capitale croule sous les ordures. Près de 2,6 tonnes d'ordures ménagères sont produites chaque jour à Beijing, soit 1,1 kg par habitant chaque jour, selon Sun Xinjun, responsable de la Commission municipale de gestion urbaine de Beijing. Le problème ne concerne pas uniquement la capitale. Selon les données du ministère de l'Écologie et de l'Environnement (MEE), près de 202 millions de tonnes d'ordures ménagères ont été produites en Chine en 2018. Le tri des déchets peut résoudre ce problème. Ainsi, 46 villes, dont les quatre plus importantes – Beijing, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen – vont introduire le tri obligatoire des déchets d'ici la fin 2020. Le 1 juillet, Shanghai est devenue la pionnière de la mise en œuvre de cette mesure sans précédent en rendant obligatoire le tri des déchets.

Le nouveau règlement comprend autant d'incitations que de punitions. D'une part, les résidents qui trient bien leurs déchets sont récompensés par des points qui peuvent être échangés contre des cadeaux ou des services. D'autre part, les individus et les entreprises qui ne trient pas leurs déchets se verront imposer une amende allant de 200 à 50 000 yuans (d'environ 28 à 7 125 dollars). Le tout semble avoir fonctionné : d'un mois sur l'autre, Shanghai a collecté 14,8 % d'ordures ménagères et 9,68 % de matières recyclables en plus.

Aujourd'hui, Beijing réfléchit à modifier sa loi sur le tri des ordures. « Quand la nouvelle loi entrera en vigueur, il deviendra illégal de ne pas trier ses ordures. L'amende minimale pour les contrevenants à Beijing ne sera pas inférieure à 200 yuans (28 dollars) », a déclaré M. Sun.

Une approche sur mesure

Des mesures spécifiques seront aussi adoptées à différents endroits lors de l'introduction du tri des ordures. Dans les zones rurales, un processus innové « en circuit fermé » s'est avéré une mesure efficace. Cela consiste à transformer les ordures en engrais organique. Xinzhuang, un village du nord de Beijing, en est un bel exemple.

Les 2 000 villageois de Xinzhuang gagnent leur vie en cultivant des fraises dans des serres. Avant 2012, le village jetait toutes ses ordures dans une fosse de 667 mètres carrés et de seulement quelques dizaines de mètres de profondeur. Bien que cette fausse doive servir pour une décennie, elle était presque pleine après seulement quatre ans. Cela a entraîné des conséquences fortuites, comme la mort de certains animaux d'élevage qui ont mangé des sacs de plastique provenant des ordures ménagères.

Yang Jing, une habitante du village, a perdu l'un de ses moutons de cette façon. Avec six autres femmes, elle a mis sur pied un groupe de bénévoles pour aider à nettoyer le village. Elles ont introduit et encouragé le tri des déchets. Des volontaires se sont joints au comité de gestion du village pour persuader les villageois de trier leurs ordures.

Des conférences, des spectacles et d'autres activités ont été organisés pour éduquer et encourager les villageois à prendre part à l'initiative. Après deux ans d'efforts, les villageois ont pris l'habitude de trier leurs ordures. De 80 à 90 % des déchets sont désormais recyclés. Autrefois sale, le village est devenu un exemple à suivre.

Le modèle de Xinzhuang a été introduit dans d'autres zones rurales du nord, du sud et de l'est de la Chine. En juillet 2018, plus de 60 villages avaient lancé une campagne « zéro pollution dans le village ».

Participation massive

Convaincre les citoyens de se joindre à cette campagne représente un défi de taille pour le gouvernement. Une enquête du MEE réalisée en juin a révélé que seulement 30,1 % des répondants trient leurs déchets, bien que plus de 92,2 % admettent que le tri des déchets est essentiel pour protéger l'environnement. Ainsi, les entreprises, les principales organisations du Parti communiste chinois (PCC), les volontaires et les écoles ont été encouragés à se joindre à l'initiative et à faire en sorte que d'autres en fassent autant.

Depuis 2016, Beijing utilise les services de tiers pour la collecte des ordures. Ceux-ci installent des bacs intelligents dans les quartiers, embauchent des superviseurs du tri des ordures sur place, lancent des applications en ligne et offrent des cadeaux pour encourager les résidents à trier correctement leurs ordures. De nombreux nouveaux emplois ont été créés au cours de ce processus. En 2018, il y avait plus de 27 800 superviseurs du tri des déchets.

« Les membres du PCC jouent également un rôle positif », a déclaré Wang Ying, directrice du comité gestion de quartier Baiziwan, à CHINAFRIQUE. Les membres du Parti au sein de son comité participent activement au tri des ordures et donnent l'exemple à leurs voisins et à leurs proches, a expliqué Mme Wang.

Les bénévoles – souvent des retraités – sont également une force importante pour encourager le tri des déchets. Par exemple, dans une communauté résidentielle de l'est de Beijing, plus de 100 bénévoles sont connectés via un groupe sur WeChat, la messagerie instantanée la plus populaire de Chine. Les informations sur le tri des déchets et d'autres activités sont relayées par les membres et se répercutent dans toute la communauté.

Les écoles ont également mis l'épaule à la roue. Dans la ville de Xiamen, dans la province du Fujian (sud-est de la Chine), trois types de manuels sont disponibles pour enseigner aux jeunes de 3 à 18 ans à identifier les différents types de déchets. Les collèges et les jardins d'enfants organisent aussi des conférences et d'autres activités sur le tri des déchets.

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