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  2019-09-30
 

Feu vert pour l'interdiction du plastique

par Edwin Nyirongo  ·   2019-09-30
Mots-clés: Malawi; interdiction du plastique
Marche pour l’environnement au Malawi contre l’utilisation des sacs en plastique. (COURTOISIE)
 

Si les Malawiens transportaient leurs provisions dans des sacs en plastique à usage unique (moins de 60 microns), la donne va bientôt changer. En août, la Cour suprême a interdit les sacs plastiques dans tout le pays, une victoire certaine pour les environnementalistes.

Mais ce succès a un prix, en termes de coût et de temps. Depuis 2015, le gouvernement malawien tente de mettre en œuvre l'interdiction, qui a été bloquée à plusieurs reprises.

En effet, l'interdiction a été proposée pour la première fois dès 2011, à l'instar du Rwanda. Toutefois, l'Association des fabricants de plastique du Malawi a demandé au gouvernement de retarder l'interdiction, arguant du fait qu'ils devaient modifier leurs machines pour respecter les normes recommandées.

En 2015, le gouvernement du Malawi a publié un Règlement sur la gestion de l'environnement (plastiques), interdisant l'utilisation de sacs en plastique fin. La réglementation interdit spécifiquement « la fabrication, la distribution, l'importation, la vente et l'utilisation de plastiques de moins de 60 microns ». Elle exempte toutefois les matières plastiques utilisées pour l'emballage du pain, des produits à base de viande fraîche et de poisson frais, de la volaille fraîche et des produits à base de volaille.

Les autres matières plastiques exemptées sont celles utilisées pour l'emballage des fruits ou des noix, des confiseries, des produits laitiers, des aliments cuits, des produits liquides ou surgelés, de la petite quincaillerie, des produits médicinaux et vétérinaires.

 

À quoi répond l'interdiction ?

Selon Sangwani Phiri, porte-parole du ministère des Ressources naturelles du Malawi, les plastiques ont de nombreux effets négatifs.

De fait, en ne se décomposant jamais complètement, les déchets plastiques constituent un danger pour l'environnement.

« Lorsque les agriculteurs labourent les champs et que les plastiques sont enterrés, les plantes ne poussent pas car les plastiques génèrent un excès de chaleur. Cette [situation] peut mener à la famine », explique M. Phiri.

Les plastiques ont également un effet néfaste sur la santé humaine. Selon le porte-parole, ceux-ci produisent des substances chimiques toxiques pouvant provoquer le cancer, des anomalies congénitales, une déficience immunitaire, des troubles endocriniens et autres.

Phiri rappelle enfin l'impact des plastiques sur la faune, et leurs conséquences sur le tourisme.

« Les animaux sauvages confondent souvent les plastiques avec de la nourriture. Lorsqu'ils les mangent, les plastiques ne peuvent pas être digérés et entraînent une mort lente de l'animal. Lorsque la carcasse se décompose, le plastique, lui, perdure, ce qui entraîne la mort d'autres animaux qui se nourrissent des carcasses. Et d'ajouter : « les plastiques empoisonnent notre chaîne alimentaire. Les petites créatures, comme le plancton, consomment des microplastiques et en absorbent les produits chimiques.

De plus, les minuscules morceaux de plastique cassés déplacent les algues nécessaires à la survie de la vie marine qui s'en nourrit. »

Un rapport commandé par le gouvernement malawien, en coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le refuge animalier Lilongwe Wildlife Trust, indique que le stock de poissons du plus grand lac d'eau douce du pays, le lac Malawi, pourrait être épuisé d'ici 2050, à moins que l'utilisation de plastiques fins ne soit limitée.

La Wildlife Trust s'est alarmée que le Malawi produisait 75 000 tonnes de plastique chaque année, dont 80 % ne pouvaient pas être recyclées.

Jonny Vaughan, directeur général, a fait l'annonce dans un communiqué publié sur le site web du refuge que « le jugement d'aujourd'hui (1 août) est une victoire fantastique pour tous ceux qui souhaitent voir un Malawi plus propre, plus sain et plus prospère. L'opinion publique, politique et scientifique est depuis longtemps unanime sur la question des plastiques fins, et je suis ravi que le Malawi rejoigne à présent une communauté internationale progressiste défendant son patrimoine naturel ».

 

Bataille juridique

En janvier 2016, un an après que le gouvernement malawien eut rendu illégales la production et la vente de plastiques fins, Aero Plastics Industries, Rainbow Plastics et douze autres fabricants dans le pays ont demandé et obtenu du tribunal une injonction au gouvernement de cesser la mise en œuvre de la décision. Les sociétés ont fait valoir que l'interdiction portait atteinte à leur droit de faire des affaires, car elle avait entraîné la fermeture de leurs usines et, par conséquent, la vente de plastiques. En juin 2018, la Haute Cour du Malawi a confirmé l'interdiction après un nouvel examen.

Cependant, en juillet 2018, un autre juge de grande instance a de nouveau suspendu l'interdiction et ordonné la tenue d'une audience entre parties. Malgré cela, les fabricants ont obtenu une autre injonction empêchant le gouvernement d'appliquer cette interdiction. L'affaire a ensuite été renvoyée devant la Cour d'appel suprême.

La grogne contre les sacs en plastique a finalement atteint les couloirs de la Cour d'appel suprême et, le 1 août dernier, un verdict a été rendu : les sacs en plastique de moins de 60 microns seront désormais interdits dans le pays. Patrick Matanda, secrétaire principal du ministère des Ressources naturelles, de l'Énergie et des Mines, a prévenu qu'à ce titre que toute personne impliquée dans la fabrication, la distribution, l'importation, la vente et l'utilisation de plastiques devait désormais se conformer à la loi sous peine de sanctions pénales.

 

Utilisation alternative

Sangwani Phiri n'a pas tenu compte de l'argument selon lequel l'interdiction priverait les gens de sacs pour transporter leurs achats. « Nous devons comprendre que les choses ne seront plus jamais pareilles. Nous disposons d'un certain nombre d'alternatives pouvant être utilisées à cet effet, comme des sacs de jute, des sacs en tissu ou même des paniers. Notre priorité désormais est de faire en sorte que les plastiques appartiennent au passé et que le pays soit nettoyé », a-t-il soutenu.

Selon le PNUD, cette interdiction signifie que le Malawi rejoint désormais une communauté de 62 pays dans le monde ayant pris des mesures pour lutter contre la pollution par les plastiques en interdisant la production ou l'utilisation de produits en plastique à usage unique.

En Afrique, un certain nombre de pays ont opté pour l'interdiction des sacs en plastique fin, ou pour la taxation de la production, comme le Kenya, le Cameroun, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie et l'Afrique du Sud.

Andrew Spezowka, gestionnaire de portefeuille pour la résilience et la croissance durable au PNUD, a expliqué que le Malawi devait proposer un ensemble de solutions alternatives pour atténuer les problèmes socio-économiques pouvant résulter de la fermeture des usines de fabrication de plastiques fins. Selon le PNUD, les plastiques et les emballages représentent 29 % des exportations de l'industrie manufacturière du Malawi. Les 15 entreprises de fabrication de plastique actuellement en activité sur place produisent environ 75 000 tonnes de plastique par an, dont près de 80 % de plastiques à usage unique.

Le secteur affirme que 5 000 emplois pourraient être perdus suite à la décision d'interdire les sacs en plastique d'une épaisseur inférieure à 60 microns. Toutefois, les coûts engendrés par la pollution du plastique pour les municipalités, la pêche, l'agriculture, le tourisme et la santé humaine seront probablement plus élevés que ceux d'une interdiction, a précisé le PNUD.

L'organisation a noté que l'élimination des plastiques à usage unique stimulerait le marché en proposant des solutions de remplacement plus durables, telles que le recyclage, les sacs réutilisables et les bouteilles en verre, créant ainsi de nouvelles possibilités d'emploi. Cette situation a été observée dans d'autres pays où la réglementation et les incitations ont réduit l'utilisation des sacs en plastique à usage unique.

 

Reportage du Malawi

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