Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le pays a réalisé de nombreux progrès en matière de construction de réseaux de transport. En Afrique, la Chine a joué un rôle important dans l'amélioration du système de transport et donné un coup de pouce nécessaire aux efforts du continent pour réaliser l'intégration régionale. Le réseau ferré qui traverse l'Afrique en est une bonne illustration.

Selon Chen Fenjian, secrétaire du Parti communiste chinois de la China Railway Construction Corporation (CRCC), la longueur totale des lignes urbaines et interurbaines construites par l'entreprise et ses filiales en Afrique dépasse 10 600 km.

Un grand nombre de ces lignes ont été construites dans le cadre de l'initiative chinoise « la Ceinture et la Route », dont les lignes Mombasa-Nairobi, Addis-Abeba-Djibouti, Abuja-Kaduna au Nigeria et la ligne de Benguela en Angola.

Le réseau ferré fait désormais partie des projets phares de l'Afrique et permet de mieux connecter les pays du continent entre eux.

Une histoire d'amitié

La coopération entre la Chine et l'Afrique dans la construction de chemins de fer a débuté avec le projet Tanzanie-Zambie (TAZARA) dans les années 1970.

En 1965, un conflit dans la région de l'Afrique centrale a isolé la Zambie. Pays enclavé, elle ne disposait d'aucun moyen pour acheminer sa production massive de cuivre vers la mer. La Chine a alors construit une ligne de chemin de fer reliant Kapiri Mposhi (Zambie) à la ville portuaire de Dares-Salaam (Tanzanie), d'une longueur de 1 850 km.

Construite par China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC), filiale de la CRCC, cette ligne était le plus grand projet que la Chine ait construit à l'étranger à l'époque. Il a été officiellement remis aux gouvernements zambien et tanzanien le 14 juillet 1976. Mark Mwandosya, ancien ministre de la Communication et du Transport de la Tanzanie, a déclaré : « Ceux d'entre nous qui ont eu la chance d'assister à la construction seront à jamais reconnaissants envers la Chine. »

Les chiffres officiels de la CCECC montrent que la TAZARA a permis de transporter plus de 30 millions de tonnes de fret et plus de 40 millions de passagers depuis sa mise en service. Au cours de cette période, la Chine a offert un soutien technique pour permettre le bon fonctionnement de la ligne.

La TAZARA n'est pas la seule voie ferrée à jouer un rôle important en Afrique. La ligne Mombasa-Nairobi, financée par la Chine, sert de nouveau moteur à la croissance économique du Kenya et accroît le dynamisme de toute la sous-région est-africaine.

Plus grand port d'Afrique de l'Est, le port de Mombasa est en développement constant. On estime que d'ici 2030, le débit annuel du port atteindra plus de 30 millions de tonnes de marchandises. Cependant, la ligne de chemin à voie étroite reliée au port était depuis longtemps en mauvais état et s'avérait être incapable de répondre aux besoins.

En décembre 2014, les travaux de la nouvelle ligne Mombasa-Nairobi, à voie normale, ont débuté pour un coût d'environ 3,8 milliards de dollars. En 2017, la CRCC a achevé la ligne avec deux ans et demi d'avance sur l'objectif initial.

Au cours des deux dernières années d'exploitation de la ligne, la partie kényane a desservi 3 millions de passagers et transporté plus de 4,4 millions de tonnes de fret.

Améliorer le quotidien

« Si vous posez une question à propos de la Chine à un Kényan, la première chose qui lui viendra à l'esprit est la ligne Mombasa-Nairobi », a affirmé Raphael Tuju, secrétaire général du Jubilee, le parti au pouvoir, à l'agence de presse Xinhua.

En effet, les chemins de fer construits par la Chine ont été une porte d'entrée, contribuant à transformer le commerce régional, et à faciliter le quotidien des populations sur place.

En juillet 2017, la China Railway a signé un accord de transfert avec le Bureau du chemin de fer de Benguela, marquant l'achèvement de la ligne de Benguela, longue de 1 344 km, la deuxième plus longue voie de chemin de fer construite par la Chine à l'étranger, après la TAZARA.

La ligne, qui relie le port atlantique de Lobito, en Angola, à la ville frontalière de Luau, à l'est du continent, de même qu'au réseau ferroviaire de la République démocratique du Congo, est la première ligne de chemin de fer traversant le continent d'ouest en est. Son rôle dans le développement économique local revêt donc une importance majeure.

Liu Feng, chef du projet, a indiqué que la nouvelle ligne était conçue pour supporter une vitesse de 90 km à l'heure. L'ancienne voie de Benguela, construite selon les normes portugaises, ne permettait aux trains de circuler qu'à 30 km à l'heure.

D'une longueur totale de 1 344 km pour une vitesse de 90 km à l'heure, la ligne de Benguela est le projet de chemin de fer moderne le plus long et le plus rapide jamais construit en Angola, construit uniquement avec des matériaux et des équipements locaux. Par ailleurs, la capacité en termes de passagers est passée de 125 000 en 2011 à 584 000 au premier semestre 2018, le volume de fret passant de 7 000 tonnes à 210 000 tonnes au cours de la même période.

En outre, les projets d'infrastructure ferroviaire peuvent créer davantage d'opportunités d'emploi sur la scène locale. Tilahun Sarka, directeur général de l'Addis-Abeba-Djibouti SGR Share, qui exploite et entretient la ligne, a indiqué que la société employait 1 000 Éthiopiens, 200 Djiboutiens et 700 Chinois.

Selon la CRCC, depuis le début de ses projets de construction en Afrique, plus de 450 000 travailleurs ont été employés sur le continent et plus de 300 000 employés ont reçu une formation professionnelle.

Protection de la nature

Au-delà du confort, ces chemins de fer se sont également adaptés aux mouvements de la faune, causant ainsi une interférence minimale avec les animaux.

La ligne Mombasa-Nairobi, qui s'étend sur 480 km, compte 79 ponts et 33 gares. Ce qui était auparavant un trajet de plus de 10 heures est désormais un voyage très pratique de quatre heures.

Toutefois, la construction de la voie ferrée avait, à l'origine, suscité l'inquiétude des environnementalistes et des défenseurs de la nature, qui craignaient que la voie ne gêne les migrations de la faune.

Il y a un siècle, le Royaume-Uni avait construit une voie ferrée métrique au Kenya dont le tracé ressemblait beaucoup à celui de la ligne à écartement standard, qui traversait également le parc national de Stave. Cependant, en l'absence de mesures de protection, de nombreux accidents de train impliquant des animaux ont eu lieu, à tel point que la ligne a été surnommée « Lunatic Express » par les habitants.

Pour remédier à cette situation et protéger la faune, les constructeurs chinois ont conçu neuf corridors de migration pour les animaux sauvages, dont six chenaux et trois ponceaux.

La hauteur moyenne des piliers du pont est de plus de 6,5 mètres, ce qui est suffisant pour que même le plus grand mammifère terrestre, la girafe, puisse y passer sans avoir à baisser la tête.

En plus des passages réservés aux animaux comme les ponts, la voie ferrée est également équipée de ponceaux le long des rivières, idéaux pour les animaux se rendant aux points d'eau, à l'instar des zèbres. Les ponceaux servent également de passage aux petits animaux sauvages pour traverser le chemin de fer.

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