Compte tenu de son importance historique, diplomatique et politique pour le continent, la capitale éthiopienne Addis-Abeba est souvent appelée « la capitale politique de l'Afrique ». La ville abrite de nombreuses organisations continentales et internationales, y compris le siège de l'Union africaine et la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. C'est également le siège social du plus grand groupe aéronautique du continent, Ethiopian Airlines.

Considéré par beaucoup comme la porte de l'Afrique, l'aéroport international d'Addis-Abeba Bole est l'un des lieux de transit les plus fréquentés du continent, accueillant chaque jour des dizaines de milliers de personnes.

En 2018, Addis-Abeba a surpassé Dubaï, devenant le principal point de transit pour les passagers long-courriers vers l'Afrique. Dans ces conditions, les capacités actuelles du terminal ne répondent plus aux besoins toujours croissants. Le gouvernement éthiopien a donc lancé un nouveau projet d'agrandissement du terminal de l'aéroport pour doubler sa capacité d'accueil annuelle à 25 millions de passagers, ce qui en ferait le plus grand d'Afrique. La China Communications Construction Company (CCCC) a signé un contrat pour l'élaboration du projet d'agrandissement du terminal de l'aéroport international de Bole en 2012 et s'est mise à l'œuvre en 2015. Le projet d'expansion, qui sera entièrement achevé fin 2020, comprend deux sections appelées Contrat I et Contrat II.

Li Xiudong, directeur général du projet pour la CCCC, a fait part à CHINAFRIQUE que, dans le cadre du Contrat I, l'expansion du terminal 2 est un projet d'intégration complexe et multi systèmes, d'une superficie totale de 118 000 mètres carrés. Les travaux dans le cadre du Contrat II consistent en l'expansion du terminal 1, la construction du nouveau terminal VIP et les travaux associés.

Le PDG d'Ethiopian Airports Enterprise, Eskinder Alemu, a indiqué à CHINAFRIQUE que le projet prévoyait une coopération avec la Chine dans les domaines du financement, de la construction et du transfert de compétences. « Au cours du projet, il y a eu des modifications mineures de conception pour accueillir plus de passagers et Ethiopian Airlines a financé les changements demandés », a-t-il affirmé.

Le terminal agrandi comprend des installations aéroportuaires de pointe, des halls d'enregistrement et d'arrivée élégants et spacieux, diverses boutiques duty free ainsi que des restaurants, faisant passer l'expérience des passagers à un tout autre niveau.

Acheminement Chine-Afrique

Les fonds du Contrat I proviennent d'un prêt concessionnel entièrement financé par la Banque d'import-export de Chine tandis que ceux du Contrat II sont un prêt préférentiel dont 85 % proviennent de la même banque et 15 % du gouvernement éthiopien. Le projet intervient alors que le transporteur national ajoute des vols entre Addis-Abeba et les villes chinoises en augmentant ses vols hebdomadaires de passagers et de fret à 50, contre 35 auparavant, vers cinq destinations de Chine : Beijing, Shanghai, Hong Kong, Chengdu et Guangzhou.

Le transporteur éthiopien, présent en Chine depuis 1973, prévoit d'ouvrir de nouvelles routes aériennes vers Chongqing, Shenzhen et Zhengzhou. Cela fait suite à la signature en mai 2019 d'un accord de coopération sur les routes de fret avec les partenaires chinois concernés dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route ».

L'Éthiopie considère le projet d'agrandissement des terminaux comme crucial pour répondre au nombre croissant de touristes chinois. Le pays a enregistré 190 millions de dollars de revenus grâce aux 50 626 touristes chinois qui ont visité le pays en 2018, selon le ministère éthiopien de la Culture et du Tourisme. La Chine est la troisième plus grande source de touristes visitant l'Éthiopie, derrière les États-Unis et la Grande-Bretagne.

D'autres pays africains espèrent également améliorer le nombre relativement faible de visiteurs chinois sur le continent. Le Kenya, qui est la troisième plus grande économie touristique d'Afrique subsaharienne, contribuant à environ 8,8 % du PIB du pays, en est un exemple. Le Kenya a compté environ 230 500 visiteurs chinois en 2018, selon l'agence de presse Xinhua. Cependant, le pays, qui dépend de l'aéroport d'Addis-Abeba, espère attirer beaucoup plus de touristes chinois chaque année. Son secteur touristique a soutenu 1,1 million de personnes l'année dernière, selon le World Travel and Tourism Council.

En 2018, un rapport intitulé « Souverains - L'Afrique, des liens commerciaux et d'investissement plus étroits avec la Chine », publié par l'agence de notation Moody's, indique que 10 pays africains, dont l'Afrique du Sud, Maurice, le Maroc, l'Égypte et le Kenya, sont les plus susceptibles de bénéficier d'un nombre accru de visiteurs en provenance de Chine.

Ethiopian Airlines a mis en place un service de centre de visas dans 35 pays africains, aidant les Chinois et autres ressortissants étrangers à se rendre directement en Éthiopie et au-delà sans avoir besoin de transiter par Beijing, où se trouvent la plupart des ambassades des pays africains. « Ce système facilitera les déplacements des experts et hommes d'affaires chinois », a déclaré Tewolde Gebre Mariam, PDG d'Ethiopian Airlines. « Nous pensons que le régime des visas renforcera considérablement les relations commerciales sino-africaines et nous en sommes ravis », a-t-il ajouté.

En janvier de cette année, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont présidé l'inauguration officielle du terminal 2 pour les passagers internationaux, parallèlement à l'ouverture du luxueux Ethiopian Skylight Hotel qui abrite le plus grand restaurant chinois en Afrique. M. Ahmed souhaite qu'Ethiopian Airlines ne se contente pas du nouveau terminal, mais vise une installation encore plus grande avec une capacité pouvant accueillir chaque année au moins 100 millions de passagers.

Modèle de coopération

L'année 2020 marque le 50 anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre l'Éthiopie et la Chine. Actuellement, cette dernière est la plus grande partenaire commerciale et le plus grand investisseur en Éthiopie. Le conseiller économique et commercial de l'ambassade de Chine en Éthiopie, Liu Yu, a souligné que le nouveau terminal était un catalyseur et changerait la donne pour le développement économique de la nation.

Le projet d'extension du terminal a créé un grand nombre d'emplois pour les citoyens. Selon M. Li, le projet a employé plus de 1 000 travailleurs pour sa phase d'achèvement et, à ce jour, il a créé plus de 5 000 emplois. Il prévoit que le nombre de passagers de l'aéroport atteindra 40 millions par an, dépassant la capacité nominale du nouveau terminal dans quelques années.

M. Li a affirmé que la CCCC était impatiente d'entreprendre la construction d'un nouvel aéroport, prévu en dehors d'Addis-Abeba, ce qui répondrait à l'aspiration des compagnies aériennes à relier l'Afrique au reste du monde.

Reportage de l'Éthiopie

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