Selon Cong Liang, secrétaire général de la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), en dehors de la province du Hubei, l’endroit le plus durement touché, d’autres régions au niveau provincial reprennent le travail. Les entreprises dans des domaines clés tels que la fabrication de matériaux médicaux, l’énergie, les céréales, le transport et la logistique ont redémarré leur activité.   

Recoller les morceaux   

Les entreprises fournissant des biens et des services de lutte contre les épidémies, comme du matériel médical et des produits de première nécessité, ont été parmi les premières à reprendre le travail. Elles sont en course vers la pleine production. Le 8 février, quatre lignes de production d’acrylonitrile, un composé organique utilisé dans les masques chirurgicaux, les gants et les combinaisons de protection, battaient leur plein dans une usine de Sierbang Petrochemical à Lianyungang, dans la province du Jiangsu, dans l’est de la Chine. « Nous avons fait un plan de production rationnel pendant les vacances et avons suffisamment de personnes et de matériaux pour la production », a indiqué Bai Wei, directeur général de Sierbang   

La capacité de production de masques médicaux nationaux a rebondi à près de 87 % au 7 février, a affirmé Chen Da, un responsable de la NDRC. M. Chen a ajouté que près de 95 % des principales sociétés de production et de transformation de céréales avaient repris la production et qu’il y avait suffisamment de gaz naturel, d’électricité et de pétrole raffiné.   

Les sociétés de logistique devraient atteindre plus de 40 % de leur capacité de manutention normale à la mi-février, selon le Bureau central de la Poste.   

Dans d’autres secteurs, les entreprises ont modifié leurs méthodes de travail et recommencé la production par étapes. La désinfection et les contrôles sanitaires quotidiens et à grande échelle sont devenus la norme dans les espaces publics et les entreprises. Le télétravail et le travail par équipes sont des méthodes utilisées afin de réduire les contacts. Les personnes revenant dans leur ville sont restées chez elles pendant 14 jours, la période d’incubation du virus. Les organes et les entreprises du service public travaillent en ligne, l’approbation et l’attribution des affectations se faisant par e-mail ou par téléphone. Lorsque des déplacements domicile-travail et des travaux sur place sont nécessaires, les employés sont encouragés à prendre des véhicules privés.   

Mais des difficultés existent. « Les fabricants ont retardé leur retour au travail, ce qui a entraîné une baisse de la demande de nos produits. De plus, les contraintes logistiques ont également affecté le transport de nos matériaux et produits », a exprimé M. Bai.   

Pour faire face au problème de logistique, il a loué des réservoirs de stockage pour alléger le fardeau de l’entrepôt et a ajusté la structure du produit. Plus de produits chimiques solides sont fabriqués car ils sont plus faciles à stocker que les produits liquides.   

Surmonter les obstacles   

La plupart des entreprises sont confrontées à des défis similaires. La contrainte de mobilité a augmenté le coût du travail. Avec des transports limités, les coûts augmentent, a rapporté Sang Baichuan, doyen de l’Institut d’économie internationale de l’Université des affaires internationales et d’économie de Beijing. L’investissement, le soutien des installations de services et des chaînes d’approvisionnement ont également été touchés. Certains pays étrangers sont susceptibles de reconsidérer leurs importations en provenance de Chine et peuvent restreindre les visiteurs chinois, ce qui affectera le commerce et entraînera une baisse des commandes, tandis que certaines de ces dernières pourraient ne pas être finalisées à temps en raison de la chaîne d’approvisionnement restreinte, a-t-il ajouté.  

« La réduction des commandes et des transactions inachevées peut avoir un impact significatif sur la liquidité des sociétés, en particulier des petites et moyennes entreprises (PME) », a expliqué M. Sang.   

Un récent sondage réalisé par l’Université Tsinghua et l’Université de Pékin auprès de 995 PME a révélé que 70 % de ces dernières pensent pouvoir survivre, au plus, deux mois avec leur trésorerie actuelle. Moins de 10 % ont déclaré qu’elles pourraient continuer sur six mois.   

Outre les PME, la restauration, le commerce de détail et le tourisme ont également souffert. Jia Guolong, fondateur de Xibei, une grande chaîne de restaurants, a narré dans une interview à Chinaventure.com.cn le 1er février que la société avait été contrainte de fermer plus de 400 de ses restaurants à travers le pays. Seulement 100 étaient ouverts pour les services de livraison. Le 6 février, Xibei a signé un accord de crédit de 530 millions de yuans (76 millions de dollars) avec la succursale de Beijing de la Banque de développement de Pudong de Shanghai.   

Les autorités centrales et les collectivités locales sont déjà passées à l’action pour amortir l’impact de l’épidémie sur les entreprises, notamment les PME. Au 7 février, 13 régions de niveau provincial et un certain nombre de gouvernements de niveau inférieur avaient publié des politiques pour soutenir les PME avec des mesures telles que la renonciation au loyer sur une base temporaire, des réductions et des reports d’impôts, un soutien au crédit et des subventions, selon un rapport de l’Economic Daily. Pendant ce temps, d’autres politiques sont en cours.   

Planifier pour l’avenir   

Tout en luttant contre la situation actuelle, les entreprises doivent faire des plans pour compenser les pertes. M. Sang a rapporté que certaines difficultés sont temporaires, car la consommation connaîtra un rebond rapide après la disparition de l’effet de l’épidémie. 

Xu Hongcai, directeur adjoint de la Commission de politique économique de la China Association of Policy Science, a confié à Beijing Review que des changements auront lieu dans le mode de vie des gens, car ils accorderont plus d’attention à leur santé, ce qui créera également de nouvelles opportunités dans les affaires. 

« Dans une perspective à long terme, l’épidémie verra une reconstruction complète de l’écosystème commercial du pays, des entreprises, des industries et de la population dans son ensemble, dont l’impact durera longtemps », a observé Li Jiangtao, chercheur postdoctorant à l’Institut d’économie de l’Université Tsinghua.   

En 2003, l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère est devenue un catalyseur pour les industries Internet. À l’ère de la 5G, l’épidémie peut modifier les modèles commerciaux, les habitudes de consommation et d’achat de manière révolutionnaire, a ajouté M. Li. Il a suggéré que les PME accordent plus d’attention au changement social, car cela représente une opportunité de remodeler leurs entreprises et leurs industries. « Je suis convaincu que de nouveaux modèles commerciaux émergeront », a-t-il assuré.   

M. Sang a également conseillé aux entreprises et aux systèmes de services publics d’introduire et de renforcer l’utilisation de l’intelligence artificielle et de l’automatisation dans leur production et leurs services.   

L’épidémie a mis en évidence la faiblesse des infrastructures, les capacités de prévention et de contrôle des épidémies étant insuffisantes. Des hôpitaux de fortune ont dû être construits pour faire face à l’urgence. Il est crucial d’augmenter les investissements publics pour améliorer les services médicaux, a requis M. Sang.