| 2020-07-17 |
Le commerce en ligne |
| par Li Xiaoyu · 2020-07-17 |
| Mots-clés: Foire de Canton; affaires sino-africaines |
La Foire de Canton, mise en ligne en juin pour la première fois de son histoire, donne un second souffle aux affaires sino-africaines

Les employées de Kebeln présentent leurs produits lors d’une séance de diffusion en direct dans leur salle d’exposition 3D. (COURTOISIE)
Une superficie équivalente à 166 terrains de football : un nombre qui traduit toute l’ampleur de la plus ancienne et la plus grande foire de Chine. Il s’agit de la Foire d’importation et d’exportation de Chine, également appelée la Foire de Canton. En raison de la pandémie de COVID-19, la 127e édition de cette foire semestrielle s’est tenue en ligne du 15 au 24 juin dernier pour la première fois depuis sa création en 1957.
Pour la plupart des commerçants chinois et africains, cette nouvelle forme d’exposition est venue juste à point pour maintenir l’élan de leurs relations commerciales mises à l’épreuve par la pandémie.
Un lieu de rendez-vous

L’intérieur d’une salle d’exposition de la 126e Foire de Canton, le 15 octobre 2019. (XINHUA)
En tant que fenêtre d’ouverture de la Chine, la Foire de Canton est l’un des principaux catalyseurs de la promotion du commerce sino-africain. Selon les statistiques, chaque année, la foire attire environ 15 000 commerçants africains, qui représentent 5 % du total des acheteurs.
L’acheteur togolais Sena Bossou en est un bénéficiaire direct. « Avec la Foire de Canton, on a la chance de voir de nouveaux produits, d’avoir de nouveaux contacts avec des usines, et de réfléchir à l’instauration de certaines unités de fabrication en Afrique », témoigne-t-il.
Côté fournisseurs, la foire constitue aussi une précieuse plateforme. C’est le cas du fabricant chinois de machines d’extrusion de plastique Kebeln, basé dans la province du Guangdong (sud). Depuis sa création en 2005, l’entreprise n’a raté aucune occasion de s’y présenter. Au cours de chacune des dix dernières éditions, elle a accueilli tous les jours pas moins de cent clients africains venant s’enquérir et négocier les prix. Des dizaines de commandes ont été ainsi passées à chaque édition, révèle Gao Conghua, directeur général de Kebeln.
Les réseaux tissés grâce à la foire aboutissent aussi sur des transactions post-exposition colossales, dont le volume peut s’élever jusqu’à 80 % du total, d’après les chiffres publiés par l’organisateur. Dans le cas de Kebeln, le fabricant a su en profiter pour élargir sa présence sur le continent. Ses produits sont désormais disponibles dans 27 pays africains. Les exportations destinées à l’Afrique contribuent pour 58 % à ses recettes totales d’exportations. En 2016, lors de la visite d’une délégation commerciale dirigée par Kashim Shettima, ancien gouverneur de l’État de Borno du Nigeria, l’entreprise a reçu une commande d’une valeur de dix millions de yuans (1,43 millions de dollars) sur place.
Prendre le virage

Les employés de l’entreprise Guangzhou Light Holdings Limited se préparent pour leur séance de diffusion en direct à la veille de la 127e Foire de Canton, le 12 juin. (XINHUA)
Mais depuis l’apparition du nouveau coronavirus, le commerce de Kebeln avec le continent a été lourdement affecté. La société accueillait jusque-là des centaines de délégations comme celle du Nigeria tous les ans, alors qu’au cours du premier trimestre de cette année, elle n’a enregistré aucune visite. Lorsqu’il a appris que la 127e foire, initialement prévue pour le 15 avril, serait mise en ligne en juin, M. Gao y a aperçu une lueur d’espoir.
Comme le rappelle Xu Bing, porte-parole de la Foire de Canton, pour cette dernière édition, les entreprises sont exemptées des frais de participation. Son organisation sur la toile a pour objectif de parer aux conséquences économiques de la crise sanitaire sur ces dernières.
Pour saisir cette occasion, l’équipe de Kebeln s’y est bien préparée, en essayant de répondre au mieux aux exigences imposées par la nouvelle forme. Sans pouvoir rencontrer face à face les clients, les entreprises sont censées exposer leurs biens et services sous forme de photo, vidéo et diffusion en direct, sur le site officiel entièrement dédié à cette fin. Pour cet effet, Kebeln a fait appel à des spécialistes du tournage et s’est même procuré une salle d’exposition 3D. La présentatrice et ses assistants ont pu répéter à maintes reprises avant la séance de diffusion.
Du côté africain, l’idée de mettre la foire en nuage est appréciée par plusieurs acheteurs comme M. Bossou. Pour lui, cela permet à ceux qui n’ont pas d’opportunité de venir en Chine, de voir et d’acquérir ce qu’ils veulent, tout en faisant moins de dépenses. « Parce qu’ils n’ont plus à payer leurs billets, leurs tickets, leurs logements, entre autres. De ce point de vue, c’est bénéfique par rapport à l’exposition hors ligne », observe-t-il.
Encore du chemin à parcourir
M. Bossou regrette néanmoins que parmi les clients africains avec qui il a communiqué, pas mal de gens aient eu peine à accéder à cette foire en nuage en raison du manque d’infrastructures d’Internet adéquates en Afrique.
La même réticence s’est retrouvée chez d’autres, qui s’inquiétaient des problèmes de services d’après-vente, dont la vérification des marchandises et les moyens de règlement. L’Association des entreprises du Guangdong en Afrique (AGBA) a soulevé ce phénomène lors de ses discussions avec les chambres de commerce d’une vingtaine de pays africains au début de la foire. Elle appelle ainsi les départements compétents à créer un système de services adapté au commerce en ligne et à normaliser leurs services.
« Nous pouvons commencer par classer les services par industrie et pays. Quand il s’agit de l’électroménager, par exemple, nous devrions veiller davantage au système de vérification des marchandises », explique Huo Jiangtao, vice-présidente de l’association. « Ceci afin de briser la méfiance à l’égard du commerce électronique. »
L’initiative a pu dissiper les doutes de certains commerçants. « Nous avons reçu beaucoup d’opinions positives sur cette foire en ligne. La plupart de nos partenaires en Afrique nous ont confié comment il a été facile de communiquer avec les fournisseurs », affirme Lineo Kobeli, du Service des relations publiques de l’association.
Quant à Kebeln, ses efforts ont aussi été bien récompensés. Grâce à la plateforme électronique, la société a pu reprendre ses échanges d’affaires qui durent depuis une quinzaine d’années avec ses « vieux amis ». De nouveaux clients étaient aussi au rendez-vous, à l’image d’Abraham R. Merishani. L’homme d’affaires tanzanien travaille dans le commerce extérieur à Guangzhou, chef-lieu du Guangdong, depuis plus de vingt ans. Son activité consiste à revendre des produits chinois de haute qualité sur le marché africain. Au lendemain de la foire, il continue sa négociation avec l’équipe de Kebeln.
« Aujourd’hui, en Afrique, la construction est en plein essor. Nous pouvons créer plus d’emplois pour notre peuple en fournissant ce type de produits dont nous avons besoin », indique M. Merishani, qui voit grand pour leur future coopération.
Pour vos commentaires : lixiaoyu@chinafrica.cn
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