L’une des premières conductrices de train du Kenya bénéficie de la construction du chemin de fer Mombasa-Nairobi et du savoir chinois. 

Concilia Owire examine le tableau de bord sous la direction de son formateur chinois Yang Ming avant le départ du train, à Nairobi (Kenya), le 22 mars 2021. Cette photo a été lauréate du premier prix du Concours photo et vidéo Chine-Afrique 2021. (LI YAN) 

Concilia Owire, 28 ans, a grandi dans un petit village de l’ouest du Kenya. Sous le poids des traditions culturelles et des contraintes financières, les jeunes filles de sa génération ont souvent abandonné leurs aspirations professionnelles. La mise en service du chemin de fer Mombasa-Nairobi à écartement standard (SGR), construit avec l’appui de la Chine, a pourtant changé la donne. 

Il s’agit du premier chemin de fer moderne depuis l’indépendance du pays, reliant la ville portuaire de Mombasa à l’est et la capitale, Nairobi, à l’ouest. Lors de la cérémonie d’inauguration du 31 mai 2017, le Président kényan Uhuru Kenyatta a déclaré : « Aujourd’hui, nous célébrons l’une des étapes clés de la transformation du Kenya en un pays industrialisé, un pays prospère à revenu moyen. » Il a qualifié les sept premières conductrices de train de l’histoire du Kenya, dont Concilia, de « fiertés nationales ». 

En 2016, une fois son diplôme en génie électrique en poche, Concilia a rejoint l’Africa Star Railway Operation Company (Afristar), opérateur chinois du SGR. Après une sélection rigoureuse, l’entreprise l’a envoyée début 2017 en Chine, avec six autres jeunes Kényanes, pour 50 jours de formation au Baoji Railway Technician College (Shaanxi). Cette expérience lui a permis de s’initier aux opérations et à la maintenance ferroviaires. 

De retour au Kenya, Concilia a maintenu cette dynamique. Elle apprend désormais les procédures standard de conduite, de réparation et d’entretien auprès de son formateur chinois, Yang Ming. Après avoir travaillé en tant que manager d’exploitation ferroviaire durant des décennies, celui-ci s’est rendu à Nairobi en mars 2018 pour se charger de la gestion et de la formation des apprenants de l’Afristar. 

Avant chaque départ, M. Yang tient à ce que Concilia vérifie le train le long des voies, examine le tableau de bord, et répète toutes les instructions pour diriger le mouvement ferroviaire. « M. Yang se montre très rigoureux envers nous, mais il fait preuve d’une extrême patience. Je peux reconnaître à travers lui la persévérance, la méticulosité et la bienveillance du peuple chinois », fait savoir Concilia. 

Outre l’évolution rapide de ses compétences professionnelles, la jeune Kényane a également réussi le HSK 4, niveau intermédiaire du test de compétence en chinois. Concilia a également été promue au poste de conductrice-guide, ce qui fait d’elle la responsable de la formation de conducteurs nouvellement recrutés. 

Le chemin de fer Mombasa-Nairobi est exploité en toute sécurité depuis cinq ans. Il a raccourci le trajet entre les deux grandes villes de dix à cinq heures, réduisant les coûts logistiques d’environ 40 %. De l’avis de Concilia, la voie ferrée est déterminante dans la révolution de la mobilité, de la connectivité et du commerce de son pays, et favorisera l’intégration régionale en Afrique de l’Est. 

D’après un rapport publié en mars par le Bureau national des statistiques du Kenya, la ligne SGR a permis de transporter environ 1,99 million de passagers en 2021, dépassant le niveau d’activité d’avant-pandémie. Le fret ferroviaire a aussi connu une hausse des volumes annuels, avec un total de 5,4 millions de tonnes de marchandises acheminées via le réseau, contre 4,4 millions de tonnes en 2020. « J’ai encore beaucoup à apprendre de mon formateur. Je crois que le réseau ferroviaire du Kenya continuera à se développer. Il sera de plus en plus performant à l’instar de son homologue chinois », espère Concilia en pleine confiance.