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  2022-08-02
 

Qui est à l'origine du piège de la dette de l'Afrique ?

par Donatien Niyonzima VOL. 14 AOÛT 2022  ·   2022-08-02
Mots-clés: piège de la dette de l'Afrique

La dette africaine provient en grande partie des prêteurs occidentaux, alors qu’un faux récit a été créé pour rejeter la faute sur la Chine.  

Un pont tournant sur le canal de Suez, rénové par des entreprises chinoises, achève un test d’amarrage à Ismaïlia, en Égypte, le 5 juin. (XINHUA) 

  

La Chine s’est imposée en tant que leader mondial du financement du développement international au XXIe siècle. La Banque des règlements internationaux la classe aujourd’hui au sixième rang mondial des créanciers internationaux. Les pays occidentaux ont exprimé leur inquiétude face à l’émergence d’un soi-disant néo-colonialisme en raison des liens croissants entre la Chine et l’Afrique. Les pratiques chinoises envers les pays en développement ont été décrites ces dernières années comme une « diplomatie du piège de la dette ». Mais une analyse factuelle des prêts brosse un tableau différent.  

 

Le professeur Justin Yifu Lin, ancien économiste en chef et vice-président principal de la Banque mondiale, a déclaré à CHINAFRIQUE que les pays sont pris au piège de la dette lorsqu’ils sont incapables de croître économiquement et d’exporter pour gagner des revenus qui leur permettraient de rembourser leurs dettes. 

  

Qui emprisonne l’Afrique ? 


Le discours sur le piège de la dette chinoise est apparu à un moment où les États-Unis étaient de plus en plus préoccupés par la montée de la Chine sur la scène mondiale. Le gouvernement américain a adopté cette définition dans le cadre d’une offensive diplomatique visant à affaiblir les liens de la Chine avec les pays en développement.  

 

M. Lin affirme que la plupart des discours sur le piège de la dette sont basés sur la fiction plutôt que sur la réalité. Il reconnaît qu’un certain nombre de pays africains ont des problèmes d’endettement. Cependant, un examen précis des pays les plus endettés montre que la plupart de leurs dettes viennent de pays occidentaux.  

 

« Même dans le cas du pays le plus endetté, la dette chinoise ne représentait [environ] que 20 % de l’encours total de sa dette. Si on le considère comme étant dans le piège de l’endettement, il l’est par d’autres créanciers, pas par la Chine », a-t-il ajouté. 

 

Cela a été corroboré par un rapport publié le 11 juillet par Debt Justice, qui a révélé que les gouvernements africains doivent trois fois plus de dettes aux banques occidentales, aux gestionnaires d’actifs et aux négociants en pétrole qu’à la Chine, et ces gouvernements doivent payer le double des intérêts.  

 

Le rapport Debt Justice montre que seulement 12 % de la dette africaine est due à la Chine, le taux d’intérêt étant de 2,7 %. Contrairement aux prêteurs chinois, les créanciers occidentaux sont redevables de 35 % de la dette extérieure de l’Afrique, avec le taux d’intérêt le plus élevé, 5 %, soit près de deux fois celui pratiqué par la Chine.  

  

Pratiques prédatrices occidentales  

 

La Banque mondiale a rapporté que la dette extérieure des pays africains envers les créanciers privés (ceux de la Chine non compris) s’élève à 247 milliards de dollars. Parmi ceux-ci, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une organisation internationale de 38 pays, représente 42,9 milliards de dollars. Le montant restant des dettes (environ 204 milliards de dollars) vient des obligations externes, dont 99 % sont régies par les lois britanniques et américaines. Cela crée des difficultés lorsque certains pays endettés cherchent à obtenir un allègement de leur dette car ils sont confrontés aux avocats des organismes qui finissent par annuler les demandes. Il convient de noter que 95 % des obligations externes sont détenues par des sociétés privées des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’UE ou de Suisse.   

 

Outre le fait que les créanciers susmentionnés ont émis le montant le plus élevé de la dette africaine, ils n’ont pas mis en œuvre l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) pour répondre à la détresse économique due à la COVID-19. La Chine a annoncé en février 2021 que ses créanciers bilatéraux officiels avaient accordé un allégement ISSD du G20 à 16 pays africains.  

 

Étant donné que la quasi-totalité des contrats de dette internationaux sont régis par les lois américaines et les contrats obligataires par les lois britanniques, il est impératif que les gouvernements occidentaux adoptent une législation qui encourage les prêteurs privés à participer à la restructuration de la dette. La Banque mondiale et le FMI ont appelé le Royaume-Uni et les États-Unis à réglementer les prêteurs privés afin de restructurer la dette des pays surendettés.  

  

Dettes de consommation contre dettes de production 


M. Lin a mis en évidence quelques points importants concernant la dette de la Chine envers les pays africains. Selon lui, les pays africains ne devraient pas s’inquiéter de la dette. Ils devraient plutôt comprendre que la viabilité de la dette repose sur le stimulus qu’elle donne ou non à la croissance économique et aux recettes d’exportation.  

 

« Il y a une nette disparité entre les prêts chinois et les prêts des autres pays. La plupart des prêts de la Chine sont utilisés pour soutenir l’investissement afin de renforcer la croissance. Les prêts d’autres pays sont en général utilisés pour soutenir les dépenses budgétaires des gouvernements. Ils ont certainement de bonnes intentions, mais ils soutiennent la consommation au lieu de soutenir la production », a-t-il observé.  

 

Ce que la Chine prête est utilisé pour exploiter des ressources afin de stimuler la croissance, la production, la création d’emplois et les exportations. Il est très important de différencier la dette de consommation de la dette de production.  

 

Le problème n’est pas le niveau de la dette mais le ratio dette/PIB, explique M. Lin. Le principal problème survient lorsque le pays est en stagnation économique. Si un pays ne se développe pas économiquement ou n’exporte pas pour gagner un revenu, il s’endette. 

 

Selon M. Lin, un pays ayant un ratio dette/PIB de 70 %, mais connaissant une croissance très rapide et exportant beaucoup de matières premières, serait le plus à même de rembourser sa dette. En revanche, un autre pays,  qui aurait un faible ratio dette/PIB de 10 % sans la capacité de croître et d’exporter, aurait du mal à rembourser. 

 

Si un pays a besoin de croître économiquement, il doit développer des secteurs tels que l’agriculture, les mines et l’industrie, en fonction de ses avantages concurrentiels. Ces derniers réduisent le coût de production. M. Lin constate que l’Afrique a besoin d’infrastructures massives et d’une transformation industrielle, qui nécessitent toutes deux des prêts.  

 

« Si la Chine peut aider à apporter les fonds pour améliorer les réseaux électrique et routier, même si cela augmente la dette, les pays africains peuvent accroître la productivité des populations pour générer de la richesse », a-t-il conclu. 

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