Le Togo et la Chine envisagent de belles perspectives au moment de la célébration du jubilé d’or de leurs relations bilatérales. 

Tchabode Adjagba Sebabe, Chargé d’affaires a.i. de l’Ambassade du Togo en Chine. (COURTOISIE) 

Cette année marque le cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Togo et la Chine. À cette occasion, M. Tchabode Adjagba Sebabe, Chargé d’affaires a.i. de l’Ambassade du Togo en Chine, a accordé une interview à CHINAFRIQUE dans laquelle il s’exprime sur l’état actuel et l’avenir des relations sino-togolaises. 

CHINAFRIQUE : Comment évaluez-vous les relations entre nos deux pays au cours du dernier demi-siècle ? 

Tchabode Adjagba Sebabe : Tout d’abord, je voudrais m’incliner devant la mémoire des grands architectes de ces relations diplomatiques, les Présidents Gnassingbé Eyadéma et Mao Zedong, qui méritent un hommage à la hauteur de leur vision commune. 

Depuis, sous l’impulsion des dirigeants successifs togolais et chinois, nos deux pays ont su bâtir des relations bilatérales de qualité, empreintes d’entente mutuelle et de solidarité, et marquées par une convergence de vues entre nos deux chefs d’État actuels, leurs Excellences Faure Essozimna Gnassingbé et Xi Jinping. 

Du point de vue de la coopération bilatérale, les échanges entre le Togo et la Chine se sont diversifiés et approfondis tout au long des cinq dernières décennies. Aujourd’hui, la Chine est l’un des partenaires privilégiés du Togo. Les domaines de coopération entre nos deux pays touchent les secteurs de la santé, des infrastructures, de l’agriculture, des investissements, et des échanges commerciaux, entre autres. En outre, il est important de souligner qu’au plus fort de la crise sanitaire, la Chine a fourni deux lots de vaccins, soit 400 000 doses au total, au peuple togolais sous forme de don. Il s’agit d’un geste fort qui témoigne, bien entendu, de la qualité de la coopération et de l’amitié qui lient nos deux pays. 

Une telle coopération agissante ne peut que renforcer notre optimisme quant à l’avenir des relations politiques entre nos gouvernements, ainsi qu’à l’amitié entre les peuples togolais et chinois. 

Comment estimez-vous les conditions favorables créées activement par la Chine pour importer davantage de produits « Made in Togo » ? 

Dans le cadre du renforcement de la coopération sino-africaine, la Chine a pris une série de mesures en vue de favoriser l’accroissement des volumes des échanges avec l’Afrique. En effet, que ce soit l’Exposition économique et commerciale sino-africaine qui offre une extraordinaire visibilité aux produits africains, ou encore la mesure concernant les « corridors verts », qui accorde une sorte de régime préférentiel aux produits agricoles africains en facilitant leur importation sur le marché chinois, ces dispositions sont très bien accueillies par nos pays. Leurs effets sont déjà très positifs et augurent de belles perspectives. 

Aussi, nous avons accueilli avec enthousiasme le choix du Togo sur la liste des 16 pays les moins avancés bénéficiant de l’exemption des droits de douane sur la quasi-totalité des produits qui étaient encore taxés. Cette mesure, qui est entrée en vigueur le 1^er septembre de cette année, va booster davantage les importations des produits togolais sur le marché chinois. 

Nous comptons intensifier nos efforts en vue de rapprocher davantage le marché de produits togolais vis-à-vis du public chinois par le biais du potentiel des plateformes d’e-commerce chinoises. 

Quelles sont les opportunités d’investissement qui s’offrent aux investisseurs chinois dans le cadre de la feuille de route 2020-2025 du Togo ? Quels efforts le gouvernement togolais a-t-il déployés pour améliorer son climat des affaires pendant ces dernières années ? 

Le Togo est un pays en plein développement, avec une économie très dynamique. En me référant à la feuille de route 2020-2025 du plan national de développement (PND) du Togo, les domaines de coopération entre nos deux pays sont divers et variés. Nous pouvons citer les domaines de l’agriculture (sa mécanisation et sa modernisation), de la santé, des infrastructures et logistique, de l’énergie, notamment les énergies renouvelables, des investissements, du tourisme et des échanges commerciaux. Dans tous ces domaines, les entreprises chinoises disposent aujourd’hui d’une expérience et d’un savoir-faire avérés. 

En plus, il est important de signaler que le Togo dispose d’un environnement des affaires très attractif et compétitif pour les investissements directs étrangers. Ceci est le résultat des réformes menées par le gouvernement togolais au cours de ces dernières années dans tous les domaines de la gouvernance socio-économique, avec une volonté clairement affichée de créer un écosystème des affaires incitatif (réduction et exemption des droits de douane et taxes), avec des procédures simplifiées (instauration d’un guichet unique pour les formalités administratives) et des solutions agiles orientées vers la digitalisation. 

Le Togo reste donc plus que jamais, une destination de choix pour les investisseurs étrangers. 

Que pensez-vous des neuf programmes proposés lors de la huitième Conférence ministérielle du FCSA ? Selon vous, quelle est l’importance de les aligner sur les objectifs du PND du Togo ? 

La Chine est devenue en quelques années le partenaire majeur de l’Afrique. À travers les décisions prises à la dernière conférence de Dakar, il est évident que la Chine et les pays africains sont bien conscients du potentiel et de l’impact de cette coopération sur nos économies respectives. 

Le Plan d’action de Dakar et la Vision 2035 de la coopération Chine-Afrique, mais aussi et surtout les neuf programmes issus de cette conférence montrent clairement l’ambition affichée par la Chine et l’Afrique. Nous nous félicitons du fait que les thématiques de ces neuf programmes couvrent les grands axes de notre plan national de développement, et cette parfaite connexion est de nature à dynamiser la coopération entre le Togo et la Chine. Le gouvernement togolais reste très engagé, et va œuvrer de concert avec le gouvernement, les institutions et les partenaires chinois à la mise en œuvre efficace de ces programmes. 

Le Président Xi Jinping a souligné à maintes reprises la potentialité de la jeunesse dans l’approfondissement des relations sino-africaines. D’après vous, que faut-il faire pour favoriser les échanges et les apprentissages mutuels entre les jeunes Chinois et Togolais ? 

Nous partageons effectivement cette conviction du Président Xi Jinping sur le potentiel de la jeunesse dans l’approfondissement des relations sino-africaines. Et nous saluons pour cela, les grands axes proposés par la Chine dans le cadre des neuf programmes issus de la Conférence de Dakar pour favoriser les échanges entre les jeunes. Il y est notamment prévu l’organisation d’un forum Chine-Afrique sur les services des jeunes. 

Parallèlement, la Chine et l’Afrique devraient intensifier la coopération en matière de formation académique et professionnelle, en y intégrant des programmes d’échanges et en facilitant des parcours professionnels pour la jeunesse. Les programmes des ateliers Luban constituent en cela un puissant outil qu’il faudra étendre à l’échelle de plusieurs pays du continent africain. Il serait également important d’initier des programmes touristiques de jeunes pour permettre un meilleur brassage culturel. 

Selon vous, quels seront les domaines les plus prometteurs dans la coopération sino-togolaise dans les prochaines années ? 

Outre les secteurs classiques de coopération que sont les échanges commerciaux, les infrastructures, la santé et l’éducation, les domaines cruciaux pour les prochaines années restent les investissements et la finance, la formation professionnelle, le transfert de compétences et de technologies, notamment dans les filières d’avenir (modernisation de l’agriculture, énergies renouvelables, les chaînes de transformation, la logistique, entre autres). 

En d’autres termes, les priorités du Togo sont axées sur les domaines de coopération à haute valeur ajoutée, avec pour objectif ultime, la transformation structurelle de l’économie nationale pour un développement harmonieux du peuple togolais.