Retour sur l’intégration d’un adolescent nigérian dans la communauté du Sichuan. 

Zhang Wen raconte son expérience en Chine dans une vidéo lauréate du premier prix du Concours photo et vidéo Chine-Afrique 2021. (CAPTURE D’ÉCRAN) 

« Zhang Wen ? Un petit coquin, très gai et vif, qui maîtrise parfaitement notre dialecte et qui s’entend très bien avec son entourage ! » Voilà comment cet adolescent de 16 ans est décrit par ses professeurs. 

Le jeune homme, qui porte un nom typiquement chinois, est pourtant Nigérian. Son nom d’origine est Taiwo-Micheal Enoch Tomomi. En 2003, son père est venu faire du commerce dans le district de Pujiang, au Sichuan. Cette province chinoise connue pour son art de vivre a tellement plu à l’homme d’affaires qu’il s’y est installé l’année suivante avec son fils aîné et sa femme, qui travaille aujourd’hui en tant qu’enseignante d’anglais. Deux ans plus tard, Zhang Wen et sa sœur jumelle y sont nés. 

Si en première année du primaire, Zhang Wen souffrait de l’éloignement que lui imposaient ses camarades d’école à cause du clivage culturel entre eux, avec l’approfondissement de leur compréhension mutuelle, ils ont fini par tisser des relations de franche camaraderie. Ils passent, comme l’ombre et le corps, leur temps libre à chanter des chansons populaires, à aller au cinéma, entre autres activités. 

À ses yeux, Pujiang est une petite agglomération « accueillante et inclusive ». Son sentiment d’appartenance à sa ville natale grandit avec la durée. « Je suis à Pujiang depuis 15 ans. Je grandis dans l’amour de cet endroit. Sa cuisine, sa dynamique, sa culture, tout cela m’a profondément attiré », s’exclame avec fierté l’adolescent dans une vidéo lauréate du premier prix du Concours photo et vidéo Chine-Afrique 2021. 

Aujourd’hui, les locaux se sont familiarisés avec leurs différences apparentes, comptant Zhang Wen comme l’un des leurs. Les inconnus n’hésitent pas non plus à l’ajouter comme favori sur Douyin, la version chinoise de TikTok, convaincus de ses origines grâce à son accent. 

En effet, le compte de Zhang Wen, dénombrant actuellement plus de 370 000 abonnés, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Les internautes ont découvert un Pujiang multifacette grâce aux vidéos qu’il filme sur son quotidien, dont son apprentissage de l’art de la cérémonie du thé kung-fu. 

Le passe-temps favori de Zhang Wen (au centre) reste de chanter avec ses camarades d’école. (COURTOISIE) 

Il s’est mis à apprendre à infuser le thé avec la théière à long bec, une technique traditionnelle propre à Pujiang, chez le célèbre maître Du Deqi il y a cinq ans. Il s’agit d’un processus long et pénible, la théière de plus d’un mètre de long, faisant souvent des mains de Zhang Wen un vrai « nid de frelons ». Loin de céder à la difficulté comme le font beaucoup d’élèves de son âge, Zhang Wen reste déterminé sur le chemin qu’il reste à parcourir. Cet art captivant le motive à contribuer à sa transmission et à sa promotion. 

En plus d’être une célébrité d’Internet, il se distingue également par ses talents sportifs. Quant à l’avenir, l’adolescent espère être admis à l’Institut d’éducation physique de Chengdu, tout en continuant à contribuer au développement de Pujiang.