Dosso Adama, ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire en Chine. (HU FAN)

L’année 2023 marque le 40e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Chine, qui sera célébré le 2 mars. À cette occasion, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec Dosso Adama, ambassadeur de la République de Côte d’Ivoire en Chine, pour discuter de son point de vue sur le développement des relations bilatérales. Voici un extrait révisé de l’entrevue : 

CHINAFRIQUE : Quels ont été, selon vous, les points saillants des relations Côte d’Ivoire-Chine au cours des 40 dernières années et comment aimeriez-vous voir cette relation se développer ? 

Dosso Adama : Les relations entre la Côte d’Ivoire et la Chine ont été marquées par plusieurs faits importants. Tout d’abord, la décision politique des deux gouvernements d’établir des relations diplomatiques dans un contexte difficile à l’époque. Cette décision a marqué la reconnaissance, par la Côte d’Ivoire, de la République populaire de Chine (RPC) comme « seul et légitime gouvernement représentant le peuple entier de Chine », et par conséquent comme unique interlocutrice possible, avec « Taiwan faisant partie intégrante du territoire de la RPC ». Elle a également marqué l’ouverture de l’économie ivoirienne à la Chine. 

Ensuite, l’essor des relations économiques et commerciales entre les deux pays, au fil des années, dans un contexte de développement des relations Sud-Sud, soutenu par la création du FCSA. Ainsi, la Chine est devenue un principal partenaire commercial de la Côte d’Ivoire, avec près de 9 % des échanges extérieurs de notre pays. Il y a également les échanges entre les plus hauts dirigeants des deux pays. Je voudrais, à cet égard, rappeler que le Président ivoirien, Alassane Ouattara, détient le record de visites officielles d’un chef de l’État ivoirien en Chine. L’appel téléphonique du Président chinois Xi Jinping avec M. Ouattara le 20 décembre 2022 a été la dernière manifestation de l’étroitesse de nos relations. 

Enfin, la signature d’un accord de partenariat stratégique global en 2018 a élevé les relations déjà excellentes entre les deux pays à un niveau supérieur. Nous sommes convaincus que ces relations, riches en perspectives, continueront à se renforcer et se diversifier davantage, dans l’esprit de respect et de bénéfices mutuels qui les a toujours caractérisées. 

L’économie ivoirienne connaît une croissance rapide. Quelles sont les perspectives de la coopération économique et commerciale entre la Côte d’Ivoire et la Chine ? 

Effectivement, la vitalité de l’économie ivoirienne est bonne avec une croissance annuelle projetée de 7 % sur la période allant jusqu’à 2025. La Côte d’Ivoire est la première puissance économique de l’Afrique de l’Ouest francophone, représentant 40 % du PIB de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, avec la Chine comme son principal partenaire commercial. Les investissements directs de celle-ci en Côte d’Ivoire sont d’environ 140 millions de dollars en 2022, témoignant du dynamisme de leur coopération économique et commerciale. 

Lors de son entretien téléphonique avec le Président Ouattara en décembre dernier, le Président Xi a réaffirmé que la Côte d’Ivoire était l’un des partenaires les plus importants de la Chine en Afrique. À cette occasion, les deux Présidents, soucieux de renforcer davantage les relations commerciales entre leurs pays, ont appelé à une augmentation des investissements des entreprises chinoises en Côte d’Ivoire. En conclusion, la coopération économique et commerciale entre la Côte d’Ivoire et la Chine est prometteuse, en particulier dans le domaine de l’agriculture. 

Cette année marque le 10e anniversaire de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Dans quels secteurs cette initiative a-t-elle promu la coopération entre nos deux pays ? Comment est-il important de l’aligner sur le Plan national de développement (PND) 2021-2025 de votre pays ? 

L’ICR fait désormais partie des cadres de la coopération de la Chine avec la Côte d’Ivoire, notamment en matière d’investissements, de construction d’infrastructures, de renforcement des capacités de production, d’échanges humains et culturels, pour ne nommer que ceux-ci.

La Côte d’Ivoire adhère à cette initiative depuis 2018, et y est partie prenante notamment à travers les instructions de développement et de financement de l’initiative, en l’occurrence la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, dont notre pays est devenu membre depuis avril 2019. Depuis son adhésion à l’initiative, notre pays a soumis une première liste de 12 projets visant à améliorer les connexions avec d’autres pays et à développer les échanges économiques et culturels pour construire une communauté de destin sino-africaine. 

En ce qui concerne le financement du PND 2021-2025, la Côte d’Ivoire cherche à maximiser les opportunités offertes par l’ICR pour atteindre ses objectifs de transformation économique et sociale, en vue de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure d’ici 2030. Les besoins de financement du PND s’élèvent à environ 120 milliards de dollars, dont environ 88 milliards de dollars pour le secteur privé. Pour mobiliser ces importantes ressources, une table ronde sera organisée à Beijing à l’occasion de la célébration du 40e anniversaire des relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire et la Chine. 

Un habitant ivoirien regarde un tableau d’exposition lors de la cérémonie d’achèvement du projet de phase I du parc industriel PK24, construit par une entreprise chinoise, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 23 décembre 2022. (XINHUA) 

Dans quelle mesure les échanges culturels entre les jeunes ont-ils été importants pour favoriser une meilleure compréhension entre nos deux peuples ? 

Je voudrais d’ores et déjà dire que le lien d’amitié entre nos peuples est remarquable et en constante évolution. Ils ont augmenté leur fréquentation mutuelle et ont appris à se connaître de manière plus approfondie, grâce à des échanges plus intenses, tant entre les citoyens qu’entre les dirigeants. 

Cela est dû en partie aux échanges culturels qui ont lieu entre les deux pays. La Chine offre chaque année des bourses de coopération à la Côte d’Ivoire, permettant à des étudiants ivoiriens de poursuivre leurs études en Chine. De plus, le gouvernement ivoirien accorde également des bourses pour les études en Chine. 

En Côte d’Ivoire, l’Institut Confucius est autorisé par le gouvernement à promouvoir la langue et la culture chinoises. Aujourd’hui, plus de 1 500 élèves en Côte d’Ivoire participent à l’apprentissage de la langue chinoise dans les écoles ivoiriennes. Des activités de promotion telles que la Journée nationale de la langue chinoise et le concours « Pont vers le chinois » sont également organisées dans les écoles ivoiriennes. 

Ces échanges culturels réduisent les barrières linguistiques et renforcent la compréhension mutuelle entre les deux peuples, ce qui contribue à développer et à maintenir des relations d’amitié et de coopération dans divers domaines. Il existe également une présence significative de ressortissants chinois et ivoiriens dans les deux pays, y compris des mariages entre citoyens. 

Vous êtes en poste en Chine depuis 2014. Vous y avez visité de nombreuses villes et avez été témoin des changements du pays. Quels sont ceux qui vous ont le plus touché ? 

Depuis mon arrivée en Chine, je suis véritablement époustouflé par le développement constant et remarquable du pays, qui se reflète dans les domaines de l’infrastructure, de l’architecture, de l’urbanisme, des sciences, de la technologie, des performances économiques, du développement d’énergie verte, du socialisme et de la rigueur et de l’abnégation au travail. Il est indéniable que la Chine peut être fière de ses réalisations et n’a en effet rien à envier aux pays occidentaux. En plus de ces réalisations impressionnantes, je suis également très satisfait du niveau de sécurité, de la stabilité politique et de la quiétude que je ressens en Chine.