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  2023-05-24
 

La Danseuse Lionne

VOL. 15 MAI 2023 par Deng Di  ·   2023-05-24
Mots-clés: danse du lion ; folklore chinois

Liang Jiali, une danseuse du lion sur poteaux talentueuse et persévérante, défie les stéréotypes de genre et les préjugés en s’imposant dans cet art traditionnel chinois principalement dominé par les hommes.

Liang Jiali opte pour le rose plutôt que les couleurs traditionnelles des costumes de danse du lion. (COURTOISIE) 

 

La danse du lion, élément incontournable du folklore chinois, est associée aux célébrations et aux événements festifs, car elle est traditionnellement perçue comme un vecteur de prospérité et de chance. Accompagnés par des percussions rythmées telles que des tambours, des cymbales et des gongs, les danseurs, revêtus de costumes de lion, exécutent des mouvements vifs et gracieux, mêlant les techniques des arts martiaux chinois à l’acrobatie. Ces représentations spectaculaires captivent les spectateurs et contribuent invariablement à instaurer une ambiance festive et conviviale. 

 

Liang Jiali, âgée de 28 ans et originaire de Foshan, au Guangdong, est une danseuse du lion spécialisée dans l’exécution de cet art sur des poteaux de diverses dimensions. À seulement sept ans, elle fut sélectionnée pour intégrer la troupe féminine de danse du lion de Shunde, unique équipe féminine de haut niveau en Chine. Aujourd’hui, après 21 ans de pratique, elle se distingue dans cet art majoritairement dominé par les hommes. 

 

Un art exigeant 


Au cours des années 1990, la danse du lion sur poteaux a pris son essor à Nanhai, situé à Foshan. Se distinguant de la danse traditionnelle du lion, cette variante possède ses propres règles : les danseurs ne sautent pas au sol, mais plutôt sur des plateformes circulaires érigées sur des poteaux d’une hauteur variant d’un à trois mètres. L’espacement entre ces plateformes est également ajusté afin de permettre aux athlètes de démontrer leur agilité, tout en offrant au public un spectacle captivant. La maîtrise de la coordination et de l’équilibre pour imiter le lion féroce sur ces poteaux rend cet art plus exigeant et plus périlleux, accentuant ainsi son aspect spectaculaire. 

 

Dès l’école primaire, Jiali s’est passionnée pour la danse sur poteaux. Émerveillée par l’agilité et le courage des danseuses, elle a réalisé les défis et les risques liés à cette discipline lors de son propre entraînement. Elle se souvient du premier jour, où l’entraîneur l’a mise au défi de sauter d’un poteau à un autre distant de 1,6 mètre. 

 

L’entraînement quotidien, éreintant et similaire aux films de kung-fu, inclut des exercices de renforcement, de course et d’haltérophilie. Les chutes sont fréquentes et douloureuses. Après une blessure, Jiali cache ses cicatrices mais les porte fièrement, car elles lui rappellent ses rêves d’athlète. 

 

Lorsqu’elle était membre de la troupe de Shunde, l’unique équipe de danse du lion exclusivement féminine en Chine et dans le monde, Jiali et ses coéquipières faisaient fréquemment face à des équipes masculines dans les compétitions. Malgré cela, elles ont réussi à remporter un grand nombre de victoires. Cependant, en décembre 2010, leur entraîneur a pris sa retraite et la troupe a été dissouse. 

 

Jiali a été contrainte de trouver d’autres moyens pour gagner sa vie. Durant la période où elle n’a pas pu pratiquer la danse, de 2011 à 2017, elle éprouvait un vide intense. Elle désirait ardemment poursuivre cette passion, mais elle ne trouvait aucun endroit pour s’entraîner. Chaque fois qu’elle assistait à des spectacles, la flamme en elle se ravivait. Jiali était déterminée à reprendre la danse, quel qu’en soit le prix. 

 

En 2017, Jiali et Huang Baoyi, l’une de ses anciennes coéquipières, ont commencé à effectuer des représentations commerciales à petite échelle, travaillant parfois au sein de troupes masculines. Puis, en 2019, une opportunité unique s’est présentée. Li Peikun, entraîneur-chef de la troupe du dragon et du lion de Lunjiao Sanzhou, les a recrutées dans une nouvelle troupe après avoir été impressionné par leur performance remarquable. Dès lors, elles ont bénéficié de davantage d’opportunités pour s’entraîner et participer à des compétitions. 

 

Liang Jiali (1er rang à gauche) et ses coéquipières prennent part aux compétitions de danses du dragon et du lion aux 16e Jeux sportifs du Guangdong. (COURTOISIE) 


Une beauté incomparable 


Dans cette variante de danse du lion, les poteaux sont agencés de manière à évoquer des montagnes, des ruisseaux, des tyroliennes et des ponts. Les danseurs ont pour mission de représenter les émotions du lion, telles que la joie, la colère et l’euphorie, à travers des mouvements époustouflants mêlant arts martiaux, danse, acrobatie et gymnastique. 

 

Jiali constate que la danse du lion en Chine demeure principalement pratiquée par les hommes, avec peu de femmes s’y consacrant à temps plein. En effet, les danseuses doivent non seulement surmonter les défis physiques et la peur de sauter sur des poteaux élevés, mais elles doivent également faire face à de nombreux préjugés sociaux par rapport à leurs homologues masculins. 

 

Sur le plan commercial, les troupes masculines sont privilégiées. Jiali et ses coéquipières ont dû affronter des commentaires discourtois lors des compétitions et un manque de soutien familial, certains les incitant à se tourner vers des activités « plus adaptées aux jeunes femmes ». 

 

Pour Jiali, le genre importe peu. « Je voulais m’opposer aux préjugés à l’encontre des femmes sur leur lieu de travail et montrer à quel point elles peuvent exceller. » Elle rappelle que Mo Guilan, épouse du célèbre artiste martial chinois Huang Feihong (1847-1924), faisait partie de la première génération de femmes à pratiquer la danse du lion.  

 

Désormais, hommes et femmes jouissent de davantage d’égalité dans la transmission du patrimoine culturel. Elle s’est donc entraînée assidûment, étudiant les mouvements des lions, chats et autres félins pour perfectionner ses compétences techniques. 

 

Transmettre les traditions 


Liang Jiali a adopté le pseudonyme « Les lionnes qui dansent sur des poteaux » sur la plateforme chinoise de vidéos courtes Douyin, où elle compte près de 150 000 abonnés. Elle y publie des extraits de ses entraînements quotidiens et compétitions, en solo ou avec ses coéquipières. Grâce à cela, de nombreuses personnes en Chine et ailleurs ont découvert son art, incitant même certaines femmes à s’y lancer. 

 

Pour attirer davantage de jeunes, elle a créé sa propre tête de lion bleu et blanc, considérée par de nombreux adeptes de l’ancienne génération comme un « lion filial » apparaissant uniquement lors de commémorations. Pour Jiali, le bleu et le blanc sont des couleurs plus attrayantes pour les jeunes que les teintes traditionnelles jaunes, rouges et noires. Elle s’efforce également d’accroître la visibilité à sa discipline. Outre les inaugurations de centres commerciaux et les célébrations, sa troupe se produit dans des lieux pittoresques et crée des produits culturels pour sensibiliser le grand public. 

 

« La danse du lion représente une conviction profonde pour moi. En 2010, lorsque la troupe de danse a été dissouse, un proche parent est décédé la même année. J’avais 20 ans et j’étais déprimée. Cependant, à chaque fois que je me sentais au plus bas, la danse du lion me redonnait une énergie incroyable. Je chéris la carrière que j’ai aujourd’hui et m’efforce de trouver des passionnées pour perpétuer cet art. » 

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