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  2023-11-22
 

Tradition & innovation

VOL. 15 NOVEMBRE 2023 par Ma Li  ·   2023-11-22
Mots-clés: Songyang

Songyang infuse la numérisation et l’écologie dans l’agriculture traditionnelle. 

Des feuilles de thé fraîchement cueillies vont être vendues au marché de Songyang, au Zhejiang. (YU XIANGJUN) 

 

Le 7 septembre, dans le pittoresque village de Xuzheng situé dans le bourg de Xinxing, district de Songyang (Zhejiang), la journée commence tôt pour Huang Faliang et sa femme. Avec l’arrivée des premières lueurs de l’aube, ils se dirigent vers leur plantation, prêts à récolter les précieuses feuilles de thé qui, une fois traitées, se transformeront en feuilles séchées prêtes à être infusées. 

 

Vers 9 heures, le couple, armé de sa récolte matinale, se dirige vers le marché des feuilles de thé de Shang’an, véritable carrefour d’échanges et de transactions. Ici, entre vendeurs de thé en streaming, commerçants et logisticiens, ce ne sont pas moins de 6 000 experts du thé qui s’agitent. Qian Yuanfeng, directeur du Centre de développement du thé du Bureau de l’agriculture et des affaires rurales de Songyang, affirme : « Le commerce du thé de printemps fait travailler plus de 20 000 personnes chaque jour. » En revanche, bien que moins lucratif que le thé de printemps, le thé d’automne permet tout de même à des familles comme celle de Huang Faliang d’engranger environ 500 yuans (68,5 dollars) chaque jour. 

 

Actuellement, Songyang se targue d’avoir 153 200 mu (1 mu équivalant à 1/15 d’hectare) consacrés à la culture biologique du thé. Cette terre produit pas moins de 18 600 tonnes de thé, valorisant à 2,05 milliards de yuans (280,6 millions de dollars). Le rendement par mu s’élève à plus de 15 000 yuans (2 054,5 dollars). De plus, la culture du thé à Songyang n’est pas qu’une simple activité : elle emploie 40 % des habitants, contribue à 50 % des revenus des agriculteurs et représente 60 % de la production agricole du district. Songyang, reconnaissant le potentiel économique du thé, a investi dans ce secteur, propulsant ainsi l’essor de la chaîne industrielle associée et stimulant la renaissance de ses zones rurales. 

  

« Infuser » le monde numérique 


Au « village qui fleure bon le thé » dans le bourg de Xinxing, des jeunes gens ventent les mérites du thé parfumé de Songyang devant des caméras au sein de la société Luyungfeng Chaye. Les commandes fusent de partout dans le pays, et l’effervescence se ressent dans l’entrepôt où des ouvriers s’affairent à préparer les colis destinés à des clients éparpillés aux quatre coins de la Chine. Selon Huang Jiefei, directeur général, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 180 millions de yuans (24,7 millions de dollars) l’année passée. Même en automne, saison plutôt tranquille, ils reçoivent quelque 25 000 commandes chaque jour. 

 

Songyang est reconnu pour son thé, un produit d’appellation géographique en Chine. Ce district, grand producteur de thé du Zhejiang, voit la majorité de ses familles vivre de cet « or vert ». D’ailleurs, le père de M. Huang dirige lui-même une entreprise de thé. Se considérant comme un « héritier du thé de deuxième génération », M. Huang, après ses études en marketing en 2009, est revenu à Songyang, déterminé à marquer son empreinte dans le monde du thé. Mais à cette époque, le marché du thé chinois était surchargé, avec peu de canaux de vente efficaces et une concurrence acharnée. 

 

C’est en 2017 que l’inspiration le frappe. Voyant un ami prospérer dans la mode grâce à l’e-commerce, M. Huang réalise le potentiel de la numérisation pour le thé. Il mise alors sur Pinduoduo, une application montante qui propose des remises pour des achats groupés. Un pari gagnant : dès 2018, son chiffre d’affaires explose, atteignant 20 millions de yuans (2,7 millions de dollars). Le marché, jusque-là stagné, reprend des couleurs. 

 

En 2019, le marché du commerce électronique chinois a franchi la barre des 6 000 milliards de yuans (821,8 milliards de dollars). À ce jour, 70 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise dirigée par M. Huang provient des plateformes d’e-commerce. L’entreprise a su habilement négocier cette transition. La même année, les mini-vidéos et émissions en direct sur Douyin (l’homologue chinois de TikTok) ont gagné en popularité à travers tout le pays. Anticipant l’énorme potentiel des smartphones, M. Huang a instruit ses équipes d’investir dans des comptes Douyin et Kuaishou, persuadé qu’il était possible de réaliser des ventes de 300 000 yuans (41 087,7 dollars) en quelques heures grâce au live streaming. 

 

M. Huang, dans un esprit collaboratif, partage son expertise en e-commerce avec d’autres entrepreneurs du district, contribuant ainsi à la transformation numérique de l’industrie du thé à Songyang. De nos jours, la numérisation s’est imposée : le data est un nouvel outil, le live streaming un nouveau métier et les influenceurs les nouveaux ambassadeurs du thé. Songyang compte désormais plus de 1 500 boutiques en ligne et 400 boutiques de live shopping, créant 8 000 emplois. En 2022, ce sont 49,36 millions de commandes en ligne qui ont été passées, générant 4,25 milliards de yuans (581,7 millions de dollars). 

 

Les commandes de thé sont prêtes à partir des entrepôts de la société Luyunfeng Chaye, dans le district de Songyang, au Zhejiang. (YU XIANGJUN) (YU XIANGJUN) 

  

À l’aube d’une révolution 


Chez Zhentonghong Chaye, niché au village de Shiwuli à Gushi, dans le district de Songyang, Tian Yijie et son équipe sont de véritables alchimistes du thé. Au lieu de jeter les feuilles de moins bonne qualité ou les sous-produits de la production des thés premium, ils les transforment en produits de valeur. De la poudre aux extraits en passant par les tiges de thé, tout est valorisé. « Ce qui autrefois était considéré comme des déchets se vend aujourd’hui entre 10 et 20 yuans (de 1,37 à 2,74 dollars) le kilo », explique M. Tian. Cette initiative éco-responsable, qui augmente le rendement des plantations, a aussi boosté les revenus des producteurs de thé, augmentant leurs profits de plus de 30 millions de yuans (4,1 millions de dollars) annuellement. Cette innovation est soutenue par des institutions prestigieuses comme l’Académie chinoise des sciences agricoles. 

 

Grâce aux technologies avancées et à la collaboration avec des équipes clés d’innovation scientifique du Zhejiang, la transformation du thé à Songyang ne connaît plus de limites. Du secteur médical à l’alimentaire, les applications sont variées. Le directeur Qian souligne que de nombreux produits dérivés du thé, tels que le matcha, le jambon infusé au thé ou les boissons à base de thé, sont désormais sur le marché, et ils rencontrent un grand succès. Certains entrepreneurs ont même exploré des pistes pour recycler les branches de thé en engrais bio ou en carburant éco-responsable pour les machines de torréfaction. 

 

Face aux défis de la main-d’œuvre, le district de Songyang ne reste pas inactif. En collaborant avec des institutions comme l’Université polytechnique du Zhejiang ou l’Institut de recherche sur le thé, des efforts sont déployés pour créer des « machines intelligentes » dédiées à la cueillette du thé. Ces robots, encore en phase d’essai, promettent de révolutionner le processus de récolte en rendant l’opération plus rapide et économique.  

  

La « séquestration du CO2 » pour des revenus supérieurs 


Lors de la Foire commerciale du thé de Chine en mars 2023, une annonce a retenu l’attention : la coopérative du village de Xiexikeng, située à Xinxing, a noué un partenariat innovant avec une entreprise de Beijing pour un puits de carbone capable de séquestrer 500 tonnes de CO2. Dans le cadre des ambitions chinoises de « double carbone » (atteindre un pic d’émissions carbone avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060), Songyang se penche sur la transformation des ressources naturelles en atouts économiques. En collaboration avec le Centre de recherche sur l’économie rurale du ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales, Songyang a signé un accord-cadre. Ce dernier prévoit l’élaboration de plantations de thé à faible émission de CO2 à Songyang et l’instauration d’un mécanisme de puits de carbone. Cette démarche a pour objectif de convertir le CO2 séquestré en « actifs » économiques, transformant ainsi les « crédits carbone » en sources de revenus tangibles pour les producteurs de thé, les aidant à accroître leurs revenus. 

 

D’après M. Qian, le district se mobilise activement pour mettre en place des projets visant à réduire l’utilisation des pesticides et des engrais, en initiant la création de « champs de thé à faible empreinte carbone ». Les efforts pour réduire les émissions de CO2 et séquestrer le carbone sont palpables à toutes les étapes de la culture du thé, notamment grâce à une diminution des intrants chimiques, l’utilisation d’engrais naturels et l’enrichissement de la matière organique des sols. Considérant la complexité de l’écosystème des plantations de thé, des zones de culture s’installent progressivement à la frontière « entre champ et forêt ». En commercialisant un thé de qualité supérieure à faible empreinte carbone, les producteurs réalisent des profits nettement supérieurs à la moyenne du secteur. 

 

Songyang prévoit également de collaborer étroitement avec le Centre de recherche sur la séquestration du CO2. Cette coopération se concentrera sur la recherche des bénéfices des crédits carbone associés à la culture du thé. L’idée est d’inciter à une économie « bas carbone », tout en favorisant la transition écologique de l’agriculture. L’ambition ? Élaborer un « modèle Songyang », fusionnant qualité du thé et respect de l’environnement, et ainsi contribuer activement à l’objectif national de neutralité carbone tout en garantissant une prospérité partagée pour tous les producteurs de thé. 

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