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  2023-12-14
 

La voix du tambour

VOL. 15 DÉCEMBRE 2023 par Innocent Ndayizigiye  ·   2023-12-14
Mots-clés: Burundi

Un écho de l’héritage culturel du Burundi en musique. 

Performance des tambourinaires à l’ambassade de Chine au Burundi lors des célébrations inaugurales de l’Année du Lapin. (COURTOISIE) 

  

À 17h30, la place du tribunal de résidence de Rohero s’anime. Au cœur de Bujumbura, capitale économique du Burundi, les mardis se transforment en une célébration de la tradition. Comme chaque semaine, les tambourinaires sortent leurs instruments pour débuter les répétitions rituelles. Dès les premiers battements, une foule se rassemble, attirée par le spectacle de la danse rituelle. Les passants, sortant du travail, s’arrêtent pour s’immerger quelques instants dans cette ambiance vibrante avant de rejoindre le parking tout proche et rentrer chez eux. 

 

Cette scène n’est pas unique à Rohero. À travers Bujumbura, le même son de tambour résonne, tissant un lien commun entre les habitants. Malgré leur familiarité avec ce rituel, les citadins restent fascinés par la puissance du tambour. Wilfried Vyamungu, un habitant local, partage son sentiment : « À chaque fois que j’entends le tambour, c’est comme si c’était la première fois. » 

 

Ce rituel, reflétant l’âme du Burundi, se retrouve dans tout le pays, unifiant ses habitants dans une célébration de leur patrimoine culturel. 

  

Jeunes tambourinaires d’un club de la province de Gitega, lieu emblématique du tambour, lors d’unévénement culturel organisé par leur club. (COURTOISIE) 


Là où tout a commencé 


L’histoire commence au cœur du Burundi, dans la province de Gitega, dont le chef-lieu Gitega est la capitale politique du pays et le berceau du tambour royal « Ingoma y’Uburundi ». Notre périple de 2h30 nous mène à Gitega, où l’on découvre rapidement pourquoi elle est surnommée la « province-tambour ». La Grand-Place de la ville accueille fièrement une statue de tambourinaire, symbole vivant de cette tradition. 

 

Notre guide dans cet univers musical est Oscar Nshimirimana, gardien du sanctuaire du tambour à Gishora, à 10 km de Gitega. Il représente aussi tous les clubs de tambourinaires du pays. Fraîchement rentré de Dubaï, où il a dirigé les tambourinaires de Gishora lors d’une exposition culturelle, M. Nshimirimana nous partage l’histoire et la signification du tambour royal. Ce symbole, ancré dans l’époque des rois, était au centre des cérémonies et des fêtes, notamment l’« Umuganuro », une célébration de redistribution des biens et de réaffirmation de loyauté envers le roi. Pendant huit jours, le son du tambour résonnait sans cesse. 

 

Pour M. Nshimirimana, le tambour royal n’était pas seulement un instrument, mais un pilier du pouvoir royal. « Sans le tambour royal, le concept même de roi aurait été impensable », affirme-t-il avec emphase. Les tambourinaires, en jouant, racontent l’histoire, les valeurs et la culture du Burundi. Ils évoquent la bravoure guerrière, la solidarité sociale, le courage, les bonnes mœurs et les traditions quotidiennes. 

 

Chaque battement du tambour est un rappel vivant des traditions burundaises, encourageant les nouvelles générations à préserver cet héritage précieux. 

  

Le tambour à l’étranger 


M. Nshimirimana, lors de ses voyages avec l’équipe renommée des tambourinaires de Gishora, a observé une fascination croissante pour cet instrument traditionnel. « C’est incroyable de voir à quel point notre tambour est apprécié à l’étranger », s’émerveille-t-il. 

 

« À l’étranger, l’engouement pour nos performances dépasse même celui que nous connaissons au Burundi », raconte-t-il. Le public international est souvent ébloui par la puissance et l’authenticité des tambours, surpris par leur sonorité naturelle et profonde. « Les gens sont étonnés d’entendre la résonance de nos tambours royaux, fabriqués à partir d’arbres locaux et revêtus de peau de vache, sans aucune amplification. » 

 

Oscar Nshimirimana, gardien dévoué du sanctuaire du tambour royal de Gishora. (COURTOISIE) 


Tirer la sonnette d’alarme 


M. Nshimirimana insiste sur l’importance pour la jeunesse burundaise de rester connectée à ses racines culturelles. « J’encourage vivement notre jeunesse à chérir notre tradition, nos mœurs et notre culture unique », déclare-t-il. Il exprime sa préoccupation face à l’adoption croissante de coutumes étrangères par les jeunes, avertissant que s’éloigner des traditions burundaises risque de diluer l’identité nationale. « Abandonner nos traditions burundaises pour des influences étrangères risque de nous faire perdre notre essence. Il est essentiel de préserver notre culture, en particulier à travers le tambour, pour garder notre fierté et identité. » 

 

M. Nshimirimana est préoccupé par l’usage inapproprié du tambour royal burundais à l’étranger, notamment le remplacement du drapeau national sur l’instrument par celui d’autres pays. Il souligne l’importance de préserver l’authenticité du tambour, un patrimoine du Burundi, tout en partageant la culture burundaise à l’international. 

 

Il met également en avant la nécessité de respecter la tenue traditionnelle des tambourinaires, les « Batimbo », et de veiller à ce que leurs performances reflètent fidèlement la culture burundaise. Ces éléments, selon lui, sont essentiels pour maintenir l’intégrité culturelle du Burundi dans un contexte mondialisé. 

 

Le tambourinaire central, portant un bouclier orné du drapeau national, se tient sur le parcours national du flambeau de la paix, en octobre 2022. (COURTOISIE) 

  

L’évolution du tambour royal du Burundi au fil du temps 


L e tambour royal du Burundi, un emblème séculaire datant du XVIIe siècle, incarne l’importance et la pérennité de la monarchie dans la société burundaise. Jadis, ce rituel musical était au cœur des événements majeurs, tels que l’intronisation des rois et les funérailles de grandes personnalités. Les gestes des tambourinaires, véhiculant l’héroïsme guerrier, étaient un élément clé de ces cérémonies. 


Avec le temps, le rôle du tambour royal a évolué. Aujourd’hui, son rythme anime les grandes fêtes nationales comme celle de l’indépendance et d’autres célébrations significatives. Son contenu s’est diversifié, passant de messages monarchiques à des thèmes politiques, sociaux et culturels. La pratique de la danse du tambour est désormais réglementée, ne figurant plus automatiquement dans les mariages ou d’autres cérémonies sans autorisation préalable. 

 

La tradition du tambour est transmise de génération en génération, tout comme l’art de sa fabrication. Historiquement réservée aux hommes, cette pratique est un pilier de la culture masculine burundaise. 

 

Le 6 juin 2017, un décret présidentiel a établi une semaine dédiée à la danse du tambour, connue sous le nom d’« Umurisho w’ingoma ». Cette semaine spéciale, célébrée annuellement le 26 novembre, est placée sous les auspices de la paix, du rapprochement et de la cohésion nationale. Durant cette période, des festivals de tambour sont organisés à travers le Burundi pour rendre hommage à cet art ancestral et à ses maîtres tambourinaires. Le décret souligne l’importance de cette semaine comme un moment clé de l’indépendance culturelle du Burundi. 

  

Reportage du Burundi 

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