2024-04-01 |
Une politique au service des citoyens |
VOL.16 / AVRIL 2024 par BUSANI NGCAWENI · 2024-04-01 |
Mots-clés: la démocratie populaire à processus intégral de la Chine |
Un commerçant transporte des légumes dans un marché de produits agricoles à Xiaogan, dans la province du Hubei, le 27 janvier. (XINHUA)
Les Deux sessions de la Chine, qui ont eu lieu début mars, offrent une opportunité pour l’ensemble du monde d’examiner la démocratie particulière du pays, la démocratie populaire à processus intégral. En raison de sa divergence avec la conception occidentale de la démocratie, ce concept est mal interprété et injustement critiqué par la plupart des hommes politiques occidentaux.
Comme l’a souligné Zhang Weiwei, doyen de l’Académie de recherche de Chine à l’Université Fudan de Shanghai, le système politique chinois ne prétend pas à l’universalité. Contrairement à la démocratie occidentale, il ne cherche pas à s’imposer au reste du monde. « Si la démocratie [occidentale] est la panacée du développement, pourquoi la plupart des pays en développement qui ont opté pour la démocratie occidentale restent-ils pauvres ? »
Selon lui, la démocratie occidentale échoue à reconnaître la richesse de la diversité mondiale et l’existence d’autres civilisations, privilégiant une vision réductrice fondée sur les systèmes multipartites et les élections périodiques. Cette vision engendre, d’après M. Zhang, un cycle sans fin d’élections suivies de désillusions, où les gouvernements peinent à générer des progrès socio-économiques significatifs. Il critique la prétention à l’universalité de la démocratie occidentale, qui tend à imposer ses propres structures politiques et sa vision du monde aux autres, en particulier dans les régions anciennement colonisées, souvent traitées comme des « terrains vierges » dénués de toute culture, savoir ou civilisation propres.
Fonctionnement de la démocratie
La démocratie populaire à processus intégral, telle qu’elle est pratiquée en Chine, diffère de la démocratie occidentale principalement par sa structure organisationnelle, ses principes directeurs et ses pratiques de développement. Contrairement à la démocratie occidentale, qui valorise le pluralisme politique, les libertés individuelles et les élections compétitives, le modèle chinois privilégie la décision collective guidée par le Parti communiste chinois. Il met un accent particulier sur la stabilité sociale et le développement économique durable.
Cette approche est attrayante pour les pays du Sud en raison de sa capacité à mettre en œuvre efficacement des politiques axées sur l’industrialisation rapide, la réduction de la pauvreté et le développement des infrastructures, en évitant souvent les longs blocages politiques et la bureaucratie qui caractérisent la démocratie occidentale. De plus, le modèle chinois est considéré comme plus adaptable à différents contextes culturels et historiques, ce qui attire les nations en quête d’autres voies de développement et de gouvernance favorisant le progrès socio-économique plutôt que le strict respect des normes démocratiques occidentales.
Fondée sur la philosophie chinoise, qui valorise la diversité des systèmes et l’idée qu’aucun modèle n’est universel, la démocratie populaire à processus intégral encourage les pays à ne pas imiter aveuglément d’autres systèmes, mais à rechercher ceux qui correspondent le mieux à leur contexte national et aux aspirations de leur peuple.
Dans son discours prononcé à l’occasion du 14e Forum de Bali sur la démocratie en décembre 2021, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré : « La démocratie porte l’image d’une plante enracinée dans le territoire de chaque pays, qui tire sa substance des différentes cultures dans leur propre histoire, des traditions d’ethnies authentiques et des contextes sociaux diversifiés, nourrissant sa croissance et son épanouissement… Il existe plusieurs formes de démocratie qui se trouvent toutes bien alignées en parallèle, sans que l’une soit supérieure aux autres. »
La démocratie populaire chinoise accorde une importance égale au processus démocratique et aux résultats obtenus. Elle assure l’engagement citoyen dans la conception, la mise en œuvre et le contrôle des politiques publiques, répondant ainsi aux besoins de développement de la population.
Des députés à la XIVe Assemblée populaire nationale lors de la réunion d’ouverture de sa deuxième session au Grand Palais du Peuple à Beijing, le 5 mars. (XINHUA)
Le bonheur du peuple
Le bonheur individuel est profondément ancré dans les conditions socio-économiques et le bien-être général, influencés par les politiques gouvernementales. Depuis la création de la Journée internationale du bonheur par les Nations unies en 2013, il existe un consensus croissant sur les méthodes pour évaluer le bonheur. Ainsi, le bonheur national peut désormais être considéré comme un objectif tangible pour les gouvernements. Les Chinois estiment que l’efficacité des politiques publiques devrait être mesurée en fonction du bonheur de la population. Le niveau de satisfaction des Chinois a progressé ces dernières années, ce qui est significatif étant donné que la Chine est passée d’un pays agraire extrêmement pauvre à une nation industrialisée prospère, leader dans de nombreux domaines.
Cette vision du bonheur en tant qu’indicateur clé pour les nations gagne du terrain à l’échelle mondiale. Comme le soulignent les chercheurs Timothy Besley, Joseph Marshall et Torsten Persson dans le chapitre sur le bien-être et l’efficacité des gouvernements du Rapport mondial sur le bonheur 2023, « de nombreux observateurs ont affirmé que les gouvernements devraient chercher à accroître le bonheur de leurs citoyens. Cependant, l’expérience montre qu’il est extrêmement difficile d’orienter le gouvernement vers cet objectif et de garantir qu’il puisse y parvenir de manière efficace. L’une des principales raisons en est que même les décideurs politiques bien intentionnés qui aimeraient poursuivre un objectif de bonheur n’ont pas nécessairement la capacité de le faire ».
L’efficacité de la gouvernance chinoise peut être évaluée en fonction des résultats obtenus en matière de développement. La politique de réforme et d’ouverture mise en œuvre depuis fin 1978 est au cœur de cette analyse. Comme l’a déclaré le Président chinois Xi Jinping, « sans la réforme et l’ouverture, la Chine ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui, et elle n’aurait pas non plus les perspectives d’un avenir meilleur ». Depuis la mise en place de cette politique, la Chine a non seulement atteint ses objectifs en matière de développement intérieur, mais elle a également contribué de manière significative à la paix et au développement dans le monde, ainsi qu’à la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.
Dans son livre sur les 40 ans de réforme et d’ouverture de la Chine, Huang Qinguo, ancien ambassadeur de Chine aux Bahamas, résume les résultats obtenus : « La Chine a joué un rôle majeur en tant que stabilisateur et moteur de l’économie mondiale. Elle a atténué les effets des crises financières asiatique et mondiale. La Chine est le principal partenaire commercial de plus de 120 pays, contribuant à la création de millions d’emplois à l’échelle mondiale et à l’établissement d’entreprises dans plus de 190 pays et régions. »
Sur le plan national, la politique a catalysé une croissance économique fulgurante, avec une multiplication par 35 du PIB et une part économique mondiale passant de 1,7 % à plus de 18 %. Le revenu disponible par habitant dans les zones urbaines et le revenu net par habitant dans les zones rurales ont été multipliés par plus de 100. L’assurance maladie de base et l’assurance vieillesse couvrent respectivement 1,36 milliard et 900 millions de personnes. La Chine a réussi à éradiquer la pauvreté absolue dans tout le pays en 2021.
Ces résultats illustrent clairement le succès de la démocratie populaire à processus intégral de la Chine.
BUSANI NGCAWENI, directeur de l’École nationale de gouvernement d’Afrique du Sud, et chargé de recherche à l’Université de l’Académie chinoise des sciences sociales
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