Le Président chinois Xi Jinping prononce un discours lors de la Conférence marquant le 70e anniversaire des Cinq principes de la coexistence pacifique au Grand Palais du Peuple à Beijing, capitale de la Chine, le 28 juin. (XINHUA)

En 2024, deux grands conflits dominent l’actualité mondiale : l’un en Europe, opposant la Russie à l’Ukraine, et l’autre au Moyen-Orient, entre Israël et la Palestine. En réalité, tous les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies sont impliqués dans divers conflits régionaux, à l’exception notable de la Chine. Les États-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni interviennent directement ou via des intermédiaires dans un cadre de rivalité entre grandes puissances. Ces nations ont également formé des alliances militaires et économiques régionales, telles que le G7 et l’OTAN.

D’autres conflits régionaux non déclarés se déroulent dans différentes parties du monde. Au Moyen-Orient, un conflit de faible intensité a éclaté entre Israël et le Liban, en raison des tensions à Gaza. Des affrontements similaires ont eu lieu entre Israël et la Syrie, ainsi qu’avec l’Iran.

En Asie de l’Est, la guerre des mots entre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République de Corée persiste. Depuis 2023, la RPDC a lancé plusieurs missiles balistiques en réaction aux exercices militaires conjoints des États-Unis et de la République de Corée.

En outre, des conflits ont éclaté entre Israël et le Yémen, ainsi qu’entre l’armée soudanaise et le groupe rebelle Rapid Support Forces.

La position de la Chine

Les conflits mentionnés ci-dessus partagent un point commun : l’absence de la Chine, qui a maintenu une position neutre. De plus, elle s’est consacrée à la médiation et au rapprochement des parties en conflit pour trouver des solutions pacifiques.

Ces efforts ont porté leurs fruits au Moyen-Orient, où la Chine a négocié la paix entre l’Arabie saoudite et l’Iran, mettant fin à des décennies d’hostilités entre ces deux puissances régionales. La Chine a également tenté de jouer le rôle de médiateur entre la Russie et l’Ukraine, ainsi qu’entre Israël et la Palestine, bien que ces initiatives n’aient pas encore abouti. Sur les plateformes mondiales comme l’Assemblée générale de l’ONU et le Conseil de sécurité, la Chine a souvent voté contre les résolutions de guerre ou s’est abstenue.

La politique étrangère chinoise est fondée sur les Cinq principes de la coexistence pacifique, proposés en 1954. À l’occasion de leur 70e anniversaire, il est pertinent de réfléchir à leur impact sur la promotion de la paix et de la sécurité mondiales, ainsi que sur l’unité du monde en développement. Issus d’un traité entre la Chine et l’Inde, ces principes, connus sous le nom de Panchsheel, guident les relations internationales et la diplomatie chinoise. Ils incluent le respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-agression mutuelle, la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, l’égalité et le bénéfice mutuel, et la coexistence pacifique.

L’engagement croissant de la Chine avec l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est et l’Amérique du Sud est un succès de sa politique étrangère. Malgré la résistance des États-Unis et de leurs partenaires occidentaux, la Chine a renforcé ses relations diplomatiques et économiques avec de nombreux pays grâce à son initiative « la Ceinture et la Route » (ICR), devenant ainsi le principal partenaire commercial de nombreux pays. Son influence mondiale grandissante s’aligne sur son rôle de premier partenaire commercial. En conséquence, un nombre croissant de pays ont délaissé le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale au profit du yuan chinois. Alors que l’économie américaine est affaiblie par les guerres incessantes et les campagnes de dédollarisation, la Chine connaît une croissance économique robuste.

Bintou Keita (à gauche), principale envoyée de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), serre la main d’un Casque bleu chinois lors d’une cérémonie de remise des médailles en périphérie de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en RDC, le 9 avril. (XINHUA)

Pour l’Afrique du Sud, les Cinq principes de la coexistence pacifique de la Chine ont fourni un cadre pour une relation respectueuse, non interventionniste et mutuellement bénéfique entre les deux pays. L’accent mis par la Chine sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale s’aligne sur sa politique générale de non-ingérence. Ce principe est particulièrement pertinent dans ses relations avec l’Afrique du Sud, un pays qui valorise sa souveraineté et son indépendance après ses luttes historiques contre le colonialisme et l’apartheid.

Le principe de l’égalité et des avantages mutuels se manifeste dans les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique du Sud. La Chine est devenue le plus grand partenaire commercial de l’Afrique du Sud. Les deux pays sont membres du groupe BRICS, qui se concentre sur le développement mutuel et la coopération. La Chine a investi massivement en Afrique du Sud, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’exploitation minière et de la fabrication, avec ses entreprises impliquées dans des projets d’infrastructure importants tels que les routes, les chemins de fer et les ports.

Les deux pays ont collaboré dans divers forums et organisations internationaux, plaidant pour un monde multipolaire et défendant les intérêts des nations en développement. Leurs efforts conjoints se manifestent également dans le maintien de la paix et les initiatives pour promouvoir la stabilité régionale en Afrique.

Médiation diplomatique

Les Cinq principes de la coexistence pacifique ont eu un impact considérable sur la paix et le développement mondiaux. La Chine a joué un rôle actif dans la médiation diplomatique de divers conflits, notamment au Moyen-Orient. De plus, elle est l’un des contributeurs les plus importants aux forces de maintien de la paix de l’ONU.

Grâce à ses investissements et à ses programmes d’aide, la Chine a favorisé le développement économique de nombreux pays, en particulier en Afrique et en Asie. Ces efforts ont permis de créer des emplois, d’améliorer les infrastructures et de stimuler la croissance économique, contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté et au développement.

En participant et en soutenant les organisations et accords internationaux, la Chine a démontré son engagement envers un ordre international basé sur des règles. Son rôle actif dans les organisations commerciales mondiales, les accords sur le changement climatique et les initiatives mondiales pour la santé en est un exemple concret.

Dans le contexte actuel de gouvernance mondiale, marqué par l’hégémonie occidentale, les changements de régime et le protectionnisme, les cinq principes sont perçus comme une réponse aux défis géopolitiques et économiques. Les initiatives chinoises telles que l’ICR, l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la sécurité mondiale mettent la paix et le développement au cœur des relations internationales. 

MAHASHA RAMPEDI : Rédacteur en chef d’African Times à Johannesburg, en Afrique du Sud