2024-08-01 |
Les forgerons de l'Olympe |
VOL.16 / AOÛT 2024 par YUAN YUAN · 2024-08-01 |
Mots-clés: Yiwu ; Jeux olympiques |
Un commerçant (à droite) sélectionne des ballons de football à la Yiwu International Trade City, dans la province du Zhejiang, le 15 avril. (CNSPHOTO)
Si la fièvre des Jeux olympiques (JO) se ressent fortement hors de France, c’est notamment à Yiwu, dans la province du Zhejiang sur la côte est de la Chine. Surnommée la capitale mondiale des petites marchandises, cette ville s’est affirmée comme un fournisseur clé pour les événements sportifs internationaux. Dans les marchés dynamiques de Yiwu, où l’on suit attentivement le rythme des compétitions mondiales, des entrepreneurs astucieux anticipent la demande croissante en produits variés, allant des vêtements et souvenirs aux gobelets jetables utilisés dans les stades.
Parés pour l’action
Lin Daolai, un commerçant actif au sein de la Yiwu International Trade City (YITC), le plus grand marché de gros de petites marchandises en Chine, a reçu en octobre dernier une commande importante : un million de bracelets officiels pour les JO. « La production a débuté en décembre. En février, nous avons expédié la première moitié des bracelets par avion, et les 500 000 restants ont été envoyés avant mai », explique-t-il à l’agence de presse China News Service. Selon le Comité d’organisation des JO de Paris, 80 % des produits dérivés des mascottes olympiques de cette année, dont certains fabriqués à Yiwu, sont produits en Chine.
Toutefois, les marchandises sous licence ne sont qu’une petite partie de l’activité économique dynamique de Yiwu liée aux événements sportifs. De nombreux commerçants de la région voient leur chiffre d’affaires croître grâce à la demande en produits dérivés variés tels que bâtons de supporters, décorations et jouets. La YITC compte plus de 800 entreprises spécialisées dans la fourniture d’articles et d’équipements pour des événements sportifs, tant nationaux qu’internationaux. Les dernières statistiques des douanes de Yiwu indiquent qu’au cours des quatre premiers mois de l’année 2024, les exportations d’articles de sport ont atteint 3,1 milliards de yuans (427 millions de dollars), marquant une hausse de 45,6 % en glissement annuel. À noter également, les exportations vers la France ont augmenté de 70,5 % sur un an.
Depuis mars, la YITC a vu un afflux considérable d’acheteurs internationaux, attirés par l’acquisition d’équipements sportifs tels que maillots, ballons de football et lunettes de natation. Avec le délai d’expédition maritime de deux mois de Yiwu vers la France, le pic d’achat s’est déjà conclu à l’approche des JO d’été.
Wen Congjian, un vendeur de maillots, témoigne : « Depuis mars jusqu’à juillet, notre activité a été ininterrompue en raison des grands événements sportifs successifs tels que l’Euro 2024, la Copa América et les JO. »
Pour les JO de Paris, M. Wen a créé des uniformes pour les supporters de l’équipe de France, principalement en bleu foncé avec des détails tricolores sur le col et les manches. La popularité et la demande pour ces articles ont explosé, la France étant le pays hôte.
« La majorité des commandes a déjà été envoyée par voie maritime. Les commandes actuelles, majoritairement urgentes, nécessitent une expédition par avion », explique M. Wen, soulignant que cela représente la phase finale pour satisfaire les demandes liées aux JO de Paris 2024.
Des commerçants sélectionnent des articles de sport à la Yiwu International Trade City, dans la province du Zhejiang, le 15 avril. (CNSPHOTO)
Explorer de nouveaux horizons
L’activité à Yiwu ne se limite pas aux articles sportifs. Guo Huiping, une commerçante spécialisée dans l’exportation de produits dérivés sur le thème sportif, a récemment introduit un bâton lumineux aux couleurs du drapeau français, capable de briller pendant dix heures. « Depuis le début de l’année, nous sommes inondés de commandes internationales pour les JO », confie Mme Guo. Durant la période pré-JO, son magasin a enregistré une affluence continue de clients fidèles d’Asie et d’Europe, qui placent fréquemment des commandes massives pour des milliers, voire des dizaines de milliers de petites marchandises telles que bâtons lumineux, serre-tête papillons et épingles à cheveux.
De son côté, Zhou Tingting, une autre entrepreneuse de la région, travaille depuis l’année dernière à la création de nouveaux produits dérivés des JO. Son équipe a développé un chapeau inspiré par le coq gaulois, aux couleurs du drapeau français, qui a été très bien accueilli par ses clients.
Liu Ruqun, propriétaire d’une boutique de bijoux à Yiwu, a lancé une collection de boucles d’oreilles sur le thème de la France, intégrant astucieusement les trois couleurs du drapeau dans ses créations. Cette collection est actuellement disponible en une douzaine de styles variés.
« Initialement, nous avons envisagé ce projet comme une expérimentation, en produisant seulement quelques centaines de paires pour chaque modèle. Toutefois, elles se sont vendues rapidement, ce qui a déclenché une série de commandes répétées », explique Mme Liu. Forte de ses 24 ans d’expérience dans le commerce de bijoux, où elle privilégie un style rétro et des influences de la mode chinoise, elle a cette année diversifié sa collection avec des créations inspirées par les JO, attirant un nombre croissant d’acheteurs, tant chinois qu’européens.
À l’approche des JO, Mme Liu anticipait une nette augmentation des commandes. « Nous concevons continuellement de nouveaux bijoux sur le thème des JO, cherchant à capitaliser sur le marché intérieur pendant les JO d’été à Paris », ajoute-t-elle.
Lao Guoling, directrice du Centre de recherche sur le commerce électronique à l’Université des finances et de l’économie de Shanghai, perçoit un immense potentiel dans l’élargissement de la gamme de produits dérivés au-delà des offres traditionnelles. « Avec l’ajout de quatre nouvelles disciplines aux JO de Paris 2024, que sont le breakdance, le skateboard, l’escalade sportive et le surf et qui jouissent d’une grande popularité parmi les jeunes, un vaste éventail d’opportunités se présente pour l’innovation des produits dérivés. Cela concerne non seulement les trophées et les médailles, mais aussi les vêtements, l’équipement et les articles liés aux sites des événements. »
Elle conseille aux commerçants de petites marchandises d’élargir leurs horizons, d’explorer de nouvelles opportunités et de se concentrer sur le développement de leurs propres marques, au lieu de se limiter à la production en masse d’articles. « Ce changement stratégique pourrait leur permettre de mieux répondre aux besoins évolutifs des marchés mondiaux », conclut-elle.
YUAN YUAN, journaliste de Beijing Review
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