2024-09-30 |
Écho d'une alliance |
VOL. 16 / OCTOBRE 2024 · 2024-09-30 |
Mots-clés: Sommet 2024 du FCSA ; liens d’amitié |
Une cliente chinoise sélectionne des fleurs dans une usine de Tambuzi à Nanyuki, au Kenya, le 18 mai. (XINHUA)
Depuis de nombreuses années, la Chine et le Kenya tissent des liens d’amitié robustes et ont mené ensemble plusieurs projets d’envergure axés sur la connectivité, jouant ainsi un rôle crucial dans le développement économique et social de la région. Le Kenya incarne un exemple emblématique de la réussite du partenariat sino-africain. En septembre, à l’occasion du Sommet de Beijing 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), le Président kényan William Ruto a mené une délégation en Chine.
CHINAFRIQUE a eu l’honneur de discuter avec un éminent membre de cette délégation, Musalia Mudavadi, premier secrétaire du cabinet et secrétaire du cabinet chargé des affaires étrangères et de la diaspora. Au cours de notre entretien, il a partagé ses perspectives sur l’importance stratégique du FCSA et les dimensions clés des relations sino-kényanes.
CHINAFRIQUE : Combien de fois avez-vous participé aux réunions du FCSA, et quel est votre commentaire sur l’importance du sommet de cette année ?
Musalia Mudavadi : C’était ma première participation à une réunion du FCSA, aux côtés du Président William Ruto, chef de la délégation kényane. Bien que ce forum existe depuis 24 ans, l’édition de Beijing revêtait une importance particulière, avec la présence de 53 pays africains représentés.
J’attends de ce sommet un renforcement significatif du partenariat entre la Chine et le continent africain. Le Président Xi Jinping a annoncé que la Chine élevait désormais ce partenariat à un niveau stratégique, témoignant du sérieux et de l’engagement de la Chine envers cette coopération. Ce changement de statut est également très apprécié par les pays africains.
M. Xi a également fait des déclarations essentielles concernant l’avenir de la coopération sino-africaine. Il a annoncé que les pays les moins avancés, dont 33 pays africains, bénéficieraient d’un accès au marché chinois sans tarifs douaniers. Par ailleurs, il a réaffirmé la volonté de la Chine de continuer à investir dans les infrastructures à travers l’initiative « la Ceinture et la Route ». Il a aussi abordé des thématiques variées telles que la sécurité mondiale, les échanges humains et culturels, ainsi que les transferts technologiques. Ce sommet a donc couvert un large éventail de sujets et, à mon avis, a été un véritable succès.
Le sommet s’est tenu dans un contexte marqué par l’intensification des conflits régionaux et de sérieux défis pour le développement mondial. Selon vous, quelle est l’importance de renforcer la solidarité entre les pays du Sud pour faire face aux défis mondiaux communs ?
Les médias traditionnels ont principalement axé leur couverture sur les crises en Ukraine et au Moyen-Orient, laissant de côté d’autres conflits tout aussi préoccupants, comme ceux au Soudan, au Sahel, ainsi que les difficultés rencontrées dans la Corne de l’Afrique. Le FCSA a donc offert une excellente opportunité de mettre en lumière certains des défis spécifiques auxquels l’Afrique est confrontée.
Un exemple significatif est la présence de la délégation soudanaise à cette réunion. Cela montre que la Chine peut faciliter le dialogue entre les parties en conflit au Soudan, favorisant une résolution pacifique. Sur le plan diplomatique, la Chine peut, aux côtés de l’Union africaine, contribuer à des solutions durables. Le sommet a également abordé des thèmes clés, dont la sécurité et la gouvernance mondiale, ce qui était particulièrement important.
Musalia Mudavadi, premier secrétaire du cabinet et secrétaire du cabinet chargé des affaires étrangères et de la diaspora du Kenya. (HU FAN)
Quel rôle le FCSA joue-t-il dans la promotion des relations sino-kényanes ?
Le partenariat sino-kényan a produit des résultats très positifs. Un exemple marquant est la construction du chemin de fer à écartement standard, qui a considérablement amélioré la connectivité du pays, et nous envisageons désormais son extension vers l’Ouganda et au-delà. De plus, une nouvelle autoroute a vu le jour grâce à un partenariat public-privé avec la Chine, et nous espérons voir d’autres projets similaires à l’avenir.
Cette amitié a également permis la construction de nombreuses routes au Kenya. D’ailleurs, si tout se déroule comme prévu, un accord de financement d’environ 2 milliards de yuans (281 millions de dollars) pourrait être signé aujourd’hui pour achever près de 15 routes à travers le pays, ce qui aurait un effet multiplicateur significatif sur l’économie.
Le partenariat sino-kényan ne se limite pas aux infrastructures. Dans le secteur des TIC, de grandes entreprises chinoises ont investi au Kenya, renforçant ainsi l’image du pays comme une destination d’investissement privilégiée.
Le tourisme est également en plein essor : actuellement, environ 200 000 touristes chinois visitent le Kenya chaque année, un chiffre en constante augmentation grâce à la récente suppression des visas d’entrée. Cela facilitera les échanges culturels et ouvrira de nouvelles opportunités pour le secteur touristique.
Enfin, nous espérons voir une augmentation des investissements du secteur privé chinois au Kenya, ce qui contribuera davantage au développement économique du pays.
Quelles sont les régions du Kenya qui ont le plus de potentiel pour attirer les investisseurs chinois, et quelles mesures le Kenya a-t-il mises en place pour encourager les investissements étrangers ?
De nombreuses régions du Kenya offrent un potentiel d’investissement considérable. L’agriculture, par exemple, représente un secteur prometteur. C’est une excellente opportunité pour les entreprises chinoises de s’associer à des partenaires kényans, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie manufacturière ou d’autres secteurs liés à l’exportation vers les marchés européens, américain et au-delà. Nous encourageons activement les coentreprises entre les entreprises kényanes et chinoises.
En outre, le Kenya est un véritable hub technologique. Nous avons l’ambition de poser 100 000 km de câble à fibre optique afin d’améliorer la connectivité à travers le pays et d’offrir davantage d’opportunités numériques à nos jeunes, qui représentent environ 70 % de la population (âgée de 35 ans et moins) et sont très intéressés par la technologie comme moteur de leurs activités. Cela représente une opportunité majeure pour les investisseurs dans le domaine des TIC.
Le secteur du logement et de la construction est également un domaine où les entreprises chinoises sont déjà présentes, mais il existe encore un potentiel d’investissement supplémentaire. Un autre avantage pour les investisseurs chinois est la suppression des visas, facilitant ainsi les échanges et l’établissement des affaires.
Sur le plan financier, le Kenya se positionne comme l’un des marchés les plus libéraux d’Afrique. Les investisseurs peuvent transférer librement leurs fonds, car notre monnaie, le shilling kényan, est entièrement convertible et il n’y a pas de restrictions sur les changes. C’est un atout majeur qui rassure les actionnaires, car il garantit la possibilité de rapatrier les dividendes sans entrave.
De plus, le Kenya dispose d’une Autorité des marchés des capitaux solide, permettant aux investisseurs de diversifier leurs placements via la Bourse de Nairobi. Notre secteur des services financiers est robuste, ce qui constitue un élément clé pour tout investisseur souhaitant s’implanter dans un pays. Grâce à ces avantages, le Kenya s’affirme comme la plaque tournante financière de l’Afrique de l’Est, offrant un environnement favorable et attractif pour les investissements étrangers.
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