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  2024-09-30
 

Vers l'industrialisation

VOL. 16 / OCTOBRE 2024 par GE LIJUN  ·   2024-09-30
Mots-clés: investissements chinois ; industrialisation de l’Afrique

Un étudiant entretient une machine-outil à Nairobi, au Kenya, le 17 août 2018. La société chinoise AVIC INTL a coopéré avec les ministères de l’Éducation du Kenya, de l’Ouganda, de la Zambie, du Ghana, du Gabon et d’autres pays africains pour cultiver des talents professionnels et techniques. (XINHUA)

À l’occasion du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), Hasnaine Yavarhoussen, directeur général délégué de Groupe filatex, premier producteur privé d’énergie à Madagascar, s’est rendu à Beijing. En tant qu’acteur économique incontournable de la Grande Île et du continent africain, le Groupe filatex a pris part à ce forum économique de haut niveau en tant que membre de la délégation économique officielle malgache. Cette participation a également permis au Groupe filatex d’explorer de nouvelles opportunités de partenariats dans ses domaines d’expertise stratégique à travers le continent africain.

M. Yavarhoussen a notamment assisté à la signature d’un accord de partenariat entre l’État malgache et une entreprise chinoise spécialisée dans le secteur de l’énergie. À Madagascar, la production d’électricité, encore largement dépendante des sources fossiles, subit des pertes techniques estimées à environ 35 % sur le réseau de distribution. C’est dans ce contexte que le Groupe filatex contribue activement aux efforts nationaux de modernisation du réseau électrique, avec pour objectif de réduire ces pertes à 5 %. « L’industrialisation de Madagascar ne pourra se faire sans une électricité plus abordable et une amélioration significative de la qualité de service », a déclaré M. Yavarhoussen à CHINAFRIQUE.

Groupe filatex, qui collabore depuis plusieurs années avec des entreprises chinoises, illustre parfaitement la coopération pragmatique sino-africaine. Dans son discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet de Beijing du FCSA, le 5 septembre, le Président chinois Xi Jinping a déclaré : « La coopération mutuellement bénéfique est la bonne voie à suivre qui correspond aux intérêts fondamentaux et de long terme de tous les pays. La Chine entend approfondir sa coopération avec l’Afrique dans les domaines tels que l’industrie, l’agriculture, les infrastructures, le commerce et l’investissement. »

Les investissements chinois en Afrique continuent de stimuler la croissance économique du continent et d’accélérer son industrialisation, selon le Rapport 2024 sur les investissements de la Chine en Afrique, publié le 23 août par le China-Africa Business Council (CABC). Ce rapport, fruit de recherches menées sur le terrain en collaboration avec des instituts de recherche et de conseil chinois et africains, s’inscrit dans le cadre du Plan d’action de Dakar (2022-2024), adopté lors de la huitième Conférence ministérielle du FCSA. Il est publié chaque année depuis 2021.

Cérémonie de lancement du Rapport 2024 sur les investissements de la Chine en Afrique, à Beijing, le 23 août. (CABC)

Expansion des domaines d’investissement

Selon le ministère chinois du Commerce (MCC), fin 2023, le stock d’investissements directs chinois en Afrique dépassait 40 milliards de dollars, faisant de la Chine une source majeure d’investissements étrangers. Ces trois dernières années, les entreprises chinoises ont créé plus de 1,1 million d’emplois locaux. Les parcs industriels tels que Lekki au Nigeria et TEDA Suez en Égypte, couvrant divers secteurs, ont attiré plus de 1 000 entreprises, contribuant ainsi à l’augmentation des recettes fiscales et des devises par les exportations.

Selon le CABC, les infrastructures sont essentielles à l’industrialisation en Afrique. L’International Finance Corporation estime que l’Afrique subsaharienne doit investir 7,1 % de son PIB par an en infrastructures pour atteindre ses objectifs de développement, mais en 2023, les investissements n’étaient que de 3,5 %. La coopération sino-africaine dans ce domaine, évaluée à plus de 37 milliards de dollars par an selon le MCC, est ainsi devenue un pilier de l’industrialisation et de la diversification économique de l’Afrique.

Dans le secteur des transports, les entreprises chinoises ont mené à bien plusieurs projets d’infrastructures, tels que des autoroutes, des chemins de fer et des ports, améliorant considérablement l’efficacité logistique intra-africaine, réduisant les coûts de transport et favorisant l’intégration régionale. Par exemple, la ligne ferroviaire Mombasa-Nairobi a permis au Kenya de réduire ses coûts logistiques de plus de 40 %, renforçant ainsi le développement économique local.

Le rapport souligne également que les investissements chinois en Afrique se diversifient progressivement, au-delà des secteurs traditionnels comme la construction, l’exploitation minière, l’énergie et l’ingénierie, pour s’étendre à des domaines émergents tels que l’économie numérique, le développement durable et les services financiers. Cette diversification aide l’Afrique à améliorer la résilience et la compétitivité de son économie tout en offrant davantage d’opportunités d’investissement aux entreprises chinoises.

Mustafa Rawji, directeur général de Rawbank, première banque privée en République démocratique du Congo (RDC), a confié à CHINAFRIQUE : « Ce qu’on voit de nouveau, c’est davantage d’investissements chinois dans le domaine technologique. La Chine continue petit à petit à exporter sa technologie pour installer des réseaux de télécommunications et des centres de données en Afrique. » Ces propos trouvent un écho dans le rapport, qui indique que ces investissements ont non seulement amélioré la cyberinfrastructure dans les pays africains, mais ont également favorisé la construction d’infrastructures numériques, stimulant ainsi la numérisation et la mise à niveau des industries africaines.

« Mieux vaut apprendre à pêcher que de donner des poissons » résume l’approche des entreprises chinoises en Afrique. Huawei, par exemple, a investi plus de 150 millions de dollars dans des programmes de formation, touchant 150 pays, dont l’Afrique, et formant 1,54 million de personnes. Ces initiatives ont non seulement soutenu son expansion, mais aussi créé un vivier de talents qualifiés. La connaissance locale, essentielle face à la diversité des conditions africaines, facilite l’introduction des investissements chinois et le développement des entreprises.

« Pour les entreprises qui souhaitent investir en Afrique, il est essentiel de connaître le terrain. Il faut s’appuyer sur les chambres de commerce locales pour obtenir toutes les informations nécessaires à l’installation », a indiqué Mbuyi Junior, fondateur et PDG de JPG Consulting Partners Group, à CHINAFRIQUE. Grâce à cette expertise locale, les investisseurs chinois peuvent mieux appréhender le cadre juridique, s’adapter aux spécificités du marché africain, minimiser les risques légaux et respecter les cultures et traditions locales, assurant ainsi le succès de leurs projets.

Alto Bandim Fishing Port et complexe de transformation et de stockage de produits aquatiques investis et construits par des entreprises chinoises, à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, le 8 juillet. (XINHUA)

Répondre à la demande africaine

Le secteur de la transformation des ressources naturelles offre un fort potentiel d’exportation en Afrique. Bien que le continent détienne 23 % des réserves minières mondiales, il ne représente que 9 % de la production globale. Pour combler cet écart, plusieurs pays africains ont engagé des réformes visant à encourager la transformation locale des minéraux et à créer plus de valeur ajoutée.

Le MCC dévoile qu’à la fin de 2021, les investissements directs chinois dans le secteur minier africain s’élevaient à 9,99 milliards de dollars, soit 22,6 % du total des investissements chinois en Afrique. Les entreprises chinoises y développent une chaîne d’approvisionnement complète, intégrant la recherche, l’exploration, l’extraction, la transformation et la vente. Elles créent notamment des parcs industriels intégrés, en amont et en aval, visant à accroître la valeur ajoutée locale.

Dans une interview accordée à CHINAFRIQUE, l’ambassadeur du Niger en Chine, Garba Seyni, a souligné que « l’un des projets sino-nigériens les plus significatifs est l’exploitation du gisement d’Agadem par la China National Petroleum Corporation, faisant du Niger un producteur de pétrole ». La construction d’un oléoduc de 2 000 km reliant les champs pétroliers du Niger au port du Bénin reflète l’ampleur des investissements chinois dans l’énergie nigérienne. Selon lui, cette collaboration s’étend aussi à l’uranium et au ciment, illustrant la diversité des investissements chinois au Niger.

L’industrialisation du secteur manufacturier est, depuis des décennies, la priorité absolue du programme de développement de l’Afrique. L’Agenda 2063 de l’Union africaine souligne l’importance de l’industrie manufacturière, en particulier des pôles manufacturiers régionaux, pour la transformation des économies africaines.

Selon le MCC, la Chine investit 400 millions de dollars par an dans le secteur manufacturier africain, se concentrant de plus en plus sur des « investissements orientés vers le marché ». Les entreprises chinoises exploitent les ressources et la main-d’œuvre locales pour créer des bases de production et répondre aux besoins du marché, stimulant ainsi les chaînes industrielles et la modernisation de l’industrie africaine. En plus des industries à forte intensité de main-d’œuvre, elles investissent également dans les hautes technologies, comme la santé, les nouvelles énergies et l’information électronique, renforçant la coopération sino-africaine.

Ces dernières années, les économies africaines ont accéléré leur développement, traçant une voie unique vers une modernisation « à l’africaine », et transformant le continent en une région pacifique et prospère. Dans cette dynamique, les entreprises chinoises se sont engagées à soutenir l’Afrique dans son exploration vers la modernisation, comme le note le rapport.

Dans les trois ans à venir, la Chine entend travailler avec l’Afrique pour développer dix Actions de partenariat sur la modernisation, approfondir la coopération sino-africaine et guider la modernisation du Sud global. Pour assurer la mise en œuvre des dix Actions de partenariat, le gouvernement chinois accordera à l’Afrique un soutien financier de 360 milliards de yuans (51 milliards de dollars), dont 210 milliards de yuans (30 milliards de dollars) de ligne de crédit, 80 milliards de yuans (11 milliards de dollars) d’aides sous différentes formes et au moins 70 milliards de yuans (10 milliards de dollars) d’investissements d’entreprises chinoises en Afrique, a annoncé le Président Xi lors du Sommet 2024 du FCSA.

Une nouvelle opportunité de coopération s’ouvre. « Ce forum permet des partenariats qui ne se limitent pas à un projet unique. C’est une collaboration que nous espérons voir se prolonger avec d’autres projets, toujours dans un esprit gagnant-gagnant : gagnant pour l’entreprise privée que nous sommes, gagnant pour Madagascar et gagnant pour les entreprises chinoises », a conclu M. Yavarhoussen.

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