2024-09-30 |
Empreintes d'avenir |
VOL. 16 / OCTOBRE 2024 par BUSANI NGCAWENI · 2024-09-30 |
Mots-clés: la Chine et l’Afrique du Sud ; un destin commercial |
Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa s’adresse à la cérémonie d’ouverture du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing, en Chine, le 5 septembre. (GOUVERNEMENT DE L’AFRIQUE DU SUD)
En 2023, la filiale sud-africaine de la Banque de Chine, en collaboration avec l’École d’économie et de finance de l’Université du Witwatersrand, a lancé un outil novateur : l’Indice de confiance des investisseurs chinois en Afrique du Sud. Cet indice, une première en son genre, évalue la situation économique et l’atmosphère d’investissement en Afrique du Sud à travers le prisme des perceptions et expériences des investisseurs chinois. Il ambitionne d’analyser les variations des indicateurs économiques objectifs et de dévoiler les facteurs et dynamiques sous-jacents, incluant l’impact sur la gouvernance et le climat politique. En offrant une évaluation exhaustive de l’environnement d’investissement, cet indice prend en compte les avis des entreprises chinoises et sud-africaines, leurs défis rencontrés et leurs perspectives futures.
Cette étude revêt une importance particulière dans le contexte actuel, marqué par la visite d’État en Chine du Président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a également participé au Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine à Beijing.
Un partenariat renforcé
L’indice illustre les liens étroits entre l’Afrique du Sud et la Chine, mettant en avant la qualité des entreprises chinoises ayant investi en Afrique du Sud et leur confiance en l’environnement commercial local. Il est notable que ces investissements chinois se soient diversifiés, évoluant des secteurs traditionnels comme les mines vers des secteurs manufacturiers et de services à forte valeur ajoutée. Les grandes entreprises publiques chinoises jouent un rôle crucial dans la construction d’infrastructures vitales telles que ponts, routes et autoroutes. L’Association économique et commerciale Afrique du Sud-Chine, présidée par la Banque de Chine, regroupe des entreprises de premier plan, actives à l’échelle mondiale, qui apportent non seulement des ressources financières, mais aussi un transfert de compétences et une diversification des produits et services dans l’économie sud-africaine.
La popularité croissante des automobiles chinoises en Afrique du Sud en est un exemple frappant. Introduits il y a plus de dix ans, les minibus chinois ont laissé place à des voitures qui figurent aujourd’hui parmi les dix meilleures ventes de véhicules neufs dans le pays. Ce choix démontre la confiance des consommateurs sud-africains en la qualité de ces produits, renforçant ainsi les échanges humains et solidifiant les relations bilatérales.
Parallèlement, le marché chinois s’ouvre de plus en plus aux biens et services sud-africains. Des entreprises comme Tencent investissent dans des médias sud- africains, et des compagnies d’assurance telles que Discovery font leur entrée sur le marché chinois, répondant à la demande croissante de la classe moyenne pour des couvertures complémentaires. Cette même classe moyenne montre également un intérêt croissant pour les produits agricoles sud-africains, tels que les avocats, le maïs, les agrumes, les noix, le vin et la viande rouge, avec une augmentation notable des parts de marché pour les producteurs de maïs en Chine. Alors que l’Europe restreint les importations d’agrumes d’Afrique du Sud, la Chine reste ouverte. Les vins sud-africains, malgré des obstacles commerciaux ailleurs, sont de plus en plus demandés en Chine. De plus, la Chine, réduisant ses achats de maïs et soja américains, se tourne vers l’Afrique du Sud et d’autres pays du Sud pour ses besoins.
Enfin, les deux pays renforcent leur coopération dans les domaines de l’énergie et de la transition écologique. Ils explorent ensemble les vastes ressources solaires et éoliennes de provinces telles que le Cap-Oriental. L’engagement des Présidents Ramaphosa et Xi Jinping à co-organiser la Conférence Chine-Afrique du Sud sur l’investissement dans les nouvelles énergies, ainsi qu’à organiser un salon de l’emploi pour les entreprises à capitaux chinois, témoigne de leur volonté de stimuler l’emploi local et d’améliorer les conditions de vie. Cet effort est soutenu par un accord visant à encourager des investissements bilatéraux accrus et l’expansion des bases manufacturières, facilitant ainsi le transfert de compétences et de technologies et la création d’emplois.
Vue du projet d’énergie solaire thermique concentrée de Redstone, près de Postmasburg, dans la province du CapNord, en Afrique du Sud, le 20 août. (XINHUA)
Un environnement favorable
La déclaration conjointe issue de la visite d’État de M. Ramaphosa souligne l’engagement des deux nations à « fournir un environnement commercial stable et équitable, propice à la protection des intérêts légitimes des entreprises, du personnel, des projets et des institutions des deux parties ». Cette dynamique encourage les échanges de délégations économiques et commerciales, renforçant ainsi les fondements des partenariats stratégiques durables basés sur la réciprocité. La Chine demeure le principal partenaire commercial de l’Afrique du Sud, avec un volume d’échanges qui a atteint 34 milliards de dollars en 2023, incluant 12 milliards de dollars d’exportations sud-africaines et 22 milliards d’importations en provenance de Chine.
La Chine, reconnue pour ses réussites en matière de gouvernance économique, de développement industriel, d’amélioration des conditions rurales, de construction d’infrastructures et de réduction de la pauvreté, est un modèle de développement que l’Afrique du Sud aspire à s’approprier. Selon la déclaration, la Chine s’engage à partager ses expériences en matière de réduction de la pauvreté et de revitalisation rurale, notamment par la construction de villages modèles et le soutien au développement coordonné urbain et rural sud-africain.
L’importance du développement urbain et rural est également soulignée par le Président Ramaphosa, qui promeut un modèle de développement des districts à travers une approche pangouvernementale visant à transformer l’espace national. Dans son allocution de juillet au Parlement, il a préconisé une transformation structurelle de l’économie, visant à réduire la dépendance aux secteurs primaires au profit de secteurs à haute valeur ajoutée.
La récente visite d’État a permis d’élargir la coopération bilatérale, notamment dans les nouvelles sphères de la révolution scientifique et technologique et de la transformation industrielle, se focalisant sur l’économie numérique, les nouvelles énergies et l’intelligence artificielle. L’accent a été mis sur le renforcement des forces productives de qualité nouvelle et l’expansion de la coopération dans les domaines des énergies renouvelables, du stockage d’énergie, ainsi que du transport et de la distribution électrique.
L’évolution vers des forces productives de qualité nouvelle est envisageable pour l’Afrique du Sud, mais nécessitera une coordination efficace des politiques, des capitaux et des programmes. Il est donc prometteur de voir que de plus en plus de hauts fonctionnaires sud-africains bénéficient de formations en gouvernance économique en Chine, un phénomène qui devrait s’accroître.
BUSANI NGCAWENI, directeur de l’École nationale de gouvernement d’Afrique du Sud
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