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  2024-09-30
 

Symphonie des moissons

VOL. 16 / OCTOBRE 2024 par GITONGA NJERU  ·   2024-09-30
Mots-clés: alliance agricole ; agriculteurs sénégalais ; agronomes chinois

Un agriculteur dans une rizière à SaintLouis, au Sénégal, en juin 2019. (CTA)

Dans la vallée fertile du fleuve Sénégal, l’histoire de Cheikh Ndiaye, un agriculteur expérimenté, se tisse étroitement avec l’avènement récent d’innovations agricoles menées par des experts chinois. Ces derniers ont introduit de nouvelles cultures et pratiques agricoles au cours de la décennie écoulée, révolutionnant ainsi l’agriculture locale et stimulant un échange économique et culturel précieux entre le Sénégal et la Chine.

M. Ndiaye a observé de près l’impact positif de cette coopération interculturelle. Les champs traditionnels de mil et d’arachide se sont diversifiés avec l’introduction de riz, de blé et de variétés hybrides par les experts chinois. L’alliance de méthodes agricoles traditionnelles et modernes a non seulement boosté la productivité mais aussi renforcé la sécurité alimentaire et la stabilité économique des communautés locales.

« L’agriculture est un art qui exige passion. Sur mes 10 acres (4,05 hectares), j’obtiens désormais un rendement élevé grâce notamment à l’irrigation qui améliore considérablement les résultats », explique M. Ndiaye. Les ateliers d’agronomes chinois, en partenariat avec des sociétés agricoles locales, lui ont appris à exploiter des semences de riz et de mil à haut rendement. Distribuées par des coopératives et agences gouvernementales, ces semences ont permis à M. Ndiaye de doubler sa production et de vendre l’excédent sur les marchés locaux.

Par ailleurs, les sociétés agricoles locales et les banques jouent un rôle clé, soutenant les agriculteurs par des prêts et des formations continues. M. Ndiaye profite pleinement des projets d’irrigation développés dans le bassin du fleuve Sénégal, essentiels pour augmenter la productivité agricole et garantir la sécurité alimentaire dans la région.

Initiatives d’irrigation

La construction de barrages et de canaux d’irrigation, notamment les barrages de Diama et de Manantali, représente une initiative majeure pour réguler le débit d’eau et assurer une alimentation en eau stable, essentielle pour l’agriculture irriguée dans le bassin fluvial. Ces infrastructures profitent à des pays tels que le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée et le Mali. « Ces projets ont révolutionné la culture du riz, du maïs et des légumes, boostant ainsi la productivité agricole et améliorant les conditions de vie dans la région. Le fleuve Sénégal, s’étendant sur environ 1 640 km et couvrant un bassin versant de près de 270 000 km², est vital pour l’agriculture », explique Mabouba Diagne, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.

Le fleuve Sénégal se jette dans l’océan Atlantique près de Saint-Louis, une ville située à environ 320 km de Dakar par la route. « Nos agriculteurs bénéficient de l’expertise des agronomes chinois du Centre national chinois de recherche et de développement sur le riz hybride et de sociétés comme China Machinery Engineering et China CAMC Engineering, qui ont aidé à moderniser nos systèmes d’irrigation et à mécaniser les pratiques agricoles », ajoute M. Diagne.

Selon l’ambassadeur de Chine au Sénégal, Xiao Han, des experts agricoles chinois ont collaboré avec des coopératives locales près de Saint-Louis pour développer un système d’irrigation innovant permettant la culture du riz toute l’année. « Avant ces améliorations, l’agriculture était tributaire des fluctuations saisonnières du fleuve, ce qui limitait les périodes de culture et les rendements. Grâce aux nouveaux systèmes d’irrigation et aux pompes installées, les agriculteurs peuvent désormais produire plusieurs récoltes par an, augmentant significativement leurs revenus et la disponibilité alimentaire locale », souligne M. Xiao.

Par ailleurs, lors d’une rencontre récente en Chine avec des diplomates de plus de 20 pays africains, les discussions ont porté sur le renforcement de la coopération agricole entre les entreprises chinoises et africaines pour garantir la sécurité alimentaire. « Dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine, la coopération agricole est un axe crucial pour notre collaboration avec la Chine », conclut Ibrahima Sory Sylla, ambassadeur du Sénégal en Chine.

Un expert agricole chinois partage son savoir avec les étudiants de l’Institut Confucius de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar, au Sénégal, le 22 février 2023. (XINHUA)

Savoir-faire partagé

Les marchés sénégalais proposent désormais une grande variété de cultures, répondant aux préférences locales. L’influence chinoise va au-delà de la productivité, créant un cadre d’apprentissage et d’échange culturel qui permet à des agriculteurs comme M. Ndiaye d’adopter de nouvelles méthodes tout en valorisant leur héritage agricole.

Le riz, notamment, est cultivé avec succès dans la région de Casamance et dans le bassin de l’Anambé, un site clé pour la production de riz irrigué situé dans la région de Kolda. « Bien que le blé soit moins répandu au Sénégal comparé au riz et au mil, certaines zones, comme la vallée du fleuve Sénégal, s’appuient sur des systèmes d’irrigation pour sa culture », précise M. Diagne.

Dans la région de Tambacounda, des initiatives sont lancées pour stimuler la culture du blé, intégrée aux stratégies de diversification et de sécurité alimentaire. L’irrigation est essentielle tant pour le riz que pour le blé. Le Fonds de développement Chine-Afrique appuie divers projets agricoles et infrastructurels au Sénégal, en collaboration avec des entreprises telles que ZTE Agribusiness, une branche du géant des télécommunications ZTE, engagée dans des initiatives agricoles en Afrique.

M. Xiao est optimiste quant à l’avenir des projets agricoles au Sénégal : « Nous discutons avec davantage d’entreprises chinoises pour élargir notre partenariat. Le futur s’annonce prometteur, et de nombreux produits issus de nos collaborations sont déjà exportés vers la Chine. »

Il ajoute : « Cela est vrai notamment pour les produits horticoles du Sénégal, tels que les tomates, les oignons et les mangues. Les exportations de graines de sésame et de noix de cajou ont aussi fortement augmenté ces derniers mois. » M. Xiao envisage de faire venir davantage d’agronomes chinois pour partager leur expertise, formant ainsi les locaux et améliorant la productivité.

« Non seulement ces experts cultivent, mais ils offrent aussi des formations et des services de conseil en agronomie, incluant la lutte contre les parasites », souligne M. Xiao. Il révèle également un ambitieux plan quinquennal d’investissement chinois de cinq milliards de dollars au Sénégal. « Cela paraît très ambitieux mais c’est faisable. Le Sénégal devrait jouir d’une sécurité alimentaire face à de nombreux défis tels que le changement climatique », estime-t-il. 

Reportage du Sénégal

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