2024-09-30 |
Grains de passion |
VOL. 16 / OCTOBRE 2024 par YU XIANGJUN · 2024-09-30 |
Mots-clés: café Dili et Diya ; histoire transnationale |
Le design intérieur du café Dili et Diya reflète une fusion harmonieuse des cultures chinoise et africaine. (YU XIANGJUN)
Dans les ruelles étroites et pittoresques de la vieille ville de Kashgar, dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, se trouve un café aussi chaleureux qu’exceptionnel : le « Dili et Diya ». Ce lieu charmant propose des boissons aux arômes captivants qui enchantent les visiteurs, mais il est surtout célèbre pour l’histoire romantique qui se cache derrière son nom. Les commerçants locaux et les résidents racontent qu’un jeune homme ouïgour et sa femme africaine tiennent ce café, partageant avec les touristes des récits qui ont façonné une légende urbaine.
Le nom du café fusionne les prénoms de ses propriétaires, Dilshat Tursun de Kashgar et Hadiya Msham Abdulla, originaire de Tanzanie. Hadiya est arrivée en Chine en 2012 pour étudier à l’Université de médecine du Fujian, tandis que Dilshat a intégré l’Université de Fuzhou l’année suivante. Leur amour a éclos durant leurs années universitaires. Mariés en 2020 à Kashgar, ils ont décidé en 2022 de quitter leurs emplois à Fuzhou pour retourner à Kashgar. Là, ils ont lancé leur café, concrétisant leur rêve commun tout en accueillant leur premier enfant, ajoutant encore plus de chaleur à leur belle histoire.
Hadiya Msham Abdulla interprète une chanson folklorique tanzanienne pour les touristes, avec son mari, Dilshat Tursun, tenant tendrement leur enfant à ses côtés. (YU XIANGJUN)
Un carrefour culturel
Le café Dili et Diya est niché sur la rue Wustanbowie, où son enseigne sobre se fond dans l’ambiance historique de la vieille ville. Son fronton en bois, orné des noms des propriétaires, et la photo de leur mariage accrochée à la petite porte bleue, contribuent à créer une atmosphère accueillante et artistique. À l’intérieur, l’établissement est un véritable carrefour culturel, marquant la rencontre entre les traditions chinoises et tanzaniennes. Les grains de café, importés de la ville natale de Hadiya en Tanzanie, se mêlent harmonieusement au lait frais des éleveurs de Kashgar. Sous les yeux des visiteurs, Hadiya partage son expertise avec son équipe, enseignant avec précision les techniques de mouture et de préparation du café. Chaque tasse servie est un véritable chef-d’œuvre, offrant des arômes riches et profonds qui laissent un souvenir indélébile.
Hadiya, avec son palais raffiné pour le café, sélectionne méticuleusement des grains africains de premier choix, enrichissant le menu de spécialités exquises. Leur café de haute qualité est devenu emblématique de l’établissement. En plus des délices caféinés, le café propose des produits locaux et des articles artisanaux africains, diversifiant ainsi l’offre pour les clients curieux et gourmets.
Pour Dilshat et Hadiya, la création de leur propre café n’était pas seulement un rêve partagé, mais une aspiration devenue une réalité prospère. Durant la haute saison touristique, la vieille ville de Kashgar attire jusqu’à 50 000 visiteurs par jour, et leur café sert des centaines de tasses quotidiennement. Ce succès grandissant remplit le couple de fierté. Ils envisagent leur café comme un pont culturel, où les saveurs du café, les objets artisanaux raffinés et leur propre histoire contribuent à la diffusion des cultures chinoise et tanzanienne, semant ainsi les graines de l’échange culturel.
Le fils de Dilshat Tursun et Hadiya Msham Abdulla (à droite) joue avec un autre enfant dans le café. (YU XIANGJUN)
Une joie partagée
Avec le temps, le café Dili et Diya est devenu une véritable institution à Kashgar, fréquemment mentionné sur les réseaux sociaux et les sites de voyage. Les touristes affluent de tous horizons pour savourer un café imprégné des cultures sino-africaines et pour vivre l’histoire d’amour transnationale de ses propriétaires. Polyglotte, Hadiya parle six langues, facilitant ainsi l’interaction avec une clientèle internationale. Dans les moments de grande affluence, elle enchante les clients en chantant des chansons folkloriques tanzaniennes, transformant le café en une scène captivante. Son sourire radieux et sa voix mélodieuse, accompagnés par la présence attentive de Dilshat à ses côtés, enrichissent l’expérience, partageant leur bonheur avec chaque visiteur.
Avec la montée en notoriété de leur café, Dilshat envisage de développer son activité en adoptant des stratégies modernes comme la diffusion en direct pour commercialiser davantage de grains de café africains de qualité à Kashgar et à travers la Chine. Il ambitionne également de promouvoir les produits locaux de Kashgar en Afrique et au-delà. Dans l’atmosphère chargée d’histoire de la vieille ville, le café Dili et Diya est promis à un avenir florissant, à l’image de l’amour qui unit ses propriétaires.
Devanture du café Dili et Diya. (YU XIANGJUN)
La vieille ville de Kashgar, témoin de la prospérité et de l’évolution rapide de cette région frontalière, voit désormais fleurir de nombreux cafés similaires à Dili et Diya. Les propriétaires de ces établissements, issus de diverses ethnies et régions, avec leurs passés et coutumes variés, partagent une résilience et des ambitions communes. Ils œuvrent sans relâche pour améliorer leur condition de vie. Leurs silhouettes affairées incarnent le dynamisme de Kashgar aujourd’hui, tandis que leurs histoires, aussi vibrantes que celles de Dilshat et Hadiya, ajoutent un chapitre touchant au récit d’une vie meilleure.
Reportage du Xinjiang
YU XIANGJUN, journaliste de La Chine au présent
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