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  2024-11-04
 

Le chant du Sud

VOL. 16 / NOVEMBRE 2024 par IKENNA EMEWU  ·   2024-11-04
Mots-clés: Sud global ; Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam

Une nouvelle symphonie pour le Nigeria, qui renforce son ancrage parmi les pays du Sud. 

Des agricultrices locales présentent des plantules de riz au Centre nigérian de démonstration de technologies agricoles, situé à Abuja, au Nigeria, le 19 septembre 2023. (XINHUA) 

  

Le Nigeria semble toujours tourné vers le Nord, alors que le vent souffle désormais dans une direction opposée. Les principaux investisseurs étrangers dans le pays – Royaume-Uni, Pays-Bas, France et États-Unis – perpétuent un modèle d’investissement datant des années 1950. Ces investissements, majoritairement centrés sur le pétrole, le gaz, les munitions et les portefeuilles financiers, profitent principalement à ces puissances étrangères, sans véritable impact positif pour le Nigeria. Peu de changements ont été opérés au fil du temps, et les investissements dans des secteurs susceptibles d’améliorer le quotidien des Nigérians restent insuffisants. 

 

Le Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam, issu de la 13e Réunion du Forum Chine-Afrique des Think Tanks, tenue le 8 mars en Tanzanie, a eu des répercussions significatives. L’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang a qualifié cet accord historique de tournant majeur, affirmant qu’il représentait « le premier consensus international proposé par le Sud, exprimant la voix collective du Sud, plutôt qu’un cadre imposé par le Nord ». 

 

Ce consensus contient des engagements envers divers pays, dont le Nigeria. « En tant que membres clés du Sud global, l’Afrique et la Chine partagent une mission historique : celle du développement et du renouveau, pour le bénéfice de leurs peuples. » 

 

Le forum appelle à une gouvernance économique mondiale plus inclusive, à l’élimination des barrières commerciales et à une chaîne d’approvisionnement plus résiliente. Il encourage les pays du Sud, dont ceux d’Afrique, à exploiter leurs atouts pour s’industrialiser et moderniser l’agriculture, renforçant ainsi leur place dans l’économie mondiale. Une réforme du système financier international est également souhaitée pour combler le fossé du développement. 

 

Le consensus s’engage à démocratiser les relations internationales, à renforcer la représentation des pays en développement dans les institutions, et à réparer les injustices envers l’Afrique. Il défend la souveraineté nationale et le droit au développement, tout en prônant un développement humain inclusif pour améliorer la vie de chacun. 

 

Conformément à ce cadre, le Nigeria doit repenser ses priorités et adopter une stratégie d’intégration plus profonde avec les pays du Sud pour maximiser les bénéfices. Ses priorités diplomatiques devront également être réajustées dans cette optique. 

  

L’essor du Sud global  

 

L’essor collectif des pays du Sud est l’un des phénomènes marquants du XXIe siècle, avec un centre géoéconomique qui se déplace vers eux. Sur le plan économique, les nations émergentes et en développement contribuent désormais à près de 80 % de la croissance mondiale. Politiquement, elles manifestent une plus grande autonomie stratégique. Sur le plan international, elles élèvent leur voix et renforcent leur influence grâce à une participation active aux affaires mondiales. 

 

L’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR), proposée par la Chine, a permis de mutualiser les ressources et la volonté politique des autres pays du Sud. Elle est devenue une plateforme cruciale pour développer les infrastructures, faciliter le commerce et les investissements, partager le savoir-faire et promouvoir les échanges culturels. 

 

La Chine, moteur économique du Sud, se distingue par ses investissements axés sur la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie. En 2023, elle a atteint un record d’exportations de 3 380 milliards de dollars, tout en restant liée aux pays du Sud, ce qui renforce sa reconnaissance. Si une puissance comme la Chine peut répondre aux aspirations du Sud, pourquoi pas le Nigeria ? 

 

Le Nigeria, l’un des pays les plus prometteurs en termes de potentiel de croissance, doit jouer un rôle de premier plan au sein de cette dynamique Sud-Sud. Cela servira non seulement ses propres intérêts, mais également ceux du continent africain. 

  

Un train circule sur la ligne bleue du Lagos Rail Mass Transit à Lagos, au Nigeria, le 4 mars. (XINHUA) 

  

Affiner l’engagement du Nigeria  


Le Nigeria n’a pas encore pleinement exploité les opportunités offertes par ses relations avec la Chine et les autres pays du Sud. Face aux nombreux éloges suscités par le Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam dans les cercles diplomatiques, il est temps pour le Nigeria de revoir sa stratégie d’engagement avec le Sud global. 

 

La relation du Nigeria avec la Chine repose principalement sur le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), cadre essentiel pour un dialogue égalitaire et une coopération bénéfique. Bien que le Nigeria profite déjà de cette collaboration, un ajustement de ses politiques envers le FCSA pourrait maximiser les résultats. Les principes du FCSA s’alignent sur les valeurs du Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam. 

 

Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement en 2016 indique que plus de 52 % de l’aide chinoise de 2010 à 2012 a soutenu les pays les moins avancés, principalement en infrastructures. La Chine se positionne ainsi comme un acteur clé du développement mondial, collaborant avec divers pays et organisations régionales. 

 

Lors du sommet du G77 + Chine à Cuba l’année dernière, la Chine a réaffirmé son appartenance au Sud global, déclarant qu’elle « restera toujours une partie du monde en développement, quel que soit son niveau de progrès ». 

 

Lorsque l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a été lancé en 2018, le Nigeria a tardé à y adhérer, craignant que cet accord ne serve pas ses intérêts. Cependant, il a finalement ratifié l’accord le 5 décembre 2020, après que l’Union africaine a choisi le Ghana pour accueillir le siège de la ZLECAf, une opportunité que le Nigeria aurait pu saisir s’il avait agi avec plus de détermination. 

 

Plus récemment, des inquiétudes ont émergé concernant l’absence du Nigeria dans le cadre élargi des BRICS+ lors du dernier sommet en Afrique du Sud. Le gouvernement a répondu que le pays n’avait pas postulé pour rejoindre ce groupe. Cette réticence soulève des questions, d’autant que les BRICS explorent de nouvelles options pour échanger dans leurs propres devises, tandis que le Nigeria souffre du monopole du dollar américain sur son marché. Même l’accord de swap entre le naira et le yuan, signé en 2018 entre la Banque centrale du Nigeria et la Banque populaire de Chine, n’a pas encore donné les résultats escomptés. 

 

Pour tirer pleinement profit de sa coopération avec des mécanismes tels que le FCSA et l’ICR, le Nigeria gagnerait à s’aligner davantage sur la Chine et à renforcer ses partenariats avec les autres pays du Sud. 

  

L’auteur est rédacteur en chef de l’Africa China Economy Magazine, au Nigeria. 

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