2024-11-29 |
Une rencontre fructueuse |
VOL. 16 / DÉCEMBRE 2024 par XIA YUANYUAN · 2024-11-29 |
Mots-clés: CIIE ; produits africains ; marché chinois |
Un visiteur pose pour des photos avec une exposante au pavillon de l’Afrique du Sud lors de la septième CIIE à Shanghai, dans l’est de la Chine, le 7 novembre. (XINHUA)
L’agneau de Madagascar, le café d’Éthiopie, le beurre de karité du Soudan du Sud… Ces produits emblématiques ont captivé les visiteurs dans la zone consacrée aux aliments et produits agricoles lors de la septième Exposition internationale des importations de Chine (CIIE).
Organisée chaque année à Shanghai, la CIIE est considérée comme une plateforme majeure facilitant l’accès des produits africains au vaste marché chinois. Cette année, la participation africaine a été particulièrement remarquable, avec de nombreux responsables, hommes d’affaires et entrepreneurs venus de pays africains tels que l’Éthiopie, le Kenya, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe. Ils ont présenté une grande variété de produits, allant des denrées agricoles aux minéraux, en passant par les vêtements et les objets artisanaux, selon les organisateurs.
Cette année, des pays comme le Bénin, le Burundi, Madagascar, la Namibie et le Lesotho ont fait leurs débuts dans la section des expositions nationales, illustrant l’intérêt croissant de l’Afrique pour tirer parti des opportunités offertes par le marché chinois.
Un marché ouvert
Lors du Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), la Chine a annoncé une expansion unilatérale de l’accès à son marché, réaffirmant son soutien à l’entrée des produits africains via des plateformes telles que la CIIE. En conséquence, la zone d’exposition des produits alimentaires et agricoles a été élargie cette année, avec 26 stands réservés aux pays les moins avancés, contre 20 en 2023.
Les ananas béninois, présentés pour la première fois à la CIIE en 2023, ont suscité un vif intérêt, générant des commandes importantes et facilitant leur intégration rapide sur le marché chinois. Simon Pierre Adovelande, ambassadeur du Bénin en Chine, a révélé que les exportations béninoises d’ananas vers la Chine atteignent désormais environ 400 000 tonnes par an. Fort de ce succès, le Bénin a installé cette année son premier pavillon national, mettant en avant ses spécialités telles que les ananas, les noix de cajou, le beurre de karité et le miel.
Le miel zambien, un autre produit vedette, a également bénéficié de l’impact de la CIIE, avec des exportations en hausse, passant de moins d’une tonne en 2018 à près de 20 tonnes par an. Zhang Tongyang, directeur général de Mpundu Wild Honey, a salué cette plateforme comme un levier stratégique pour les petites entreprises africaines. « Elles souhaitent également profiter de ce canal pour accéder au marché chinois, mais il leur est difficile d’y participer seules. C’est pourquoi nous avons décidé d’apporter notre soutien en présentant leurs produits sur notre stand », a expliqué M. Zhang.
Joseph Nkandu, un producteur de café ougandais et directeur exécutif de la National Union of Coffee Agribusinesses and Farm Enterprises d’Ouganda, a souligné que le marché chinois, particulièrement dynamique auprès des jeunes consommateurs, représente une opportunité de croissance majeure. Son équipe a mis en place un réseau solide de partenaires chinois pour assurer la distribution et la vente de leurs produits à travers tout le pays. Il a également mis en avant le rôle crucial des accords bilatéraux, qui ont supprimé les droits de douane sur les produits ougandais, facilitant ainsi leur exportation.
Une exposanteprésente du miel au pavillon de la Zambie lors de la septième CIIE à Shanghai, dans l’est de la Chine, le 7 novembre. (XINHUA)
Un impact local durable
Bénéficiant de conditions géographiques idéales, de nombreux pays africains produisent des denrées agricoles de qualité. Samuel Abikunda, conseiller commercial auprès de l’ambassade du Rwanda en Chine, a confié à CHINAFRIQUE que depuis la première édition de la CIIE en 2018, le commerce agricole sino-africain n’a cessé de croître. Cette progression a non seulement élargi l’éventail de choix pour les consommateurs chinois, mais a également permis aux produits agricoles africains d’accéder au marché chinois, augmentant ainsi les revenus des populations locales, améliorant leurs conditions de vie et créant de nombreux emplois.
Participant fidèle depuis les débuts de la CIIE, le Rwanda s’est une fois de plus démarqué cette année avec un pavillon mettant en avant une gamme variée de produits, tels que du piment rouge, du café aux arômes subtils, du miel et d’autres spécialités qui connaissent un succès croissant.
Le café, spécialité rwandaise, a trouvé un débouché solide sur le marché chinois grâce à la CIIE. Yang He, responsable de Gorilla’s Coffee en Chine, a fait valoir que l’entreprise réalise désormais des ventes annuelles dépassant un million de tonnes dans le pays. En 2023, les importations chinoises en provenance du Rwanda ont progressé de 86,2 % par rapport à l’année précédente. Selon James Kimonyo, ambassadeur du Rwanda en Chine, la CIIE et les plateformes d’e-commerce ont éliminé les intermédiaires entre les agriculteurs rwandais et les consommateurs chinois. Les agriculteurs locaux peuvent désormais gagner quatre dollars de plus par sac de café vendu.
De son côté, la Guinée-Bissau a tiré parti de la CIIE pour promouvoir ses produits agricoles. Le pays est l’un des plus grands producteurs de noix de cajou au monde. Plus de 80 % de sa main-d’œuvre est employée dans cette filière. En 2022, une entreprise de cajou a bénéficié d’un stand gratuit lors de la CIIE, ce qui a considérablement boosté ses ventes en Chine. António Serifo Embaló, ambassadeur de Guinée-Bissau en Chine, souligne que des événements tels que la CIIE offrent un canal précieux pour mettre en avant les produits agricoles du pays, en particulier les noix de cajou, augmentant ainsi les revenus des agriculteurs locaux.
Selon Wang Zhimin, chercheur à l’Académie des études sur l’économie ouverte de Chine à l’Université de commerce international et d’économie, les exemptions tarifaires renforcent significativement la compétitivité des produits exportés par ces pays africains. Cela leur permet de mieux s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, favorisant un développement économique durable et améliorant les conditions de vie des agriculteurs.
Des visiteurs découvrent des produits africains dans la zone d’exposition des produits alimentaires et agricoles lors de la septième CIIE à Shanghai, dans l’est de la Chine, le 7 novembre.(XINHUA)
Vers une agriculture moderne
Parallèlement à l’ouverture de son marché, la Chine s’investit dans la modernisation de l’agriculture africaine. En une décennie, elle a établi 24 centres de démonstration de technologies agricoles et introduit plus de 300 techniques innovantes, augmentant les rendements agricoles de 30 à 60 %. Ces initiatives ont bénéficié à plus d’un million d’agriculteurs à travers le continent.
Parmi ces innovations, la culture de l’herbe Juncao et du riz hybride a été particulièrement bénéfique, couvrant des millions de producteurs. Aujourd’hui, la technologie Juncao est utilisée dans plus de 40 pays africains, tandis que le riz hybride chinois est cultivé dans plus de 20 pays, permettant d’accroître les rendements moyens de 2 tonnes à 7,5 tonnes par hectare.
Song Wei, professeure à l’École des relations internationales et de la diplomatie de l’Université des langues étrangères de Beijing, a déclaré à CHINAFRIQUE que la coopération agricole sino-africaine reflète une complémentarité élevée entre les deux parties. Elle contribue non seulement à augmenter les exportations agricoles de l’Afrique, mais également à renforcer sa sécurité alimentaire.
Une exposante arrange des sculptures sur bois au pavillon de la Tanzanie lors de la septième CIIE à Shanghai, dans l’est de la Chine, le 7 novembre. (XINHUA)
Soutien politique renforcé
Depuis longtemps, la Chine a accordé une grande importance aux importations de produits agricoles de haute qualité en provenance d’Afrique. Elle a mis en place diverses initiatives pour soutenir cette dynamique. Ces dernières années, des plateformes comme l’Exposition économique et commerciale sino-africaine, la CIIE et le Festival d’achat en ligne de produits africains de qualité ont multiplié les opportunités pour les produits agricoles africains d’accéder au marché chinois.
Lors de la huitième Conférence ministérielle du FCSA au Sénégal en 2021, la Chine a annoncé l’ouverture de « corridors verts » pour accélérer les exportations agricoles africaines. En août dernier, elle a signé 22 protocoles avec 14 pays africains, permettant à leurs produits agricoles d’accéder plus facilement au marché chinois.
Ces efforts ont porté leurs fruits. Au cours des sept premiers mois de 2024, les importations chinoises de produits agricoles africains ont atteint 25,35 milliards de yuans (3,51 milliards de dollars), soit une hausse de 7,2 %, bien au-delà de la croissance globale des importations agricoles chinoises. Les produits comme le sésame, le tabac blond et les noix de macadamia ont connu des hausses spectaculaires, respectivement de 38,8 %, 32,7 % et 106,2 %, représentant plus de 40 % du volume d’importation de produits similaires en Chine.
Lors du Sommet 2024 du FCSA, la Chine a annoncé un traitement tarifaire nul sur 100 % de ses importations en provenance des pays les moins avancés ayant des relations diplomatiques avec elle, dont 33 pays africains. Des accords ont été signés pour l’importation de divers produits agricoles africains, tels que des avocats frais du Zimbabwe, du soja de Zambie, des pois d’Angole, des noix de macadamia, des noix de cajou du Mozambique, de la viande de mouton et de chèvre de Namibie, et du miel du Rwanda.
De ce fait, de plus en plus de produits agricoles africains trouvent leur place sur les étagères des magasins chinois, témoignant du potentiel de cette coopération sino-africaine pour favoriser un développement économique mutuellement bénéfique.
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