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  2025-03-03
 

Le retour de l'aigle

VOL. 17 / MARS 2025 par ZHANG CHUN  ·   2025-03-03
Mots-clés: Donald Trump

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche sème le trouble pour l’Afrique. 

Le Président américain Donald Trump présente un décret signé le 20 janvier à Washington. (XINHUA) 

  

Dès le début de son second mandat à la Maison Blanche, le Président américain Donald Trump affiche un style de gouvernance résolument affirmé, lançant une offensive tous azimuts. Sur le plan intérieur, il milite en faveur de réformes gouvernementales radicales. À l’international, il réitère sa volonté de désengagement des grandes organisations mondiales tout en menant une politique étrangère agressive, redéfinissant ainsi le rôle et l’influence des États-Unis à l’échelle mondiale. 

 

Mais que signifie ce retour pour l’Afrique ? Si l’un de ses objectifs majeurs reste la consolidation de l’hégémonie américaine, le continent pourrait bien être l’une des principales victimes de cette orientation politique. Fidèle au principe de « l’Amérique d’abord », la nouvelle administration Trump devrait accorder peu d’attention à l’Afrique, inscrivant ses actions dans le cadre de ses deux priorités majeures : la réforme intérieure et la rivalité stratégique avec la Chine. 

  

Des priorités redéfinies 


Bien que dépourvu d’expérience politique avant son accession au pouvoir, le Président Trump avait introduit plusieurs « innovations » dans la politique africaine des États-Unis lors de son premier mandat. 

 

Dans le domaine économique et commercial, il avait tenté de remodeler les relations entre les États-Unis et l’Afrique en alignant la coopération sur sa doctrine « l’Amérique d’abord ». Il avait ainsi proposé d’importantes coupes budgétaires dans l’aide au développement, bien que celles-ci aient été bloquées par le Congrès. Cherchant de nouveaux cadres de partenariat, son administration avait initié des négociations avec le Kenya en vue d’un accord de partenariat stratégique de commerce et d’investissement (STIP), conçu comme une alternative à la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA). Toutefois, ces négociations n’avaient pas abouti avant la fin de son mandat. 

 

Sur le plan sécuritaire, l’administration Trump avait mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme en Afrique. Elle avait instauré les Brigades d’assistance aux forces de sécurité et lancé une stratégie américaine de prévention des conflits et de stabilisation. Cependant, dans un souci de réduction des engagements internationaux, elle avait aussi diminué son aide sécuritaire et amorcé le retrait des troupes américaines de Somalie en fin de mandat. 

 

Concernant les ressources stratégiques, M. Trump avait renforcé la politique américaine sur les minéraux critiques, signant trois décrets et mettant en place en 2019 l’Initiative de gouvernance des ressources énergétiques (EGRI). Cette initiative visait à accroître le contrôle sur les pays riches en minéraux essentiels, dont plusieurs sont africains. 

  

Commerce et ressources 


Si l’on se fie à ces tendances, la politique africaine de Trump 2.0 devrait se structurer autour du commerce et de la sécurité, avec une diminution drastique de l’aide au développement et un contrôle accru des ressources minérales stratégiques. 

 

Sur le plan commercial, l’administration Trump pourrait revoir son approche en Afrique, mettant davantage l’accent sur les bénéfices économiques. L’AGOA, dont la contribution à l’économie américaine est jugée marginale, pourrait être laissée à son expiration prévue en septembre. En contrepartie, les États-Unis pourraient renforcer leur partenariat avec le Kenya, relancer les négociations STIP et en faire un modèle pour d’éventuels accords avec d’autres pays africains. 

 

La réduction de l’aide au développement devrait être un axe clé du second mandat, impactant particulièrement trois secteurs : la santé publique, la gouvernance climatique et la sécurité alimentaire. 

 

Sur le plan des ressources, M. Trump pourrait relancer ou moderniser l’EGRI, ciblant les minéraux critiques où la Chine domine le raffinage et pour lesquels l’Afrique dispose d’abondantes réserves : cobalt, lithium, cuivre, nickel et antimoine. Les États-Unis pourraient ainsi renforcer leur présence dans des pays riches en ressources. 

 

Malgré sa priorité à la lutte antiterroriste, l’administration Trump devra faire face à des défis sécuritaires complexes en Afrique. Parmi eux : le dilemme somalien entre lutte contre le terrorisme et reconnaissance du Somaliland, l’influence des Émirats arabes unis au Soudan, les tensions RDC-Rwanda, la renégociation du statut des troupes américaines au Tchad et les répercussions de leur retrait du Niger sur l’Afrique de l’Ouest.  

 

Face à ces défis, l’administration Trump pourrait privilégier une approche plus pragmatique, misant sur des interventions indirectes. 

  

Implications pour la Chine 


L’administration Trump devrait poursuivre sa stratégie visant à limiter l’influence de la Chine en Afrique, combinant pressions politiques, économiques et géostratégiques. 

 

Sur le plan diplomatique, les États-Unis continueront à inciter les pays africains à « choisir leur camp ». L’Afrique du Sud, en raison de ses relations avec la Russie, la Chine et l’Iran, pourrait être particulièrement ciblée. L’administration Trump a déjà suspendu une partie de son aide à l’Afrique du Sud et envisagé de boycotter la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qu’elle accueille, cherchant ainsi à infléchir sa politique étrangère. 

 

Économiquement, la rivalité sino-américaine devrait s’intensifier, notamment autour des minéraux stratégiques. Par ailleurs, les États-Unis pourraient promouvoir un programme de « santé numérique » visant à contrer l’influence chinoise dans les secteurs des technologies de l’information et de la communication. 

 

D’un point de vue géopolitique, les États-Unis pourraient exploiter certaines tensions régionales pour contenir la Chine. Le Somaliland constitue un levier potentiel : bien que les États-Unis insistent sur la lutte antiterroriste en Somalie, M. Trump a montré des signes d’intérêt pour une reconnaissance du Somaliland. Une telle décision pourrait reconfigurer le paysage stratégique de la Corne de l’Afrique et compliquer davantage la présence chinoise dans la région. 

 

L’auteure est chercheuse au comité académique du Centre d’études africaines de l’Université du Yunnan. 

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