Chiba Chengo, technicien en automatisation du département minier (debout), et Musama Humphrey, régulateur de la salle de contrôle du département minier (assis), échangent sur la répartition de la production en cours via le système MES mobile. (PHOTOS : NFCA)

Dans le centre de contrôle numérique du gisement sud-est de la mine de cuivre de Chambishi, en Zambie, un immense écran affiche en temps réel l’état des différentes activités minières : extraction, creusement, fonctionnement des engins et transport. Dans les galeries souterraines, le bruit des machines résonne encore, mais cette « mine numérique » repose bien davantage sur un système informatisé intégré que sur la main-d’œuvre traditionnelle. « Même sans descendre sous terre, nous pouvons observer et comprendre en détail les activités souterraines », explique Dean Mwelwa, cadre chez NFC Africa Mining (NFCA), en pointant l’écran de contrôle.

Fruit d’un investissement conjoint entre China Nonferrous Metal Mining et Zambia Consolidated Copper Mines Investment Holdings, la NFCA a été chargée de redévelopper la mine de cuivre de Chambishi, restée fermée plus d’une décennie. En juillet 2003, après 13 ans d’inactivité, la mine a rouvert, devenant la première exploitation de métaux non ferreux à l’étranger opérée par une entreprise chinoise. Après la remise en service du gisement principal, les gisements ouest et sud-est ont été progressivement développés.

En août 2018, la mise en service du gisement sud-est a marqué le lancement du tout premier projet de « mine numérique » en Afrique. Cette numérisation a permis une mécanisation poussée et une automatisation accrue, améliorant la sécurité et modernisant en profondeur l’industrie minière zambienne.

Un projet pionnier

Dès 2016, la digitalisation a été amorcée pour faire face à des conditions géologiques complexes, notamment une forte présence d’eau souterraine, a expliqué Zhang Jinzhong, ancien responsable du centre de contrôle du gisement sud-est de la NFCA. Auparavant, la mine fonctionnait selon un modèle traditionnel, avec une gestion dispersée et une efficacité limitée. Pour moderniser ses opérations, la NFCA a mené des études de terrain dans des mines de pointe en Suède, en Finlande et en Afrique du Sud. Après une analyse approfondie, elle a choisi d’intégrer les technologies de l’information et de l’automatisation à son système de production et de gestion.

La société a ainsi modernisé numériquement les gisements principal et ouest à l’aide de la plateforme MES (Manufacturing Execution System) et d’applications mobiles, créant un environnement de production réactif, transparent et précis. Forte de cette expérience, elle a ensuite déployé au gisement sud-est des outils matériels et logiciels tels que l’Internet industriel, le big data, les services cloud et la modélisation 3D. Cette intégration poussée entre équipements intelligents, technologies numériques et méthodes d’extraction avancées a permis la construction d’une nouvelle génération de « mine numérique ».

En quelques années, les résultats sont spectaculaires. Dans le gisement ouest, la capacité de production annuelle a dépassé de 40 % les prévisions initiales, l’efficacité d’extraction est passée de 2,68 à 7,58 tonnes par jour et par travailleur, soit une progression de 2,83 fois.

Le gisement sud-est utilise les équipements d’automatisation parmi les plus avancés au monde, et une seule machine peut atteindre un rendement exceptionnel de 36 640 tonnes par mois. Le traitement du minerai maintient une capacité quotidienne stable de plus de 10 000 tonnes.

Selon M. Zhang, cette mine numérique répond également à un enjeu majeur du secteur : la sécurité. « Auparavant, les relevés de température et de ventilation étaient effectués manuellement. Aujourd’hui, ces données sont surveillées en temps réel, permettant une réaction rapide aux anomalies », a-t-il précisé.

Le 28 juin 2024, Hapenga Kabeta, secrétaire permanent au ministère des Mines et du Développement minier de Zambie, a salué les avancées de la NFCA : « Les technologies appliquées ici ne sont pas seulement initiales en Zambie, mais elles sont également à la pointe du progrès en Afrique. En plaçant la sécurité au premier plan et en contrôlant les opérations minières en temps réel, la NFCA a prouvé qu’il est possible d’exploiter une mine de renom dans le pays ! »

La NFCA s’engage aussi pour le développement local en soutenant les fournisseurs zambiens. En 2021, sur 313 fournisseurs qualifiés, 298 étaient locaux, représentant 82,1 % des achats. La production locale de matériaux essentiels a été encouragée, renforçant ainsi les capacités industrielles du pays. L’entreprise a également joué un rôle moteur dans la promotion de machines minières de grande taille, automatisées et intelligentes, ainsi que de systèmes avancés d’extraction et de traitement, permettant à l’industrie minière zambienne d’atteindre des standards internationaux.

Vue partielle de NFC Africa Mining à Kitwe, dans la province du Copperbelt, en Zambie, le 3 juin 2024.

Formation des talents

Dès le début, la NFCA a formé une équipe d’instructeurs composée de personnel chinois et zambien, utilisant un modèle de formation combinant « théorie, simulation et pratique » pour transmettre les compétences opérationnelles aux employés et former une main-d’œuvre zambienne hautement qualifiée. En 2016, Sitali, employé zambien, a été envoyé, avec 23 collègues chinois et zambiens, en Finlande pour une formation sur les équipements intelligents. Depuis, il est devenu formateur en équipements sans rail.

Un centre de formation professionnelle a ouvert ses portes en 2018, proposant des formations en matière de sécurité et de compétences techniques. En collaboration avec l’Autorité de sécurité minière de Zambie, il offre également des formations ouvertes, contribuant à rehausser le niveau de l’ensemble du secteur. Rien qu’en 2023, plus de 14 000 personnes y ont été formées.

Les travailleurs locaux sont les grands bénéficiaires de cette transformation. Chiba Chengo, technicien en automatisation du département minier du gisement sud-est, a rejoint la NFCA en septembre 2020. Il a étudié les technologies de mine numérique et les compétences de gestion, se concentrant sur l’utilisation des systèmes MES et des systèmes d’extraction automatisée. Avec son équipe, il a continuellement optimisé les processus de production, devenant un acteur clé de la transformation numérique de la mine en Zambie.

La société a par ailleurs investi des millions de dollars dans des équipements de formation de pointe, comme des simulateurs d’engins sans rail ou des dispositifs de formation à la sécurité en réalité virtuelle (RV), une première en Zambie. Selon M. Zhang, grâce à la RV, les travailleurs peuvent « expérimenter » les conséquences des comportements dangereux, ce qui renforce la sensibilisation à la sécurité et encourage des pratiques opérationnelles sûres.

« Nous avons découvert des innovations et des technologies avancées, notamment des méthodes de formation par simulation, l’utilisation de la RV, et l’automatisation des opérations minières. Nous sommes extrêmement fiers de cet investissement ! », a déclaré Jito Kayumba, envoyé spécial du Président zambien en visite de la NFCA le 25 juin 2024.

Lors du lancement du gisement sud-est, l’ancien ambassadeur de Chine en Zambie, Li Jie, a salué la contribution de la NFCA au développement économique et social du pays. Il a souligné que cette mine constitue un modèle d’automatisation et de formation, ayant permis l’émergence d’un vivier local de travailleurs hautement qualifiés.

La mine numérique de Chambishi représente une véritable révolution technologique pour l’industrie minière zambienne. Grâce à l’expertise et aux investissements de la NFCA, le pays a modernisé ses infrastructures, renforcé la sécurité des travailleurs et formé une nouvelle génération de professionnels. Ce projet pionnier ouvre la voie à une exploitation minière plus durable, efficace et compétitive, tout en consolidant les liens économiques et humains entre la

Chine et la Zambie.