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  2025-05-09
 

Sous les orages du protectionnisme

VOL. 17 / MAI 2025 par CHARLES ONUNAIJU  ·   2025-05-09
Mots-clés: guerres commerciales américaines

Les guerres commerciales américaines présentent à la fois des opportunités et des défis pour la Chine et l’Afrique. 

Échange entre une exposante et une visiteuse lors de la troisième Exposition économique et commerciale sino-africaine à Changsha, dans la province du Hunan, le 29 juin 2023. (XINHUA) 

  

Les frontières régulièrement franchies par les flux de biens et de services sont rarement assiégées par des armées ou des factions armées. Ce constat rappelle que les bienfaits du commerce dépassent largement les seules perspectives de développement économique, de croissance ou de prospérité matérielle : ils englobent aussi la paix et la compréhension mutuelle nées du dialogue interculturel. À mesure que se multiplient les zones régionales de libre-échange à travers le monde, il ne fait aucun doute que le commerce contribue de manière essentielle à la croissance des nations, faisant de sa promotion un pilier incontournable de la diplomatie contemporaine. 

Les expositions internationales se sont imposées comme un rouage central du système économique mondial. Alors que le commerce devient vital à la survie économique des pays, toute tentative de le perturber nuit non seulement à leur prospérité, mais menace également leur capacité même à subsister. 

  

Un enjeu crucial pour l’Afrique 

En Afrique, l’idée selon laquelle le commerce constitue une voie essentielle vers la réduction de la pauvreté et la relance économique durable fait largement consensus. Il est néanmoins évident que la structure monolithique des économies africaines, héritée de l’époque coloniale et perpétuée par des accords commerciaux asymétriques imposés par les anciennes puissances coloniales, demeure inapte à générer les retombées nécessaires à un développement national soutenu. 

La diversification économique et la valorisation des productions locales s’imposent dès lors comme les piliers de la stratégie africaine en matière de commerce et de développement. Mais cette approche ne saurait pleinement porter ses fruits qu’au sein d’un système commercial international stable, aujourd’hui compromis par l’usage excessif et arbitraire des barrières tarifaires. 

Le Président Donald Trump a justifié ses tarifs « réciproques » en accusant d’autres pays d’exploiter injustement le marché américain, tout en éludant les défis structurels propres à chaque économie. Malgré une vive opposition, il a signé, le 2 avril, un décret imposant une hausse générale de 10 % sur les importations, avec quelques exceptions. Ces mesures sont entrées en vigueur le 5 avril, suivies, le 9, de surtaxes ciblant les pays affichant les plus forts déficits commerciaux avec les États-Unis. 

Les guerres commerciales ne sauraient corriger les dysfonctionnements structurels des économies capitalistes avancées, notamment celle des États-Unis. Le problème tient à l’organisation pyramidale de ces sociétés, où les travailleurs sont traités comme des variables d’ajustement. Comme l’a rappelé le sénateur Bernie Sanders, « ce n’est pas seulement qu’un dixième de 1 % possède plus de richesse que les 90 % les plus pauvres. Ces ultra-riches utilisent leur fortune pour consolider leur pouvoir politique ». 

Les États-Unis pourraient surmonter leurs contraintes internes et retrouver leur statut de puissance commerciale majeure, mais ils préfèrent pour l’heure recourir à des manœuvres géopolitiques, au premier rang desquelles les guerres tarifaires. Dans ce contexte, la Chine apparaît comme la cible désignée. 

  

Le rôle central de la Chine 

En tant que premier commerçant et investisseur mondial, la Chine incarne une opportunité mutuellement bénéfique pour plus de 100 pays. Premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 15 années consécutives, elle applique des droits de douane nuls à l’ensemble des importations en provenance des pays les moins avancés ayant des relations diplomatiques avec elle, dont 33 pays africains, offrant ainsi à ces derniers une réelle chance de sortir de la pauvreté. 

Conscient du rôle clé du commerce et de l’investissement pour la diversification économique de l’Afrique, le Sommet de Beijing 2018 du Forum sur la Coopération sino-africaine a lancé une Exposition économique et commerciale sino-africaine biennale au Hunan. La troisième édition, en 2023, a abouti à la signature de 120 accords pour un total de 10,3 milliards de dollars, offrant aux producteurs africains de nouveaux débouchés et aux consommateurs chinois des produits abordables et de qualité. 

Dans le contexte des échanges sino-africains, les guerres commerciales américaines représentent à la fois un défi et une opportunité. Le marché chinois et ses investissements restent des moteurs clés du développement africain. Le nouveau mécanisme de règlement en monnaies nationales devrait encore renforcer ces échanges. La Zone de libre-échange continentale africaine, marché intégré attractif, est essentielle à la réalisation de l’Agenda 2063. Partenaire de premier plan, la Chine jouera un rôle déterminant dans la quête de paix, de stabilité et de prospérité. Une coopération sino-africaine solide atténuera les effets des perturbations commerciales. 

Les guerres commerciales sont vouées à l’échec et n’ont pas lieu d’être. Pourtant, les dirigeants américains peinent à y renoncer. Transformer une obsession géopolitique – l’hégémonie et l’exceptionnalisme – en conflit commercial finit toujours par se retourner contre ses auteurs. La mondialisation et l’inclusion restent des forces irréversibles du progrès humain. 

Le nationalisme économique toxique n’est, au mieux, qu’un feu de paille. Le commerce peut être inégal, mais ses avantages justifient qu’on en corrige les défauts par plus d’échanges plutôt que par leur réduction. Plusieurs zones de libre-échange régionales compensent les lacunes du système, qui prévoit des règles pour résoudre les différends. Malgré ses faiblesses, l’Organisation mondiale du commerce reste le cadre essentiel pour établir un consensus sur les règles fondamentales. 

Les États-Unis disposent encore d’une grande marge de manœuvre pour apaiser leurs frustrations commerciales sans confrontation. Pendant la pandémie de COVID-19, leur refus initial – sous l’administration Trump – de coopérer à l’échelle internationale a entraîné un lourd tribut humain. En se détournant du commerce mondial, voire en le sabotant, l’administration actuelle ne pourra ignorer les conséquences. 

L’auteur est directeur du Centre d’études chinoises à Abuja, au Nigeria. 

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