2025-05-09 |
Un destin partagé |
par WANG HENG, XU MENGYAO et ZHONG YINING · 2025-05-09 |
Mots-clés: Sud global |
La coopération sino-africaine face aux défis du développement et de la gouvernance mondiale.
Des ouvriers démontent des pièces de locomotive dans l’atelier de maintenance de la ligne Mombasa-Nairobi, à Nairobi, au Kenya, le 23 janvier. (XINHUA)
Depuis la conférence historique de Bandung en 1955, la Chine et les pays africains ont emprunté une voie commune, guidée par la solidarité et la coopération. Sept décennies plus tard, portés par les Cinq principes de coexistence pacifique et l’esprit de Bandung – « solidarité, amitié et coopération » –, ils ont su explorer des trajectoires de développement autonomes et faire front commun face aux grands défis de notre temps. La modernisation à la chinoise, fondée sur les spécificités nationales, offre ainsi une voie alternative pour les pays du Sud global, dont les nations africaines tirent à la fois une inspiration féconde et des bénéfices concrets.
Partenaires essentiels du Sud global, la Chine et les pays africains construisent leur coopération sur l’égalité, la confiance réciproque et le principe « gagnant-gagnant ». Ensemble, ils remettent en question les récits dominants façonnés par l’Occident et ouvrent une voie de modernisation fidèle aux aspirations et aux réalités du monde en développement. La coopération sino-africaine est aujourd’hui reconnue comme un modèle de collaboration Sud-Sud, apportant des réponses concrètes aux défis du développement tout en jetant les bases d’un renouveau autonome pour le Sud global.
Des monuments au développement
Dans leur quête de modernisation, la Chine et l’Afrique offrent des biens publics mondiaux et définissent de nouvelles normes pour le développement international. Les Cinq principes de coexistence pacifique, établis par la Chine et porteurs de la sagesse des pays du Sud global, forment désormais un pilier du droit international. Le concept de « communauté de destin pour l’humanité », proposé par la Chine et inscrit dans les documents des Nations unies, a été pratiquement incarné dans le cadre de la coopération sino-africaine.
Le Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam, élaboré par des universitaires chinois et africains dans le cadre du Forum Chine-Afrique des Think Tanks, a été intégré à la Déclaration et au Plan d’action de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), symbolisant la volonté commune de relever les défis planétaires.
La modernisation est un droit et une ambition pour la Chine et l’Afrique. Durant la dernière décennie, les entreprises chinoises ont construit ou rénové plus de 10 000 km de voies ferrées, près de 100 000 km de routes, environ 1 000 ponts et près de 100 ports sur le continent. Elles ont également déployé des réseaux électriques et des systèmes de communication au service de plus de 900 millions de personnes, favorisant le développement local.
Enfin, la Chine continue d’ouvrir son vaste marché aux produits et investissements africains, tandis que les pays africains renforcent leur intégration régionale, notamment via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Ces efforts de connectivité posent les bases d’une prospérité partagée et d’une croissance inclusive.
Des plateformes globales
En novembre prochain, le Sommet des dirigeants du G20 se tiendra pour la première fois en Afrique. À cette occasion, la coopération au sein du G20 devra soutenir le développement du continent, en faveur d’une prospérité partagée et des aspirations du Sud global. En février, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères, la Chine a appelé à tirer parti de la présidence sud-africaine pour renforcer la coopération dans des domaines clés comme l’industrialisation, les infrastructures et l’exploitation minière verte, afin d’accélérer la modernisation du continent.
La Chine et l’Afrique s’engagent aussi dans la réforme de la gouvernance mondiale. En faisant évoluer les règles et institutions internationales, elles défendent un ordre plus juste et inclusif, mieux représentatif des voix et intérêts du Sud global, pour un avenir fondé sur la paix, la prospérité et le développement partagé.
Depuis la création du FCSA, les relations sino-africaines se sont constamment renforcées. En 2024, lors du Sommet du FCSA à Beijing, le Président Xi Jinping a annoncé leur élévation au rang de « communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de tout temps à l’ère nouvelle ». Comme il l’a souligné, « au cours des près de 70 ans de développement des relations sino-africaines, les deux parties ont toujours su suivre la tendance générale de l’histoire et prendre le pouls de notre temps pour explorer des convergences d’intérêts et des pôles de croissance de la coopération ».
Un nouveau chapitre
À l’avenir, la coopération sino-africaine devra consolider ses domaines clés – commerce, industrie, infrastructures, gouvernance, développement – tout en intensifiant les échanges humains. Ensemble, la Chine et l’Afrique peuvent viser une croissance de qualité et concrétiser leur vision commune de la modernisation. Pour ce faire, elles gagneraient à utiliser les plateformes existantes afin de partager leurs expériences et renforcer la voix collective du Sud sur la scène internationale.
Les infrastructures resteront au cœur de cette coopération. La Chine soutiendra les efforts africains pour développer réseaux de transport, communication, logistique et parcs industriels, améliorant la connectivité par route, rail, voie navigable, aéroport et port.
À l’ère numérique, les deux partenaires devront accélérer le développement des infrastructures de l’information et renforcer leur coopération dans des domaines avancés comme l’Internet des objets, l’Internet industriel et la 5G.
La Chine appuie aussi le développement de la ZLECAf, favorisant la libre circulation des biens, capitaux et talents sur le continent. Le rapprochement entre entreprises et instituts de recherche chinois et africains stimulera l’innovation et la modernisation industrielle, préparant les deux régions aux prochaines révolutions technologiques.
Enfin, les échanges humains sont essentiels à la compréhension mutuelle. La Chine continuera d’inviter les jeunes Africains à découvrir son modèle de modernisation. Davantage d’échanges entre groupes de réflexion, médias et organisations de femmes contribueront à renforcer les liens entre les peuples chinois et africains.
WANG HENG est directrice adjointe de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang.
XU MENGYAO et ZHONG YINING sont assistantes de recherche à l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang.
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