Un navire accoste au port en eau profonde de Kribi, au Cameroun, à l’occasion de la cérémonie de mise en service de la deuxième phase du port, le 9 mai. (XINHUA)

Alors que l’Afrique célèbre une décennie depuis l’adoption de l’Agenda 2063, ses sept aspirations audacieuses ont propulsé le continent sur la voie d’un avenir où il s’affirme comme un acteur mondial fort, uni, résilient et influent.

Réaffirmant son engagement envers les idéaux du panafricanisme et de la renaissance africaine, l’Aspiration 7 de l’Agenda 2063 souligne l’importance cruciale de l’unité et de la solidarité africaines face aux défis majeurs induits par les évolutions de la mondialisation, les bouleversements climatiques et un environnement économique et politique incertain. En raison de ces difficultés, de nombreux pays africains continuent de présenter un retard significatif en matière d’investissements, de niveau de vie, de revenu par habitant, d’infrastructures et de lutte contre la pauvreté, tandis que leurs abondantes ressources naturelles enrichissent encore principalement les économies des continents qui jadis colonisèrent l’Afrique.

Une ambition tournée vers le monde

Malgré ces défis, l’Afrique s’est engagée dès le début du XXIe siècle dans un processus d’intégration concrétisé par la création de huit communautés économiques régionales : la Communauté des États sahélo-sahariens, l’Union du Maghreb arabe, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, le Marché commun de l’Afrique orientale et australe, la Communauté d’Afrique de l’Est, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Communauté de développement de l’Afrique australe.

Stratégiquement placées sous l’égide de l’Union africaine (UA), ces communautés régionales constituent une plateforme privilégiée pour mettre en œuvre les aspirations de l’Agenda 2063, renforçant ainsi la position de l’Afrique sur la scène internationale. Ces structures régionales ont permis à l’UA et à ses États membres de gagner en influence dans les grandes institutions multilatérales telles que les Nations unies, l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, le G20, les BRICS et l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que dans ses partenariats avec des puissances mondiales, notamment la Chine. À titre d’exemple, aux Nations unies, l’Afrique occupe désormais trois sièges non permanents au Conseil de sécurité, jouant un rôle crucial dans la promotion de la paix et de la sécurité mondiales.

En 2023, l’UA a franchi un jalon historique en devenant membre permanent du G20, faisant entendre la voix de l’Afrique dans les grandes questions économiques et de développement mondiales. Cette intégration lui permet désormais de participer activement à l’élaboration des politiques mondiales plutôt que de rester en marge des prises de décisions. L’accès aux économies du G20 ouvre également des opportunités nouvelles pour la Zone de libre-échange continentale africaine, facilitant l’établissement de partenariats stratégiques et le développement d’un marché immense qui comptera 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050.

Des ouvriers s’affairent sur une chaîne de production dans la Zone de coopération économique Jiangxi- Zambie, à Chibombo, en Zambie, le 26 mars. (XINHUA)

Le partenariat Chine-Afrique : un moteur du changement

La véritable transformation de l’Afrique en un acteur et partenaire mondial fort, uni et influent s’appuie largement sur son partenariat stratégique approfondi et à toute épreuve avec la Chine. Cette dynamique s’est concrétisée à travers divers mécanismes et initiatives de coopération sino-africaine, notamment le Forum sur la Coopération sino-africaine, l’initiative « la Ceinture et la Route », l’Initiative pour le développement mondial, l’Initiative pour la sécurité mondiale, l’Initiative pour la civilisation mondiale, ainsi que la Vision pour la paix et le développement dans la Corne de l’Afrique. Ensemble, ces cadres d’action viennent puissamment compléter et soutenir les objectifs de l’Agenda 2063 – la feuille de route du continent pour un développement socio-économique inclusif et durable – ainsi que les Objectifs de développement durable des Nations unies.

La coopération sino-africaine a favorisé un développement durable de haute qualité, veillant à ce qu’aucun pays ni aucune société ne soit laissé pour compte. Elle incarne, à bien des égards, l’essence même de la construction d’une communauté de destin pour l’humanité. Cette relation s’est également transformée au fil du temps : la Chine est devenue pour l’Afrique la source de financement la plus accessible, accélérant de manière décisive la sortie du continent des séquelles laissées par des siècles de domination coloniale. Inspirée par la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère, la coopération sino-africaine s’impose aujourd’hui comme l’un des plus grands récits du XXIe siècle, unissant de manière indissociable le destin de deux civilisations.

Des réalisations concrètes

La coopération sino-africaine a permis la construction de plus de 100 000 km de routes, 10 000 km de chemins de fer, 1 000 ponts et près de 100 ports, plaçant l’Afrique au cœur de la dynamique du développement mondial. Ces infrastructures accélèrent l’intégration régionale et positionnent le continent comme un partenaire stratégique influent.

Par exemple, la ligne ferroviaire Addis-Abeba-Djibouti relie désormais l’Éthiopie enclavée aux routes maritimes du Golfe d’Aden et de la mer Rouge. De même, le chemin de fer à écartement standard au Kenya, intégré au plan directeur ferroviaire de l’Afrique de l’Est, connectera à terme huit pays d’Afrique orientale, facilitant ainsi une circulation rapide et économique des biens et des personnes, tout en consolidant l’unité panafricaine.

Par ailleurs, les milliards de dollars apportés par la Chine sous forme de prêts concessionnels et de crédits acheteurs préférentiels ont suscité un nouvel intérêt mondial pour l’Afrique, souvent qualifié de « nouvelle ruée vers l’Afrique ». Ce financement chinois contribue à rectifier les inégalités historiques héritées de la colonisation et oriente l’Afrique vers une trajectoire de développement durable.

Enfin, la Chine a œuvré pour réduire les déséquilibres commerciaux en encourageant le continent à diversifier ses exportations vers les biens industriels, stimulant ainsi l’industrialisation africaine, le progrès manufacturier et la création d’emplois locaux.

Alors que l’Afrique entame son deuxième Plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063, la Chine demeure son partenaire le plus fiable, soutenant avec constance la transformation du continent en un acteur mondial fort, uni, résilient et influent, malgré un contexte mondial complexe marqué par le repli sur soi, le protectionnisme et des conflits persistants. 

DENNIS MUNENE, directeur exécutif du Centre Chine-Afrique à l’Institut de politique africaine, au Kenya