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  2025-06-03
 

À l'épreuve du temps

VOL. 17 / JUIN 2025  ·   2025-06-03
Mots-clés: La Chine et le Mozambique ; 50 ans d’amitié

Maria Gustava, ambassadrice du Mozambique en Chine. (COURTOISIE)

Cette année marque le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Mozambique. À l’occasion de ce jalon historique, CHINAFRIQUE s’est entretenu avec Maria Gustava, ambassadrice du Mozambique en Chine, afin d’évoquer l’état actuel des relations bilatérales, la dynamique de la coopération sino-africaine, ainsi que les bouleversements majeurs qui redessinent aujourd’hui le paysage géopolitique mondial. Voici un extrait édité de cet entretien.

CHINAFRIQUE : Selon vous, quels sont les jalons essentiels qui ont marqué l’évolution des relations bilatérales sino-mozambicaines au cours des cinq dernières décennies ?

Maria Gustava : Le Mozambique et la Chine entretiennent une relation singulière, ancienne, fondée sur l’amitié, la solidarité et la coopération, née pendant la lutte pour l’indépendance de notre pays dans les années 1960. Depuis, nos deux nations n’ont cessé de consolider, approfondir et élargir leurs excellents liens bilatéraux, bâtissant une alliance solide fondée sur le respect mutuel et des objectifs de développement communs.

Un jalon marquant fut l’établissement des relations diplomatiques en 1975, le jour même de notre indépendance, un acte hautement symbolique qui inaugura une coopération postcoloniale active.

À partir des années 2000, la coopération économique s’est intensifiée, notamment grâce au soutien de la Chine à des projets d’infrastructure majeurs comme le pont Maputo-Katembe ou les grands axes routiers menés dans le cadre du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA).

En 2016, nos liens ont été élevés au rang de « partenariat de coopération stratégique global », ce qui ouvre la voie à une collaboration renforcée dans les domaines du commerce, de l’agriculture et de l’énergie. Dans les années 2020, cette relation a évolué vers la construction d’une « communauté de destin pour la nouvelle ère ». Des initiatives chinoises telles que l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) ont donné un nouvel élan à cette dynamique, en particulier dans les investissements directs, le commerce et l’exploitation du gaz naturel, en phase avec les ambitions d’industrialisation du Mozambique.

Ces étapes marquent le passage d’une solidarité politique à une coopération économique et sociale approfondie.

Des experts chinois et mozambicain inspectent la ferme rizicole de Wanbao, dans la province de Gaza, au Mozambique, le 28 novembre 2019. (XINHUA)

Ces dernières années, le Mozambique a connu des progrès notables dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la protection de l’environnement. Quels sont, selon vous, les développements les plus structurants pour le pays, et comment redéfinissent-ils sa vision à long terme ainsi que ses partenariats internationaux, en particulier avec la Chine ?

Le Mozambique bénéficie d’un positionnement stratégique sur l’océan Indien, avec un littoral de 2 700 km, et de ressources abondantes dans l’énergie, le tourisme, l’agriculture et les mines. Véritable porte d’entrée pour les pays enclavés de la région, il facilite les échanges et les services. Dans cette optique, des politiques ont été mises en place pour valoriser ces atouts, promouvoir un développement durable et renforcer l’intégration régionale.

Des projets majeurs sont en cours, notamment dans le gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que dans la modernisation des réseaux ferroviaires et portuaires. Parallèlement, des efforts de gestion durable des forêts sont engagés. Ces dynamiques transforment l’économie mozambicaine et redéfinissent ses partenariats internationaux.

La Chine joue un rôle clé dans cette évolution. Ses investissements dans les infrastructures GNL soutiennent une croissance durable, tandis que des projets comme le corridor de Nacala renforcent la connectivité régionale. La coopération s’étend également aux énergies renouvelables et à la résilience climatique, témoignant d’un engagement commun pour un développement vert.

Ces avancées font du Mozambique un pôle régional émergent et illustrent le potentiel de la coopération sino-africaine pour un progrès inclusif et mutuellement bénéfique.

La quatrième Exposition économique et commerciale sino-africaine se tiendra en juin à Changsha, dans la province du Hunan. Qu’attendez-vous de cet événement et quel rôle jouent, selon vous, de telles plateformes dans le renforcement de la coopération sino-africaine ?

Cette exposition constitue une plateforme clé pour dynamiser les échanges commerciaux entre l’Afrique et la Chine. Elle valorise les produits africains, notamment agricoles et miniers, et facilite leur accès au marché chinois grâce aux politiques d’exemption tarifaire. C’est aussi une opportunité de se connecter à d’autres marchés africains.

Au-delà du commerce, l’événement encourage l’investissement dans des secteurs stratégiques tels que l’industrie manufacturière, l’économie numérique et l’énergie verte, essentiels à l’industrialisation de l’Afrique. Il renforce également les liens humains et les relations d’affaires, consolidant la connectivité entre les deux parties. Ce type de rendez-vous favorise le dialogue et la coopération dans des domaines comme les chaînes d’approvisionnement, le transfert de technologies et le développement des PME. Il incarne l’esprit pragmatique de la coopération sino-africaine dans le cadre du FCSA et de l’ICR.

Vue du pont Maputo-Katembe, construit par la Chine, à Maputo, au Mozambique, le 30 août 2023. (XINHUA)

Le prochain Sommet du G20 se tiendra pour la première fois en Afrique. Quelle est sa portée symbolique pour le continent sur la scène internationale, et comment pourrait-il contribuer à relever des défis majeurs tels que les conflits régionaux, la sécurité alimentaire ou le changement climatique ?


Ce premier Sommet du G20 en Afrique marque une reconnaissance du rôle croissant du continent dans les affaires mondiales. Il offrira à l’Afrique une tribune pour défendre ses priorités : réforme de la gouvernance mondiale, financement climatique, allégement de la dette. Il renforcera le plaidoyer du Sud global pour un ordre international plus équitable.

Ce sommet est aussi l’occasion de mobiliser un soutien face aux défis africains urgents : résolution des conflits, promotion de la paix, sécurité alimentaire, et adaptation au changement climatique grâce à un soutien accru aux énergies renouvelables.

Enfin, il constituera un levier pour approfondir la coopération Sud-Sud, avec la Chine jouant un rôle de passerelle entre l’Afrique et le Nord global.

Avec le retour du Président américain Donald Trump à la Maison Blanche, les États-Unis ont réduit leur engagement envers l’Afrique. Quelles pourraient être les conséquences de ce changement ? Et comment les pays africains peuvent-ils s’y préparer ?
Le désengagement américain crée des incertitudes pour l’Afrique, notamment à travers la remise en cause de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, la hausse des droits de douane et la baisse de l’aide sociale, avec des conséquences possibles sur la lutte contre la pauvreté, l’emploi ou la santé. Le retrait sécuritaire pourrait aussi fragiliser les efforts contre les conflits et le terrorisme.

Ce contexte incite néanmoins les pays africains à diversifier leurs partenariats, notamment avec le Sud global, à renforcer l’intégration régionale via la Zone de libre-échange continentale africaine, et à miser sur les investissements chinois dans les infrastructures. En s’ouvrant aux économies émergentes, l’Afrique peut adopter une stratégie proactive et peser davantage dans les instances multilatérales.

Alors que le protectionnisme gagne du terrain en Occident, la Chine continue de promouvoir l’ouverture. Quelles implications cela peut-il avoir à l’échelle mondiale, notamment pour l’Afrique ? Quel rôle peut jouer la relation sino-africaine dans la construction d’une coopération mondiale plus inclusive ?

Dans un contexte de repli des États-Unis et d’autres pays occidentaux, la Chine, en maintenant son ouverture, offre à l’Afrique un accès stratégique à un vaste marché. Sa demande croissante de produits africains, agricoles ou miniers, permet de diversifier les exportations du continent. Les investissements chinois dans les infrastructures répondent également à un besoin crucial de connectivité, sans conditionnalités politiques.

La coopération sino-africaine incarne ainsi un modèle alternatif, fondé sur le respect mutuel et les avantages partagés. Dans ce cadre, le FCSA peut jouer un rôle renforcé pour promouvoir une coopération équitable, alignée sur les priorités africaines en matière d’accès aux marchés, de développement socio-économique.

En encourageant une mondialisation plus inclusive, ces relations peuvent contribuer à dépasser les dynamiques de fragmentation et à construire une prospérité partagée.

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